[Semaine « Exotique »] Jour 6 : Euthanizer (2017)


Veijo, véritable amoureux des animaux, vit dans une région finlandaise pauvre et périphérique. Son métier est d’euthanasier les animaux de compagnie. Comme il a avec eux un contact formidable, il préfère s’occuper personnellement de compenser la négligence des propriétaires qui s’occupent mal d’eux. Sa vie peu conventionnelle, mais méticuleusement organisée, est perturbée par sa rencontre avec Petri, garagiste et membre d’un gang néo-nazi, et Lotta, une jeune infirmière qui comprend ses psychoses. Un jour, il décide d’épargner un chien qu’il va recueillir, sans en informer son ancien propriétaire. C’est là que tout va basculer…


Avis de Cherycok :
Il faut avouer qu’à la lecture du pitch, Euthanizer ne donne pas vraiment envie. Un mec qui euthanasie des animaux, même si pour abréger leurs souffrances, ça n’a rien de vraiment guilleret ni même de très funky. C’est même tout l’inverse. Pourtant, Euthanizer vaut le coup d’œil. Il vaut même plus qu’un coup d’œil car sous ses airs de drame au sujet un peu glauque se cache un film plein d’émotion. Ou plutôt une comédie certes très très très très noire, tout dépend du point de vue. Un film à la fois drôle et dérangeant en quelques sortes. Une chose est sûre, c’est que le réalisateur Teemu Nikki signe ici un très bon film, honnête, ce genre de films qui marque les esprits grâce à un sujet original, un casting exceptionnel, et une ambiance étrange, tantôt presque poétique, tantôt très dure. Le pari n’était pas gagné d’avance, mais le réalisateur finlandais le remplit haut la main.

Teemu Nikki est loin d’en être à son premier coup d’essai. Outre une 15aine de courts métrages, quelques épisodes de séries TV, moult clips musicaux et pas moins d’une centaine de spots publicitaires, il avait déjà réalisé deux longs métrages, Simo Times Three en 2012, et Lovemilla en 2015. Avec Euthanizer, il nous conte l’histoire de Veijo, un amoureux des animaux qui, en plus de son job de réparateur à la petite semaine, euthanasie les animaux que les gens lui amènent. Les petites bêtes sont asphyxiées, les grandes abattues à l’arme à feu. Mais une chose est sûre, c’est que d’une simple analyse de leur regard, de leur comportement, il les comprend et ne supporte pas de les voir souffrir. Veijo est un homme perturbé mais c’est un homme qui a des principes. Ses principes à lui. Quitte à ce qu’ils ne correspondent pas vraiment aux normes sociales. Mais il veut apporter la justice, du moins, ce qui lui semble juste. Il n’hésite pas à prendre un ton moralisateur avec les propriétaires des bêtes qui lui sont amenées, faisant preuve d’une répartie sans faille et se fichant éperdument de leurs sentiments.
Sa vie va petit à petit basculer. Il va tout d’abord rencontrer Lotta, une jeune infirmière qui s’occupe du père de Veijo entre la vie et la mort. Une jeune demoiselle aux mœurs étranges qui va tomber en admiration, en fascination, devant les activités un peu lugubres de Veijo. Et puis il va croiser la route de Petri, un jeune néo-nazi qui a décidé d’euthanasier son chien parce qu’il est chiant, prétextant qu’il est devenu violent et a mordu ses enfants. Veijo s’apercevra du subterfuge et décidera de garder le chien, sans le consentement de Petri, car cette pauvre bête n’a pas à mourir. Mais lorsque Petri s’apercevra que son chien n’est pas mort, les soucis vont commencer pour Veijo.

En plus de tenir le poste de réalisateur, Teemu Nikki est également scénariste, monteur et coproducteur de Euthanizer. Il nous livre une mise en scène réussie, des plans superbes, une belle photographie, le tout saupoudré d’une ambiance froide très nordique. Avec Euthanizer, il fait une incursion dans le coté obscur de la nature humaine. D’un côté avec son personnage principal, incarné par un Matti Onnismaa impeccable (C’est la première fois qu’il incarne le rôle principal, et ce malgré plus de 150 films à son actif), cet homme hanté par son passé avec son père et qu’il fera payer, moralement ou physiquement, selon sa propre vision du karma, ceux qui font du mal aux animaux. D’un autre ces gens qui inventent des prétextes, tous plus improbables les uns que les autres, afin de se débarrasser d’animaux devenus indésirables sans se soucier de leurs sentiments à eux. Enfin, avec cette critique, certes un peu grossière, de ces groupuscules néo-nazis qui pullulent dans le pays, capables des pires insanités.
Mais Teemu Nikki n’a pas envie de plomber l’ambiance du spectateur qui regarde Euthanizer et saura mettre la nuance nécessaire dans le traitement de ses sujets afin de ne pas atteindre le seuil de gravité qui le fera sortir de la comédie noire. Car oui, malgré tout, nous restons dans la comédie, certains passages du film sont d’ailleurs là pour nous le rappeler. Un peu comme si, avec son petit budget (moins de 300000$US) et cette envie de rester simple, même artisanal par moments, Teemu Nikki voulait nous rappeler que sujets graves et divertissement n’étaient pas incompatibles.

LES PLUS LES MOINS
♥ La mise en scène simple
♥ Les acteurs géniaux
♥ L’humour savamment distillé
♥ L’ambiance particulière
⊗ Le thème pas très jouasse
⊗ Critique parfois grossière
Euthanizer possède ce petit quelque chose qui en fait un film spécial, un film qu’on n’oubliera pas. Certes il est un peu difficile d’accès, de par les thèmes abordés qui ne donnent au premier abord pas très envie. Mais il faut franchir le cap car Euthanizer est un bon film, tout simplement.



Titre : Euthanizer / Armomurhaaja
Année : 2017
Durée : 1h25
Origine : Finlande
Genre : Nos amies les bêtes
Réalisateur : Teemu Nikki
Scénario : Teemu Nikki

Acteurs : Matti Onnismaa, Jari Virman, Hannamaija Nikander, Heikki Penttinen, Jouko Puolanto, Santtu Karvonen, Alina Tomnikov, Ilari Johansson

 Armomurhaaja (2017) on IMDb


















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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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