[Film] Le Justicier Braque les Dealers, de J. Lee Thompson (1987)

Paul Kersey a repris le court de sa vie comme architecte à Los Angeles. Il vit un amour auquel il ne croyait plus avec la journaliste Karen Sheldon et sa fille Erica Sheldon, qui remplissent le profond vide laissé par sa femme et sa fille, toutes deux tuées par le passé. Mais ce que Paul ne sait pas c’est qu’Erica est une jeune droguée, qui finit par succomber à la suite d’une overdose due à un produit inconnu. Se rendant sur les lieux où Erica achetait sa drogue, Kersey réussit à tuer le dealer concerné. Quelque temps après, il est contacté par Nathan White un riche homme d’affaires ayant vécu une expérience identique, qui lui fait part de son souhait de mettre hors d’état de nuire les agissements des cartels de la drogue sévissant à Los Angeles, et d’empêcher par la même occasion la mort de nombreux autres jeunes drogués. Pour cela il lui propose de lui fournir tout le matériel dont il a besoin pour parvenir à ses fins et lui remet tous les dossiers sur les revendeurs de drogues et leur chefs.


Avis de Rick :
Si jusque là la saga Death Wish (Un Justicier dans la Ville) avait été toujours menée par Michael Winner à la mise en scène, celui-ci ne souhaite pas revenir pour un énième opus. Il faut dire qu’il avait été assez loin avec le précédent métrage, et surtout que quelques tensions étaient survenues entre lui et la star des métrages, Charles Bronson. Mais la Cannon Films, qui veut vraiment un quatrième opus, l’annonce publiquement dés 1986. C’est J. Lee Thompson qui récupère la mise en scène, lui a qui déjà bossé plusieurs fois avec Charles Bronson. Mais la Cannon Films va mal à cette époque là, très mal même financièrement, venant d’essuyer plusieurs cuisants échecs de suite (Lifeforce, Massacre à la Tronçonneuse 2, L’Invasion Vient de Mars, et tant d’autres suivront). Impossible donc de donner au métrage un budget de 9 millions comme pour le troisième film, non, ce sera 5 millions et c’est tout. Ce qui permet au film d’être très rapidement rentable, rapportant presque 7 millions en Amérique, et cartonnant en vidéo, étant même le plus gros succès de la franchise. Et là deux questions me viennent en tête ? Le pouvoir de la moustache est-il infaillible déjà ? Car mine de rien, Charles Bronson, il a malgré tout 66 ans au moment du tournage, ce qui rend le rôle de justicier casse-cou qui mitraille à tout va moins crédible, déjà que bon, dans le précédent… Et comment la Cannon a-t-elle réussie à livrer un produit final certes bancal et digne d’un DTV, à la qualité inférieure aux précédents, mais qui tient malgré tout plutôt bien la route, avec un budget de 5 millions en tout, lorsque l’on sait que Bronson a été payé 4 millions pour faire le film. Oui, 75% du budget est parti dans le cachet de Bronson. Je m’égare, donc revenons à ce Death Wish 4, renommé en France Le Justicier Braque les Dealers ! Notre fameux moustachu, notre architecte à la gâchette facile, est donc de retour à… Los Angeles ! Après avoir été un justicier à New York sur le premier film, un vengeur à Los Angeles sur le second, être revenu à New York comme destructeur pour le troisième, le voilà de retour again à Los Angeles. Il faut dire que la Cannon étant installée à Los Angeles, des économies ont pu être faite à ce niveau là. Il est de nouveau architecte, à une nouvelle petite amie (qui avait 34 ans au moment du tournage, soit le double de moins que lui), la dame a une fille, et tout va pour le mieux.

