[Film] Bons Baisers de Russie, de Terence Young (1963)

Le MI6 reçoit un message d’une secrétaire russe du consulat soviétique à Istanbul, Tatiana Romanova, leur proposant de leur apporter un décodeur top secret appelé Lektor, à condition qu’on l’aide à fuir à l’ouest. En réalité, elle a été engagée sans le savoir par Rosa Klebb, membre important du SPECTRE et ancien colonel du KGB, afin d’éliminer James Bond, qui est la cause de la chute d’un de leurs meilleurs éléments, le docteur No.


Avis de Rick :
James Bond, épisode 2. Après un Dr No qui n’a pas marché sur moi, beaucoup trop timide dans son déroulement et dans pas mal de ces scènes, et avec un kitch à toute épreuve, certes sans doute parfois volontaire mais parfois un peu lourd, j’avais très peur de me lancer dans cette première suite. Surtout que l’on retrouve le même duo de scénaristes à l’œuvre, toujours Terence Young à la réalisation, John Barry à la musique, et bien entendu, également ce qui fonctionnait dans le premier film, comme Sean Connery dans le rôle de Bond, et les quelques personnages emblématiques de la saga, avec M, Moneypenny… Et pourtant, comme quoi, Dr No était vraiment le coup d’essai timide, car j’ai adoré Bons Baisers de Russie. Un film qui semble s’assumer, qui sait où aller, qui le fait avec rythme, et nous balance régulièrement pour l’époque son lot de scènes impressionnantes ou tendues. Après la Jamaïque, James Bond est envoyé en Ukraine pour récupérer un décodeur Lektor et faire passer l’agent Russe Tatiana Romanova à l’Ouest. Simple sur le papier, simple et sans fioritures à l’écran. Tatiana est en réalité embauchée sans le savoir par l’organisation Spectre dans le but de tendre un piège à l’agent Britannique qui ne résiste jamais aux femmes. La formule James Bond est présente dans cet opus comme on la connaîtra par la suite. On retrouve donc le fameux premier plan de l’agent tirant vers la caméra comme l’original, son amour pour les femmes puisqu’il enchaînait les conquêtes dans Dr No, son charme, son flegme, M, Moneypenny, mais pas que. Bons Baisers de Russie introduit les éléments manquants du premier film.

Déjà, un générique qui a la classe, même si pas encore doté d’une chanson marquante mais ici tout simplement du thème de James Bond. Mais la machine est en marche. Autre point, la première apparition de Q, alias Desmond Llewelyn, et donc, l’un n’allant pas sans l’autre, des gadgets. Notre agent 007 se retrouve ici avec une valise à gadgets, ayant un fusil démontable, une grenade fumigène à aimant, un couteau caché dans les contours de la valise. Oui un seul gadget dans le fond, mais qui fait tout, ou presque, ça ne fait pas le café ! Mais introduire tous les éléments de la saga ne suffit pas à faire de Bons Baisers de Russie un bon opus, non. Il faut savoir doser maintenant tous ces éléments, et dérouler l’intrigue avec rigueur. Ce que le métrage parvient haut la main, heureusement. Pas étonnant de lire un peu partout que de tous ses opus, celui-ci est le préféré de Sean Connery. Car oui, le métrage est incroyablement bien dosé entre son intrigue, ses personnages, son humour discret mais toujours présent, ses scènes impressionnantes, et même quelques idées très bien trouvées. Se déroulant à Istanbul durant la première heure, Bons Baisers de Russie ne perd pas de temps, introduisant dés ses premiers instants les quelques méchants de l’intrigue, les pièges dans lesquels Bond va tomber malgré lui, le plan général pour monter les anglais contre les russes, et tout ce que le métrage réserve par la suite. On passe d’un lieu à l’autre avec fluidité, et certains défauts du premier film sont indéniablement corrigés. À commencer par la James Bond Girl, alias Daniela Bianchi ici, utile au récit, et bien qu’au développement simpliste, a un but, et sa romance avec Bond s’avère plutôt crédible. Puis elle est bien mignonne la dame, mais là est une autre histoire.

Si la première heure n’est en soit guère surprenante dans son déroulement, elle se fait incroyablement rythmée, on passe d’une fusillade dans un camp de gitans a des explications, puis des explosions et un vol de décodeur, sans jamais laisser le spectateur s’ennuyer. La mise en scène de Terence Young semble bien meilleure, comme si le monsieur était bien plus à l’aise ce coup-ci. C’est dans sa seconde heure en réalité que Bons Baisers de Russie aura su me séduire. Grâce à l’enchaînement de scènes fortes et d’idées de mise en scène. Enfermer les personnages dans un train pendant presque 20 minutes, c’était une idée énorme, refermant le lieu de l’action, et donc les actions possibles par les personnages. Bond contre son ennemi dans un petit wagon, ça fonctionne du tonnerre, même si encore une fois, les ennemis de Bond ne peuvent s’empêcher de parler longuement au lieu de passer cash à l’acte. Mais ça fonctionne. Et que dire de la suite, quand le métrage enchaîne les poursuites, dont une contenant une référence certaine à La Mort aux Trousses (scène fort sympathique d’ailleurs), ou cette poursuite en bateau explosive ? On sent, en plus de l’équipe beaucoup plus à l’aise avec le matériel a leur disposition, qu’ils se sont fait plaisir, et le budget doublé (on passe de 1 à 2 millions, ça joue au final) leur permet de se faire grandement plaisir. Un excellent divertissement du coup, moins bancal malgré des facilités, avec un charme certain, une James Bond Girl superbe, quelques gadgets et des scènes réussies. Certes un petit aspect vieillot par moment, mais qui là ne m’a personnellement absolument pas dérangé.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un film mieux pensé
♥ Sean Connery toujours parfait
♥ La Bond Girl, meilleure que dans le précédent
♥ Des scènes qui impressionnent
♥ La seconde heure qui ne s’arrête pas
⊗ Quelques simplicités dans le développement
⊗ Certes un peu vieillot parfois
note8
Bons Baisers de Russie pose les vraies bases de la saga. Scène d’action prégénérique, générique stylisé, Bond Girl, Q, gadgets, action, trahisons, tension et scènes impressionnantes sont au rendez-vous.



Titre : Bons Baisers de Russie – From Russia With Love

Année : 1963
Durée :
1h55
Origine :
Angleterre
Genre :
Espionnage
Réalisation : 
Terence Young
Scénario : 
Richard Maibaum et Johanna Harwood
Avec :
Sean Connery, Daniela Bianchi, Pedro Armendariz, Lotte Lenya, Robert Shaw, Bernard Lee, Eunice Gayson, Lois Maxwell et Desmond Llewelyn

 From Russia with Love (1963) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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