[Film] Seoul Station, de Yeon Sang-Ho (2016)

Juste avant les événements du « dernier train pour busan », un vieux sans-abri avec une étrange morsure au cou va propager une contamination zombiesque dans une gare de Séoul, un endroit peuplé la nuit par toutes les personnes marginales rejetées par la société Coréenne. Et dehors, la situation n’est guère mieux. Dans cette ville au bord du chaos, une fille de la rue va affronter de nombreux dangers tout en espérant être secourue par son père.


Avis de Cherycok :
Contrairement au Japon, la Corée du Sud n’est pas réputée pour être prolifique en matière de films d’animation. Quelques-uns seront malgré tout arrivés jusqu’à chez nous comme Lili à la Découverte du Monde Sauvage (2011), Oseam (2003) ou encore Wonderful Days (2004), mais de manière générale, c’est plus leur cinéma traditionnel qui arrive à franchir nos frontières. Alors quand un de ces rares spécimens arrive par chez nous, ça a de quoi titiller ma curiosité. D’autant plus qu’il traite des zombies, thématique qui m’est chère, et qu’il est en plus lié à un de mes coups de cœur de l‘année 2016. Seoul Station de Yeon Sang-Ho est en effet une sorte de prologue du Dernier Train pour Busan de… Yeon Sang-Ho. Oui, le même réalisateur. Comme quoi le monde est bien fait non ? Seulement voilà, autant les sujets qu’aborde Seoul Station sont des plus intéressants, autant le film a de sacrées lacunes visuellement parlant. Et pour un dessin animé, ça pose tout de même un sacré problème…

C’est donc sur le fond que Seoul Station tire son épingle du jeu. Yeon Sang-Ho fait un constat très sombre sur la Corée du Sud et la façon dont elle abandonne ses marginaux rejetés par le système. Tous les personnages sont soit en détresse émotionnelle, soit des raclures, soit des incompris de la société. Avec d’un côté les riches, ceux qui mènent leur petite vie paisible, et d’un autre ceux pour qui chaque jour qui passe est une nouvelle galère qu’il faut surmonter. Les uns sont raillés, rabaissés, violentés, ignorés par les autres, même lorsqu’il est question de vie ou de mort. Et au milieu de tout ça une invasion zombie qui n’est autre que la représentation de l’hostilité entre ces classes sociales. Ce thème était d’ailleurs déjà présent dans Dernier Train pour Busan, avec ce wagon tenu par la « classe aisée » qui empêchait les gens les plus modestes de venir s’y réfugier quitte à les laisser se faire dévorer par les morts vivants. Ici, le réalisateur va plus loin, avec cette vision encore plus noire et violente prenant toute son ampleur lors de son twist final inéluctable même si on pourrait y voir là du sombre uniquement pour faire du sombre. Clairement, Seoul Station ne fait preuve d’aucun humour, et on s’en rend compte d’entrée de jeu lorsque les personnages principaux nous sont présentés : des clochards, une jeune fille au passé obscur et un petit ami qui tente de prostituer cette dernière pour se faire de l’argent. Funky non ?

C’est essentiellement sur la forme que le bât blesse. Autant les décors tiennent la route et sont de manière générale réussis, avec ces beaux plans d’ensemble sur la ville de Seoul, autant c’est tout le contraire en ce qui concerne les personnages. Déjà visuellement, ils sont tout simplement dégueulasses. Excepté pour la jeune héroïne et son petit ami, leur design est raté de A à Z. Leurs traits sont moches, grossiers, les expressions du visage ratées, et les zombies se ressemblent tous, avec des vêtements constamment unis histoire qu’on n’ait pas en plus à s’emmerder à faire des détails. Mais pire que ça, l’animation en elle-même est aux abonnés absents. Les personnages sont soit très rigides, avec cette fâcheuse impression qu’on leur a tous enfoncé un balai dans le derrière, soit désarticulés, avec des mouvements de bras et de jambes improbables. Malgré quelques fulgurances, les mouvements dans l’espace sont à côté de la plaque. Les courses poursuites atteignent parfois le summum du ridicule avec d’un côté des personnages qui courent comme s’ils avaient des problèmes psychomoteurs, et d’un autre un effet de vitesse autour d’eux qui ne donne aucun effet de vitesse… Difficile de savoir si ce choix artistique est voulu, mais si c’est le cas, c’est un mauvais choix.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le coté nihiliste
♥ La critique sociétale
♥ Des décors travaillés
⊗ Le design des personnages
⊗ Leur animation
Malgré des personnages au visuel douteux et à l’animation ratée, Seoul Station nous livre une histoire prenante avec pour toile de fond un message des plus pessimistes sur l’état actuel de la Corée du Sud. Un film d’animation réussi sur le fond mais clairement pas sur la forme.



Titre : Seoul Station / Seoulyeok
Année : 2016
Durée : 1h32
Origine : Corée du Sud
Genre : Dernier train pour Seoul
Réalisateur : Yeon Sang-Ho
Scénario : Yeon Sang-Ho

Voix de : Ryoo Seung-Ryong, Shim Eun-Kyung, Lee Joon, Jang Hyuk-Jin, Lee Sang-Hee

 Seoulyeok (2016) on IMDb
















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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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