[Film] Crazy Bear, de Elizabeth Banks (2023)

Après qu’un ours noir de 500 livres ait consommé une quantité importante de cocaïne et se soit lancé dans un saccage alimenté par la drogue, un rassemblement excentrique de flics, de criminels, de touristes et d’adolescents se rassemble dans une forêt de Géorgie.


Avis de John Roch :
En Septembre 1985, Andrew C. Thornton transporte en avion une cargaison de cocaïne qu’il jette par dessus bord au dessus de l’état de Géorgie, car trop lourd pour le zinc. Il se jette également dans les airs mais trop chargé et emmêlé dans son parachute, il finit en pleine une chute libre dont il ne survivra évidement pas et s’écrase dans le Tennessee. Parmi les affaires que transportait le trafiquant de drogue, les autorités ont retrouvé 35 kilos de cocaïne. Quant à l’avion qui transportait la drogue, celui-ci s’est crashé en Caroline du Nord. Quatre mois plus tard, un ours est retrouvé mort dans la forêt nationale de Chattahoochee-Oconee, situé en Géorgie. Selon l’autopsie, l’animal est mort d’une overdose suite à l’ingurgitation d’une importante quantité de cocaïne qu’il a trouvé dans la forêt. Celle que Thornton avait jeté de son avion donc. Voici donc d’où vient le principal argument de vente, à savoir la mention « inspiré de faits réels » de Crazy Bear. Oui, en France c’est Crazy Bear et non Cocaïne Bear, parce que la manie de changer un titre Anglais par un autre semble tenir à cœur à nos distributeurs. Mais passons, cela ne change en rien la qualité du film. Certes il ne fallait pas s’attendre à un chef d’œuvre, mais au moins à un métrage fun qui va à l’essentiel avec une courte durée (1h35 génériques compris) et vu le pitch : un ours cocaïnomane qui s’attaque à tout ce qui se dresse sur son chemin entre lui et sa dope, il y avait de quoi faire. Et bien c’est loupé, Cocaïne Bear est un film qui ne tient pas ses promesses et qui s’avère être une énorme déception.

Cocaïne Bear s’inspire donc très librement du fait divers susmentionné. Seul élément repris de dudit fait divers, c’est la mort de Andrew C. Thornton qui va servir de moteur à une partie de l’intrigue. A savoir une bande de trafiquants de drogue qui va partir à la recherche des sacs de pans de coke, puis d’un flic qui délaisse son chien pour partir de son coté mener son enquête. Coté forêt, on retrouve une mère célibataire qui part à la recherche de sa fille qui a séché les cours pour aller peindre dans les bois, une garde forestière et un expert en faune locale, et une bande de petite frappe qui se la joue menaçant sans l’être vraiment. Tout ce petit monde va faire son chemin de son coté et se croiser à un moment ou à un autre de l’intrigue, ce qui donne un aspect film choral à Cocaïne Bear, un peu comme dans un film de Quentin Tarantino ou de Guy Richie. Le problème, c’est que malgré quelques rares répliques qui font mouche, l’aspect comédie des dialogues s’avère être raté, tout autant que les personnages, pourtant campés par un excellent casting, parmi lequel on retiendra un Alden Ehrenreich qui semble enfin retrouver des rôles depuis Solo: A Star Wars Story et surtout Ray Liotta pour son dernier rôle à l’écran. Hormis le duo de trafiquants, dont l’un se sert de sa mission comme d’une thérapie après avoir perdue sa femme tragiquement décédée, réussi qui s’avère parfois hilarant, on ne s’attache jamais aux autres personnages. Certes, on peut saluer leur caractérisation qui ne fait pas d’eux que de la simple chair à canon pour l’ours, mais ceux-ci sont si peu intéressants que leur présence ne fait que d’alourdir le rythme du métrage, tourné dans un premier degré qui ne serait pas si gênant si l’humour et les situations dans lesquelles ils se trouvent avaient un intérêt. D’intérêt, il est difficile d’en trouver également dans la thématique principale du film, à savoir le thème bien américain de la famille. Reste la véritable star de Cocaïne Bear: l’ours, pour un résultat en demi-teinte.

