[Film] Princess Madam, de Godfrey Ho (1989)

Une témoin est escortée à Hong Kong pour témoigner contre un puissant mafieux. Deux agents de police locaux doivent la protéger. L’affaire se complique lorsqu’après une tentative d’assassinat ratée, Mona, une des deux agents, tue le mari de Lily, qui va se venger en draguant le mari de Mona…


Avis de Rick :
Se lancer dans un film réalisé par Godfrey Ho, c’est toujours risqué, tant le plus souvent, le bonhomme est capable du pire. Alors oui sa technique du deux en un, bien connue, est rentable, puisqu’en récupérant des films non finalisés (parfois) en provenance des Philippines ou de la Thaïlande, en tournant des scènes en plus avec des acteurs Américains, et en redoublant le tout pour « essayer » d’avoir un résultat cohérent (plot twist… oui ça ne marche pas), le sacré Godfrey il peut nous livrer quatre films tournés pour le prix d’un seul. Mais si on se souvient de Crocodile Fury ou du Hitman le Cobra, ce n’est pas pour les qualités des métrages, mais pour les intenses barres de rires en voyant lesdits métrages. Même lorsqu’il tourne intégralement le film, ça peut donner le plus souvent quelque chose dans la mouvance d’un Lethal Panther avec Sibelle Hu, soit un film copiant « légèrement » The Killer, filmé avec les pieds, avec des doublures bien voyantes (les perruques bordel), et ajoutant des scènes de sexe totalement gratuites, avec nudité frontale s’il vous plait. Alors, c’est un petit plaisir coupable, on ne s’ennuiera pas devant même si parfois l’intrigue n’a pas toujours de sens, mais de là à parler de vrai bon film, non. Et arrive ainsi en 1989 son Princess Madam, film qui a pour lui un casting à même d’attirer le connaisseur, puisque bon, dans les trois rôles principaux, on a tout de même Moon Lee (la trilogie Angel, Angel Terminators 2, Devil Hunters, je ne la présente plus), Sharon Yeung (Angel Terminators 1, Duel of the 7 Tigers, ou encore… Yes Madam 5) et Nishiwaki Michiko (Le Sens du Devoir 3, The Outlaw Brothers). Et puis même en second rôle, il parvient à obtenir Kenneth Tsang (Angel Terminators 1, The Killer, Le Syndicat du Crime) ou encore… non je déconne, mais il fait revenir Mike Abbott, capable du meilleur (Fatal Termination, même s’il ne sait que faire les gros yeux) comme du pire (le fameux Hitman le Cobra). Bref, du beau monde, pour un film sortant à une époque où le Girls with Guns, même si en déclin, s’en sort encore très bien, 1989. Bref, des talents certains devant la caméra, mais des craintes derrière la caméra.

Eh bien j’ose le dire, Princess Madam est un bon film, et même sans doute au final le meilleur film que j’ai pu voir de Godfrey Ho. Alors attendez avant de vous jeter sur une copie (sans doute de qualité tout aussi douteuse que la mienne) du film après cette phrase ! Godfrey Ho n’est pas devenu un génie ou un réalisateur appliqué le temps d’un film. Son montage est toujours hésitant, quelques approximations sont toujours là, un peu partout, mais pour une fois, il arrive déjà d’une part à nous raconter une histoire cohérente du début à la fin (un bon gros pas en avant diront certains), mais en plus, à nous livrer, même si pas parfaites, de bonnes scènes d’action. Ça démarre fort dès le début d’ailleurs, avec ce trajet en voiture rapidement arrêté la faute à un gang de motards et un grand méchant apparemment fort attiré par les grenades (les grenades elles semblent rouler bien trop longtemps, comme si elles étaient aimantées, passons), un Mike Abbott qui veut prouver qu’il peut jouer autre chose que les gros bras mais qui meurt après seulement 30 secondes à l’écran, des morts par dizaines, des cascades dangereuses à moto. Bref, ça débute fort, et dès le début, ça enclenche l’intrigue, avec ce témoin à protéger et ce grand mafieux très méchant et prêt à tout pour éliminer le témoin, d’un côté, et de l’autre, une tueuse voulant à tout prix se venger de Mona (Moon Lee, notez l’originalité du nom) qui a buté son petit ami dès cette première scène. Et si comme beaucoup de films du genre, Princess Madam calme son rythme passé l’ouverture, il ne se fait pas inintéressant pour autant. Bon, on notera la petite scène de cul inutile, Godfrey Ho oblige, mais passé ce détail, eh bien le film propose quelques éléments permettant aux actrices de se mettre en avant, et pas que par la baston. Sharon Yeung notamment (qui retrouvera Godfrey Ho en 1994 pour Deadly Target, on y reviendra un jour promis) a droit à un personnage assez développé, tiraillée entre son devoir de flic, son amitié forte avec Mona, et son père adoptif, à qui elle doit tout, joué par Kenneth Tsang, mais qui est loin d’être tout blanc dans cette affaire.