Vraiment ? Non, car nous sommes en 1987, et l’Amérique va mal, il y a la drogue ! La Cannon envoie donc Chuck Norris directement en Colombie en 1990 pour se débarrasser du souci à la source dans Delta Force 2, mais pour nettoyer les rues de Los Angeles, c’est bel et bien à Charles Bronson que l’on fait appel. Enfin, à Paul Kersey donc, architecte de jour, gros bourrin qui ne réfléchit plus la nuit. Alors donc, ce coup-ci, une vengeance personnelle ? On a osé tuer sa copine ? Violer la fille de celle-ci ? Et bien pas du tout. La fille meurt, oui, mais d’une overdose, qu’elle s’inflige donc elle-même, mais Bronson va traquer le vendeur pour lui faire la peau, et malheureusement, il y aura un témoin, qui va alors lui proposer du matériel pour débarrasser les rues des deux gangs fournissant la drogue à la population. Bronson ne peut refuser, puisque son nouvel allié a lui aussi une belle moustache ! Et comme il faut toujours faire plus que le précédent, et bien Bronson ne va pas y aller avec le dos de la cuillère. Mitrailleuse avec lance-grenade intégré, fusil sniper, bouteille de vin explosive et j’en passe. Sans avoir aucunement le même impact que la folie du troisième opus, Death Wish 4 va plutôt loin dans son délire. Le coup de la bouteille de vin piégée m’aura bien fait rire par exemple, surtout que notre moustachu va s’en servir sur un jeune Danny Trejo, non crédité au générique, et qui… a les cheveux courts et porte un costard, voilà qui est bien surprenant. Ce ne sera pas tout hein, rassurez vous ! Et ce qui est dommage, c’est que par moment, ce Death Wish 4 a de bonnes idées. La scène d’ouverture par exemple, où une femme se fait violenter dans un parking (la routine pour la saga), sauvée par un Bronson surgissant de nul part, mais qui, en vérifiant les cadavres des agresseurs, s’aperçoit qu’il s’agît de lui-même. Une scène de cauchemar qui pourrait avoir du sens et de la pertinence vis-à-vis de la vie du personnage, sauf que… et bien elle ne sert à rien.

Pareil lors du final, pas extraordinaire, mais qui tout à coup bénéficie de quelques idées de mise en scène plutôt sympathiques, en se servant plutôt bien du décors (une patinoire) et de l’éclairage multicolore. Mais encore une fois, bien trop court, et ne changeant pas franchement la donne. Encore une fois, pareil lors de la scène du terrain en construction, plutôt bien fichue, explosive, et ayant une finalité bien sympathique et bien mise en image. Mais ces moments, appliqués, montrant que le réalisateur croit au projet, ils sont bien trop rares. À côté, on a du mal à prendre quoi que ce soit au sérieux, et Bronson tuant un peu tout ce qui est sur sa route, et bien ce n’est finalement pas si passionnant, l’âge de l’acteur n’aidant pas. Le rythme est perfectible, l’action pas toujours folichonne, le scénario forcément maigre mais on s’y attendait un peu, bourré d’invraisemblances, et malgré tout, l’ensemble se prend la plupart du temps bien trop au sérieux. À ce niveau là, il n’y a que le final du métrage, alternant bonnes idées (la patinoire), moments totalement What the Fuck (le tir à la grenade sur l’ennemi) et moments sacrément dark (la mort à bout portant de la copine de Paul Kersey, oui je vous spoile, mais vous ne verrez pas ce film). Dans ces moments là, Death Wish 4 retrouve alors le côté volontairement outrancier du troisième métrage. Mais c’est bien tardif. Le manque de budget (juste 1 million donc si l’on retire le salaire de Bronson) n’a pas du tout aider, tout comme l’âge de Bronson, ni même le fait qu’arrivé au quatrième film, il n’y a sans doute plus grand-chose à dire, si ce n’est aller toujours plus loin (après les violeurs, les petits délinquants, voilà donc les dealers). Et pourtant, un ultime opus sera réalisé en 1993. Hâte de voir ça et de vous en parler… Enfin, je crois !

LES PLUS LES MOINS
♥ Quelques idées de mise en scène inspirées
♥ Vu les conditions, pas si mal fichu
♥ Papy Bronson, toujours motivé pour le rôle
⊗ Trop sérieux et pas assez fou
⊗ Rythme hésitant
⊗ Bronson n’est-il pas trop vieux pour tout ça ?
note2
Bronson revient, et il n’est pas content, même s’il commence à se faire vieux. Malgré quelques idées et bons moments, c’est moins fou que le précédent film, moins intéressant et fun. Dispensable.



Titre : Le Justicier Braque les Dealers – Death Wish 4 : The Crackdown

Année : 1987
Durée :
1h36
Origine :
U.S.A.
Genre :
Action
Réalisation : 
J. Lee Thompson
Scénario : 
Gail Morgan Hickman
Avec :
Charles Bronson, Kay Lenz, John P. Ryan, Perry Lopez, George Dickerson, Soon-Tek Oh et Danny Trejo

 Death Wish 4: The Crackdown (1987) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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