[Avis] Mother, de Bong Joon-Ho

Titre : Mother / 마더
Année :2009
Durée : 2h10
Origine : Corée du Sud
Genre : Drame
Réalisateur : Bong Joon-Ho

Acteurs : Kim Hye-Ja, Won Bin…

Synopsis : Une veuve élève son fils unique Do-joon qui est sa seule raison d’être.
A 28 ans, il est loin d’être indépendant et sa naïveté le conduit à se comporter parfois bêtement et dangereusement ce qui rend sa mère anxieuse.
Un jour, une fille est retrouvée morte et Do-joon est accusé de ce meurtre.
Afin de sauver son fils, sa mère remue ciel et terre mais l’avocat incompétent qu’elle a choisi ne lui apporte guère d’aide. La police classe très vite l’affaire.
Comptant sur son seul instinc maternel , ne se fiant à personne, la mère part elle-même à la recherche du meurtrier, prête à tout pour prouver l’innocence de son fils…

Avis de Jang Gerald : Mother, film très attendu pour diverses raisons, d’abord pour le retour sur les écrans du très prometteur Won Bin (Taegugki, enfin Frères d’armes chez nous, Guns & talks) après 4 années d’absence, depuis My brother en fait; ensuite parce que c’est du Bong Joon-Ho, tout simplement, l’un des réalisateurs les plus talentueux du moment (le tétanisant Memories of murder et le gigantesque et grandiose The Host), et enfin, pour le scénario, qui annonce quelque chose de spéciale, surtout entre les mains d’un maître!

4ème long métrage de Bong Joon-Ho, Mother se veut un drame poignant, doublé d’un thriller, où l’on suit l’histoire d’une mère prête à tout pour prouver l’innoncence de son fils, injustement suspécté par la police pour le meurtre d’une jeune fille.
Malheureusement, la tâche va s’avérer ardue, le fils, Do-Joon est simplet, naïf au possible et à la mémoire défaillante, ce qui n’aidera en rien la police, cette dernière n’hésitera pas à profiter de la chose pour classer l’affaire au plus vite. La mère, pauvre et vieille, se verra flanquée d’un avocat vereux, qui préfère nettement la présence de jeunes filles dans un karaoke plutôt que de s’occuper d’une affaire qui lui ferait perdre un temps précieux, donc de l’argent (énorme scène dans un restaurant self service où il mange littérallement debout pour ne pas perdre des minutes inutilement!). En gros, mieux vaut que Do-Joon plaide coupable pour passer 4 années dans un hopital psychiatrique (comme l’avocat le dit, c’est l’équivalent du temps qui passe entre 2 coupes du monde!), le jackpot pour le meurtre d’une jeune fille! Cinglant!

Un vent de Memories of murder souffle légèrement sur ce Mother certes (le même paysage de petit village de campagne), mais pas totalement, car ici, le thème est ailleurs, même si Bong Joon-Ho s’amuse toujours autant à critiquer et mettre à mal la police coréenne (incompétente), ainsi que sa justice (corrompue, malhonnête), en imbriquant des scènes réalistes à des scènes totalement désopilantes, voire grotesques (rien de péjoratif!), la marque habituelle de son auteur : savoir mêler horreur, drame, humour (la scène du parpaing!) sans jamais tomber dans la facilité, et encore moins dans le n’importe quoi.
En effet, le thème ici est de toute évidence dédié à ce qu’un être a de plus cher dans son existence, c’est-à-dire la femme qui l’a mis au monde, que l’on appelle plus communèment « maman ».
Un hommage sincère, tout en retenu et en finesse, dont Bong Joong Ho peut se vanter d’avoir brossé l’un des plus beaux portrait de femme dont l’instinct maternel n’a plus de limite, un amour qui peut rendre également aveugle.

A retenir une magnifique introduction : la mère entame une danse languissante au milieu d’un champ de blé, abstraite de prime abord, cette scène prendra tout son sens au dernier tiers du métrage, nous laissant totalement sécoué au vu de la tournure de la chose, mais aussi de ces rebondissements troublants basés sur des secrets inavoués, avant de nous laisser sur une fin bouleversante, un plan séquence renversant qui nous laisse pantois, avec en prime des frissons de la tête aux pieds…et c’est à ce moment précis (avant le génèrique, oui!) que l’on se dit avec certitude que Bong Joong Ho est un prodige au talent absolument colossal!

Certes, le film n’a pas la minutie de Memories of murder, ni la géniale folie bourrée d’intelligence de The host, et affiche une froideur à toute épreuve (bien que l’amour et l’amitié tiennent une place importante) aussi bien dans les personnages (Kim Hye-Ja est à ce titre remarquable, avec son regard troublant de désespoir) que dans le ton sépia des images, mais se rattrappe par son très beau message (universel), la véritable définition de l’amour d’une mère à son enfant, le tout emmené par une sobriété qui évite de tomber dans le larmoyant à tout prix.

Bong Joon-Ho est un véritable artiste de cirque, un clown funambule jonglant admirablement avec nos émotions les plus radicales, et ce, lors d’un seul et même numéro, et quel numéro!
Rideau ! applaudissements

Note : 8/10

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Auteur : Jang Gerald

Fan de Jackie Chan depuis son plus jeune âge, mais aussi de John Woo où « action non-stop » prenait pour moi un vrai sens. The Blade de Tsui Hark fut un choc viscéral comme jamais. Rapidement tourné vers l'import, cette véritable passion n’a jamais cessée de s’accroître...
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