Alors oui, les scènes impliquant l’ours défoncé à la cocaïne sont parfois réussies et (très) gentiment gores. En dehors d’une sympathique partie de cache cache dans les arbres, mention spéciale à la scène de l’ambulance qui de son introduction à sa conclusion est un grand moment qui commence comme un vrai film d’horreur et qui se poursuit de manière assez fun maîtrisé du début à la fin. Mais pour le reste, le film trouve vite ses limites et s’essouffle rapidement. Voir l’ours se réveiller et péter les plomb lorsqu’il trouve de la cocaïne une fois, c’est sympa, mais au bout de la troisième, ça blase un peu. Tout comme ce genre de running gag qui remet en question le comportement à adopter face à un ours, qui commence dès les premières minutes en citant Wikipédia et qui ne quittera plus jamais le film jusqu’à son final. Mais ce qui dérange le plus, c’est que l’ours passe rapidement au second plan de l’histoire, Elizabeth Banks se focalise beaucoup trop sur ses personnages dans des situations et des scènes d’exposition trop longues et en oublie trop souvent l’animal, aux CGI par ailleurs pas trop dégueux mais qui manquent clairement de finition lorsque la bête est en mouvement. L’autre aspect qui ruine tout fun de Cocaïne Bear, c’est ce parti pris de donner une personnalité à l’ours. En effet, la réalisatrice a déclaré qu’elle a trouvé cela complètement injuste que cet ours ait perdu la vie à cause de cette histoire de drogue, et qu‘elle ait voulu que ce film soit une sorte d’histoire sur sa vengeance. En dehors du fait que cette note d’intention ne se retrouve pas dans Cocaïne Bear, la réalisatrice semble ne pas assumer le coté film de monstre et victimise sa créature plus que de raison, jusqu’à réussir à ne pas en faire le vrai méchant de l’histoire, dans un final rempli de bons sentiments ou tout est bien qui fini bien pour tout le monde carrément à coté de la plaque qui annihile totalement l’espoir que le métrage se réveille enfin et délivre la bande fun et pop corn que l’on nous a vendu. Cocaïne Bear est donc une déception. Si le film est techniquement carré, que la BO aux morceaux 80’s est excellente, que les décors naturels sont de toute beauté et que quelques moments soient sympas, on ne peut pas omettre son pitch de départ finalement pas vraiment exploité jusqu’à faire passer le rôle titre au second plan, ses longueurs dues à des personnages pour la plupart certes développés mais sans réel intérêt et son manque de fun flagrant. Vu ce qui avait été annoncé au départ, et la note d’intention de la production qui je cite « Elle [Elizabeth Banks] n’a pas eu peur de l’aspect subversif qu’il fallait donner au film. Dans le marché actuel, il faut savoir oser, se renouveler, être différent. Et ce film coche toutes ces cases » qui ne se retrouve absolument pas dans ce film au final inoffensif et plein de bons sentiments, on est pas loin de l’arnaque.

LES PLUS LES MOINS
♥ Globalement, l’ours fait illusion…
♥ La scène de l’ambulance
♥ Quelques moments sympas
♥ La BO
♥ Voir Ray Liotta une dernière fois
⊗ … mais manque clairement de finition lorsqu’il est en mouvement
⊗ L’ours qui passe trop souvent au second plan
⊗ Le manque de fun
⊗ Même si pensé pour être pris au premier degré, l’humour ne fait jamais mouche
⊗ Trop de personnages pour la plupart dispensables, sources de longueurs
⊗ Les intentions de départ qui ne se retrouvent pas dans le film

Les intentions de départ annonçaient un film méchant, fun et subversif. Au final, Cocaïne Bear est un métrage inoffensif et qui manque de folie dans lequel l’ours cocaïné passe trop souvent au second plan au profit de personnages peu intéressants. Restent quelques moments sympas mais en dehors de ça, et de ce qui en était attendu, on est pas loin de l’arnaque.



Titre : Crazy bear / Cocaïne bear
Année : 2023
Durée : 1h35
Origine : USA
Genre : Ritaline bear
Réalisateur : Elizabeth Banks
Scénario : Jimmy Warden

Acteurs : Keri Russel, Alden Ehrenreich, O’Shea Jackson Jr., Ray Liotta, Isiah Whitlock Jr., Brooklynn Prince, Christian Convery, Margo Martindale, Jesse Tyler Ferguson
Cocaine Bear (2023) on IMDb

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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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