[Film] The White Storm 3, de Herman Yau (2023)

Après une fusillade meurtrière avec la police, Kang un puissant trafiquant de drogue, parvient à s’échapper de Hong Kong avec une poignée d’hommes, dont Billy un flic infiltré gravement blessé. Exilé en Thaïlande, il se rend dans le Triangle d’or avec son gang où il parvient à être embauché comme transporteur pour le compte du général qui dirige la production d’opium.

Avis de Nasserjones :
Troisième volet de la saga The White Storm qui, comme d’autres sagas avant elle, telle que Tiger Cage ou In the Line of Duty, nous présente des épisodes qui n’ont rien à voir les uns avec les autres, si ce n’est le concept et une partie du casting. Ici le concept ce sont des films d’action bourrins qui, à chaque fois, tournent autour de la lutte contre la drogue et l’acteur qu’on retrouve dans chaque film c’est Louis Koo. Lau Ching-Wan était dans le premier, pas dans le second, mais revient dans ce troisième film. Après une immense carrière d’artisan où il a œuvré dans tous les genres imaginables du cinéma hongkongais, aussi bien dans la Cat3, la comédie, le film social sur la prostitution, le film de triades, le film de fantômes où encore le thriller érotique, Herman Yau s’est spécialisé ces dernières années dans le blockbuster d’action sino-hongkongais où il s’en sort plutôt bien. A défaut de proposer des films inoubliables, ses films d’action sont tous de bons divertissements, spectaculaires et rythmés où on ne s’ennuie pas. Que ce soit Shock Wave 1 et 2 ou The White Storm 2, tous les trois font le job comme on dit et remplissent leur contrat. Ce The White Storm 3 continue dans la même lancée en allant même un peu plus loin dans le spectaculaire, sans doute grâce à un budget encore plus élevé.

Alors oui les histoires de flics infiltrés à Hong Kong, on n’en peut plus. Herman Yau a d’ailleurs lui-même sublimé le genre avec son excellent On the Edge, mais c’était il y a plus de 15 ans et depuis on a tellement bouffé de polars avec des flics undercovers que l’indigestion a viré à l’ulcère chez beaucoup d’entre nous. Soyons honnêtes, au niveau scénaristique, The White Storm 3 est tout simplement misérable. Et quel mauvais choix de la part de Herman Yau de construire son film sous forme de flashbacks où il nous raconte à chaque retour en arrière comment Louis Koo et Aaron Kwok ont réussi à s’infiltrer dans le gang de Lau Ching-Wan, comme si on en avait quelque chose à foutre de comment ils ont fait pour s’infiltrer… Heureusement, Herman Yau nous évite le coup du cas de conscience du flic infiltré qui a des remords à faire tomber le criminel avec qui il a lié des liens fraternels. Ici, Aaron Kwok n’a aucun remord, il déteste la drogue et il fait son travail, c’est très bien. Par contre Yau a eu une autre mauvaise idée, celle de glisser une petite histoire d’amour bien gnangnan au milieu du film entre Aaron Kwok et une jeune paysanne du Triangle d’or. Ca aurait pu être une bonne idée et représenter un enjeu dramatique assez intéressant, encore aurait-il fallu que cette histoire d’amour soit bien racontée. Depuis le temps que Herman Yau fait du cinéma il devrait bien le savoir pourtant, il ne suffit pas de filmer une fille un peu mignonne et un beau garçon ensemble sous un beau coucher de soleil en balançant des violons derrière pour créer une belle histoire d’amour. Eh bien, apparemment, il ne le savait pas, ou, chose la plus probable, il s’en foutait complètement lui aussi. Désolé je vais spoiler un peu mais n’ayez crainte, de toutes façons ça ne changera absolument rien au plaisir que vous aurez ou pas devant le film, mais voilà cette histoire d’amour est tellement inutile et ratée que, quand à la fin du film la jeune paysanne se prend une bombe sur la gueule, et bien on ne ressent rien. Je suppose que c’est le moment où on était sensé verser une larme aux côtés de Aaron Kwok, véritable légende vivante du cinéma mondial depuis qu’il a battu le record de pleurs dans le Divergence de Benny Chan (pas près d’être égalé ce record).

Mais ne soyons pas fine bouche et surtout ne soyons pas hypocrites, en réalité on ne va pas regarder The White Storm 3 pour son scénario mais pour ses scènes d’action et sur ce tableau-là, Herman Yau s’en sort avec brio. D’entrée, Yau démarre avec un énorme gunfight opposant une quinzaine de gangsters à la police. Les voitures foncent sur le barrage et passent par-dessus les véhicules de police, ça tire dans tous les sens, on ne comprend même plus qui tire sur qui, non pas que ce soit trop cut ou illisible, juste qu’il y a tellement de monde à l’écran, avec parfois 7 ou 8 personnes sur le même plan que c’est le bordel et c’est aussi extrêmement fun. Le film va ensuite se calmer tout en maintenant un bon rythme et en nous balançant régulièrement de petits gunfights pour nous maintenir en haleine jusqu’au grand final où là, Herman Yau se lâche complètement et finit sur une énorme scène de guerre où l’armée thaïlandaise attaque le village des trafiquants. Des avions de chasse bombardent le village, il y a encore plus d’explosions que dans un Star Wars et là mon home cinéma était aux anges. Pour une fois, j’ai trouvé les CGI tout à fait correct et surtout ce massacre final avec explosions, rafales de kalachnikovs et corps qui brulent extrêmement jouissif. Même si le cinéma hongkongais des années 80/90 avec ses cascadeurs suicidaires qui risquaient leur vie sur chaque film est bel et bien mort, des films comme Detective vs Sleuths ou ce The White Storm 3 viennent nous rappeler que le cinéma d’action de Hong Kong n’a toujours pas dit son dernier mot. Et la bonne nouvelle, c’est que Herman Yau a trois autres films du même genre déjà prêts qui n’attendent que les autorisations du bureau chinois de la culture pour sortir.

Titre : The White Storm 3 / 掃毒3
Année : 2023
Durée : 2h05
Origine : Hong Kong / Chine
Genre : Dante Lam, tu peux aller te rhabiller
Réalisateur : Herman Yau
Scénario : Herman Yau

Acteurs : Aaron Kwok, Louis Koo, Lau Ching Wan, Alex Fong, Edward Chui, Gallen Lo, Tse Kwan-Ho, Chan Kwok-Pong, Timmy Hung, Lam Suet, Wilfred Lau, James Kazama