[Film] Mission Pays Basque, de Ludovic Bernard (2017)


Sibylle, jeune Parisienne aux dents longues, entend briller dans ses nouvelles fonctions professionnelles en rachetant une quincaillerie au Pays Basque afin d’y implanter un supermarché. Elle s’imagine avoir « roulé » le vieux propriétaire mais ce dernier est sous curatelle. Sibylle doit donc faire affaire avec Ramon, le neveu, pour récupérer son argent et signer au plus vite. Sinon, c’est le siège éjectable assuré. Elle va rapidement s’apercevoir que les basques n’ont pas l’intention de se laisser faire par une parisienne, si jolie soit-elle.


Avis de Cherycok :
Lorsqu’arrivent les fêtes de Noël et qu’on va passer quelques jours chez papa et maman, il faut parfois se plier à leurs soirées pépères et se poser sur le canapé à regarder un film. Jusque-là, rien d’alarmant sauf que voilà, nos parents ont parfois des goûts de chiotte. Et c’est ainsi qu’on se retrouve affalé à regarder Mission Pays Basque, comédie franchouillarde qu’on savait d’avance être une bonne grosse bouse. Car oui, j’aime mes parents, alors je suis resté avec eux devant le film, jusqu’au bout, sans broncher, souffrant en silence, soutenu moralement par ma petite femme qui n’en pâtissait pas moins. L’épreuve fut rude mais néanmoins je peux l’affirmer en toute connaissance de cause : Mission Pays Basque, et excusez-moi par avance de cette formule très fleurie, c’était bien daubé du cul.

La première chose à savoir, c’est que j’ai grandi dans le Béarn, et que les basques ont, durant plus de 20 ans, été mes voisins. Oui, un peu de géographie pour les nuls ne fait pas de mal. Et donc forcément, ça partait déjà mal pour un film que j’imaginais aller de cliché en poncif poussif sur nos amis basques. On peut affirmer sans mal que, de ce côté-là, on n’est pas déçu. Notre héros sort tout juste de prison car, bien entendu, il était en biz biz avec l’ETA. Il s’est forcément reconverti en marchand d’espadrilles parce que marchand de produits du terroir à base de piment d’Espelette devait déjà être pris. Il chante du Luis Mariano parce que, comme tout le monde le sait, un basque ne chante que des chansons écrites et interprétées par des basques. Il s’appelle Ramuntxo parce que c’est connu que tous les basques ont des prénoms basques. Les basques ne boivent que de l’Izarra et du Calimucho parce qu’ils sont fiers d’être basques et que donc ils boivent local. Ils sont tous un peu rustres et l’attraction principale qui occupe leurs soirées est le concours du cri du berger appelant ses brebis. Oui oui. Et bien entendu, le must du must en matière de cliché tenace qu’il faut expliquer à la France entière qui ne connaitrait pas ce peuple barbare du sud-ouest, le basque n’est pas français, il est basque. Bon, ce dernier point est malgré tout un peu vrai, et j’ai assez pratiqué le basque du terroir pour pouvoir l’affirmer, mais avec tous les poncifs que le réalisateur Ludovic Bernard (L’Ascension, 2016) avait déjà insufflés dans son film (car la liste est encore longue), celui-ci était-il réellement nécessaire ?

Si seulement il n’y avait qu’une accumulation de clichés… J’ai beau chercher, je ne vois pas grand-chose à sauver de ce naufrage. Le scénario est d’une banalité affligeante, il est extrêmement facile, après à peine 20 minutes de film, de deviner ce qu’il va se passer quasiment scène par scène durant l’heure qui va suivre. Nous sommes dans une énième resucée du personnage qui va se retrouver dans un univers qui lui est totalement étranger et finir par l’apprécier, avec bien entendu au milieu de tout ça l’amourette au départ improbable mais qu’on voit venir à des kilomètres. Si seulement les acteurs arrivaient à élever le film… Ce n’est même pas le cas. Le comique Florent Peyre a sans doute été lâché trop tôt dans le bain du premier rôle (ce n’est que son deuxième film) et n’arrive pas à tenir le film sur ses épaules. Daniel Prévost, entre deux publicités pour les magasins U, vient livrer ici le strict minimum car il faut bien payer ses impôts, et certains seconds rôles sont tout simplement mauvais. Seul le jeune Damien Ferdel (Le Petit Nicolas, Aux Yeux des Vivants) et la pétillante Elodie Fontan (Alibi.com, Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu) arrivent à tirer leur épingle du jeu. Mais face au désastre ambiant, ce n’était guère compliqué. Je préfère ne pas m’attarder sur les scènes nawaks sorties de nulle part (le contrôle de police, le lance-roquette) car je risquerais d’être vraiment désagréable, ni sur le happy end dégoulinant de bons sentiments goût guimauve dégoulinante où tout il est bien qui finit bien. Non, vraiment, ce n’était pas bon, ce n’était pas bon du tout. J’étais à deux doigts de m’énucléer avec la patte du chien qui dormait non loin de là et de me crever les tympans avec la peau de la mandarine que je venais de m’enfiler. Oui, c’est rude mais sur le moment, je n’avais que ça sous la main.

LES PLUS LES MOINS
♥ L’arrivée du générique de fin ⊗ La liste est trop longue
Comme on s’en doutait à la lecture même du titre du film, Mission Pays Basque est un bon gros navet. Même sur ce point-là, il est sans aucune surprise. Insignifiant.



Titre : Mission Pays Basque
Année : 2017
Durée : 1h40
Origine : France
Genre : Navet d’Espelette
Réalisateur : Ludovic Bernard
Scénario : Michel Delgado, Eric Heumann

Acteurs : Florent Peyre, Elodie Fontan, Daniel Prevost, Nicolas Bridet, Barbara Cabrita, Ludovic Berthillot, Ilona Bachelier, Damien Ferdel, Arielle Séménoff

 Mission Pays Basque (2017) on IMDb








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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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