[Film] The Red, de Ryan Coonan (2024)

Obsédée par l’idée d’être à la hauteur de l’héritage de son père décédé, une jeune shérif est mise à l’épreuve lorsque des habitants sont retrouvés déchiquetés.


Avis de John Roch :
À y réfléchir, les kangourous ont toujours été des victimes dans le cinéma de genre Australien. De Long Week-End à Sissy, en passant par Body Trash, Réveil Dans La Terreur ou Razorback, le marsupial est chassé, bouffé ou écrasé sans n’avoir jamais eu une chance de se défendre. Pour en voir un qui rend les coups, ce n’est pas du coté du pays natal de l’animal qu’il faut chercher mais à Hong-Kong avec l’ improbable baston de Killer’s Nocturne. Mais tout ça c’est de l’histoire ancienne, le Kangourou tient ici sa vengeance avec un film qui lui est consacré et vu que la bête est un zombie au physique calqué sur celui de Roger le kangourou baraqué comme un culturiste, décédé en 2018, les conditions étaient réunies pour un petit carnage en bonne et due forme. Un kangourou zombie, en voila une idée qui aura mis son temps à être mis en scène. Encore aurait-il fallu que Ryan Coonan, qui adapte pour son premier long métrage un court qu’il a tourné 10 ans auparavant (Waterborne), en fasse son sujet principal. The Red est un film dans l’air du temps dans sa thématique, à savoir le deuil qui semble devenir une nouvelle petite mode, le sujet étant pas mal abordé ces derniers temps dans la production horrifique actuelle. Que ce thème soit présent dans le cinéma de genre est légitime mais sacrifier tout le potentiel d’un pitch de départ qui a tout de la série B, on parle d’un kangourou zombie, ne dessert absolument pas ce film qui non seulement relaie sa créature au second plan, mais qui en plus ne raconte rien de bien palpitant ou qui pourrait susciter une quelconque émotion via le sujet abordé.

Plus que Rippy, c’ est le nom donné au kangourou ainsi que le titre US du métrage, The Red s’intéresse à Maddy, shérif d’une petite bourgade perdue dans le bush Australien. Elle succède à son père, son père était un héro, un homme aimé de tous et est mort par sa faute. Ceci dit, elle voit le bon coté des choses en considérant qu’elle poursuit sur la voie laissée par son paternel. Jusqu’au jour où des cadavres atrocement mutilées s’empilent. Le coupable est vite désigné par celui qui est considéré comme le dingo du coin: Schmitty, qui clame haut et fort à qui veut l’entendre, c’est à dire personne, que le responsable des meurtres est un kangourou bien vénère et indestructible. Après l’ arrestation d’un potentiel suspect d’assassinats que le légiste désigne pourtant comme infaisable par un être humain (le script est un peu neuneu des fois), la vie reprend son cours le temps d’une après-midi avant que Rippy ne s’ en prenne à nouveau à la population locale, qui quand à elle part à la chasse au marsupial zombie. Toutes les conditions étaient réunis pour un film d’attaque animale simple mais efficace, mais The Red fait partie de ce genre de films alléchants sur le papier mais qui n’assume jamais son statut de B movie qu’il devrait être (coucou Cocaïne Bear). Le métrage nous parle donc de difficulté à faire son deuil et pourquoi pas, ça change des personnages clichés du genre et permet un développement des protagonistes plus approfondi que d’accoutumée. Au détail près que le The Red ne raconte rien de consistant et fait de son héroïne un personnage torturé qui se force à porter toute la misère du monde sur ses épaules. Pour elle, c’est de sa faute si tout le monde meurt. C’est un peu vrai certes, elle ordonne à deux gars bourrés de rentrer chez eux à pied ou autorise un jeune à aller faire son jogging par exemple, mais de là à endosser la responsabilité de tout un massacre perpétré par un zoombie c’est un rien abusé. Tout aussi abusé que la place que bouffe le rapport au décès de son père, sous intrigue qui en touche une sans faire bouger l’autre pourtant réglée à mi-parcours mais qui pourtant sera présente jusqu’à la fin d’un film court par sa durée (1h23) mais terriblement long de par son histoire jamais passionnante et qui se prend bien trop au sérieux.

Mais parfois, Rippy se pointe. Mais là encore, difficile de trouver un intérêt à ses apparitions bien trop ponctuelles et très sages, la plupart de ses méfaits se déroulant presque systématiquement hors champ, chose d’autant plus incompréhensible quand on aperçoit quelques SFX très bien foutus. On en dira pas autant du kangourou zombie. Il y a bien une animatronique qui a été utilisé, mais celle-ci est mêlée à des CGI assez moches à l’animation qui laisse parfois clairement à désirer. Il y a pourtant quelques morceaux de bravoure qui se profile, tel Rippy qui poursuit une bagnole ou ce dernier qui arrive en ville pour foutre le boxon dans le pub du coin, mais en l’état, entre le marsupial qui semble se téléporter pour beugner la caisse, et ce que l’on pourrait espérer qualifier de massacre final qui n’arrivera pas puisque notre shérif qui a enfin compris qu’ elle n’est pas le centre de la misère humaine sauve tout le monde dans un dernier élan héroïque en l’honneur de son papa qui n’est pas mort par sa faute (tout ça pour ça), The Red ne décolle jamais, pas plus du coté de son scénario qui ne raconte plus rien passé sa première partie que du coté de son concept qui est au final trop peu exploité pour convaincre sur l’un ou l’autre tableau. Le film demeure néanmoins agréable à l’œil. La mise en scène est convenable et la photographie est réussie lors des scènes se déroulant de nuit, toujours claires et visibles et signalons le générique de fin qui enfin fait quelque chose de la créature qui était censée mise en scène. Mais la technique ne fait pas tout, si le pitch de départ est alléchant, The Red est avant tout un film qui n’exploite et n’assume jamais son concept, se prend trop au sérieux et ne raconte rien de consistant en exposant une thématique toujours intéressante mais qui ici ne sert pas un métrage qui peine à convaincre sur tout les points.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un kangourou zombie
♥ Techniquement ça fait le job
♥ Le peu de SFX convaincants
⊗ Le scénario
⊗ Le concept jamais exploité
⊗ Les morts hors champs
⊗ C’est long
⊗ Ça ne raconte plus rien passé la première partie, déjà qu’avant…
⊗ La thématique a beau lieu être là, elle ne sert à rien
⊗ Les CGI

Si le pitch de départ est alléchant, The Red est avant tout un film qui n’exploite et n’assume jamais son concept, se prend trop au sérieux et ne raconte rien de consistant en exposant une thématique toujours intéressante mais qui ici ne sert pas un métrage qui peine à convaincre sur tout les points.



Titre : The Red
Année : 2024
Durée : 1h23
Origine : Australie
Genre : Zoombie
Réalisateur : Ryan Coonan
Scénario : Richard Barcaricchio et Ryan Coonan
Acteurs : Tess Haubrich, Michael Biehn, Angie Milliken, Tom Block, Martin Blum, Garvin Boll Schieble, Don Bridges, Mungo McKay, Barry Mitchell, Liam Greinke
Rippy (2024) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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