Voir embarrassant lors de quelques moments, comme lorsqu’après avoir tendu un piège à un bucheron, nos jeunes enfants se retrouvent à uriner sur sa tête. Alors ça ne mérite pas d’oscars du meilleur scénario ou de la meilleure actrice, mais tous les personnages du métrage ont droit à leur petit développement, ce qui n’en fait pas des coquilles vides qui n’attendent que la prochaine scène de baston pour lever la jambe. Un plus indéniable, même si encore une fois, ce n’est pas parfait, ni aussi poussé que dans des films appartement à d’autres genres mais pouvant traiter de sujets similaires. Nishiwaki Michiko s’en sort également très bien en tueuse sadique qui n’hésite pas à séduire de manière assez violente, et bien entendu, Moon Lee, qui prouve encore une fois qu’elle prend tous ces rôles très au sérieux et s’en sort très bien. Mais comme je le disais, devant la caméra, on se doutait que ça le ferait. Et l’action donc ? Plutôt bien distillée dans le métrage, certains affrontements au corps à corps sont plutôt sympathiques, notamment un affrontement entre Sharon Yeung et Moon Lee qui nous montre quelques moments de souplesses à rendre pas mal de monde jaloux. Et puis forcément, quand vient l’heure de rendre les comptes, on fait parler la poudre, Girls with Guns oblige. Et si là aussi c’est parfois approximatif (manque de dynamisme par moment, un plan utilisé deux fois), et bien le résultat fait plaisir à voir et donne finalement à l’amateur du genre ce qu’il voulait. En réalité, la seule véritable ombre au tableau sera ce personnage masculin voulant à tout prix draguer Sharon Yeung, et qui sera la source de moments comiques qui n’avaient pas véritablement leur place ici. Et ces passages, heureusement, passé le fatal point de rupture, ils n’envahissent plus le film et ne sont plus autant présents. Ouf donc ! Recommandable. Et pour les fans du genre, même si rare, indispensable !

LES PLUS LES MOINS
♥ Du casting bien comme il faut
♥ Des affrontements dynamiques
♥ Des personnages un minimum fouillés
♥ L’intrigue se suit bien et reste cohérente
⊗ Le montage pas parfait
⊗ De nombreuses approximations techniques
⊗ Le personnage comique du film
note3
Godfrey Ho l’a fait, l’impensable : un bon film. Pas parfait évidemment, il ne s’est pas transformé en se levant en technicien aguerri et minutieux, son montage est parfois un poil hasardeux, mais il arrive à mettre en image une histoire cohérente du début à la fin, à mettre en avant ses actrices, et en plus, à nous livrer quelques scènes d’action franchement très sympathiques. Que demander de plus ?


Titre : Princess Madam – Under Police Protection – Angel Protectors – 金牌師姐
Année : 1989
Durée :
1h27
Origine :
Hong Kong
Genre :
Policier
Réalisation :
Godfrey Ho
Scénario :
Simon Fong, Ng Chi et Chan Chi-Yin
Avec :
Sharon Yeung, Moon Lee, Nishiwaki Michiko, Liu Kai-Chi, Anthony Tang, Yuen Hua, Kenneth Tsang, Cheng Yuen-Man, James Ha et Mike Abbott

 Jin pai shi jie (1989) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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