[Film] Vagues Invisibles, de Pen-Ek Ratanaruang (2006)


Un jeune japonais est prié par son patron de quitter immédiatement son travail et la ville de Macau afin de se mettre au vert en Thaïlande. Kyoji, errant déboussolé et le vague à l’âme, a visiblement toutes les peines du monde à faire face à un odieux secret qui le lie à son patron…et à la femme défunte de ce dernier…


Avis de Oli :
Pen-ek Ratanaruang a aimé travailler avec Chris Doyle, Asano Tadanobu et Prabda Yoon (scénariste) sur LAST LIFE IN THE UNIVERSE. Les quatre hommes se sont d’ailleurs si bien entendus qu’ils se sont promis de retravailler ensemble.

Pen-ek remet donc le couvert avec INVISIBLE WAVES. Il se rapproprie une nouvelle fois le thème de l’homme un peu paumé, presque meurtrier malgré lui, dans un territoire étranger. Il cultive comme à son habitude le goût de l’étrange et des situations frisant parfois le burlesque. Il s’affirme enfin définitivement comme l’un des réalisateurs les plus doués de sa génération, tant son dernier film frise la perfection sur un plan technique. Sur le fond, j’émettrai davantage de réserves. La faute à une langueur trop marquée, et dont les creux dégagent infiniment moins de magie que dans LAST LIFE IN THE UNIVERSE. Le film se suit alors, presque ennuyeux, flirtant avec un flou artistique savamment orchestré qui fait naître un doute bienvenu dans l’esprit du spectateur : le périple de Kyoji est-il avant tout intérieur ? S’agit-il d’un rêve, d’un cauchemar ? Ce mal qui ronge le jeune japonais, cette douloureuse culpabilité, a-t-elle pu le faire sombrer dans la folie ?

La douce caméra de Pen-ek associée à la sublime photographie de Doyle soulignent à merveille ce trouble onirique qui étreint à la fois le personnage de Kyoji et le spectateur (un peu largué d’ailleurs, au début du film). Un équilibre proche du chaos qui sera matérialisé par le périple de Kyoji depuis Macau jusqu’en Thaïlande, à bord d’un bateau paraissant sorti tout droit d’un écrit de Kafka. Il s’agit sans doute là du meilleur moment du film, puisque Pen-ek Ratanaruang parvient avec maestria à immerger complètement le spectateur dans l’étrange voyage du japonais. On se retrouve à ses côtés, à l’étroit dans ce bateau qui n’en est peut-être pas un. Cette bâtisse qui va et vient sur l’eau, aux couloirs humides et désespérément vides. Pour le reste, je dois avouer que l’histoire de INVISIBLE WAVES m’a moins enchanté que celle de LAST LIFE IN THE UNIVERSE, et ce malgré des thèmes très proches (Kyoji rappelle énormément le personnage de Kenji, lui-même rongé par son passé et allant et venant dans le monde comme vidé de sa substantifique moelle). Dans INVISIBLE WAVES, les pérégrinations de Kyoji, homme profondément marqué par la malchance et la culpabilité, tournent ainsi un peu vite en rond (surtout après la descente de l’étrange bateau), et on peine à s’identifier à un quelconque personnage.

LES PLUS LES MOINS
♥ Techniquement impeccable
♥ L’immersion
♥ Le casting
⊗ Un peu lent

Le film devrait néanmoins trouver son public, et pour peu que certains silences et regards lourds de conséquence trouvent leur chemin pour parvenir à vous parler, INVISIBLE WAVES pourrait très bien vous charmer.



Titre : Vagues Invisibles / Invisibles Waves
Année : 2006
Durée : 1h55
Origine : Thaïlande
Genre : Drame
Réalisateur : Pen-Ek Ratanaruang
Scénario : Pen-Ek Ratanaruang

Acteurs : Asano Tadanobu, Hye-jeong Kang, Eric Tsang, Maria Cordero, Toon Hiranyasap, Mitsuishi Ken, Jitsuyama Hideki, Kuga Tomono, Sano Hiro, Prompop Lee

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Auteur : Oli

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