[Film] Boy Kills World, de Moritz Mohr (2023)


Boy est un sourd-muet à l’imagination débordante. Lorsque sa famille est assassinée, il s’échappe dans la jungle et est entraîné par un mystérieux chaman à réprimer son imagination enfantine et à devenir plutôt un instrument de la mort.


Avis de Cherycok :
Bill Skarsgård commence à être partout. Outre les récents John Wick 4 et Barbarian, on va le retrouver prochainement dans le reboot de The Crow ou encore dans le Nosferatu de Robert Eggers. Mais il est également le héros de ce tout récent Boy Kills World qui, sur le papier avait tout pour me plaire : un monde dystopique qui avait l’air intéressant, un casting accrocheur, Sam Raimi à la production, et un trailer annonçant un joyeux bordel bien bourrin et punchy. Oui, sur le papier, Boy Kills World promet d’être une série B d’action imaginative et originale qui permet de passer un bon petit samedi soir de détente. On sent que nous sommes ici dans un film qui ne doit pas être pris au sérieux, qui n’est là que pour divertir et pour donner du spectacle fun et bourrin à qui aime ça. Mais au final, c’est le genre de bobine où on sent que l’équipe technique, trop sûre d’elle, a voulu faire un film qui allait devenir immédiatement culte, sauf qu’ils ont oublié que ce genre de divertissement devait avant tout être amusant et ça, c’est une autre histoire. D’ailleurs, le public ne s’est pas trompé et le film a fait un énorme four au box-office, rapportant péniblement 3M$ en comptant les 500000$ provenant des avant-premières, obligeant les distributeurs à rapidement lâcher Boy Kills World en VOD histoire de limiter la casse.

Boy Kilss World est un film qui bouffe à tous les râteliers, de Kill Bill à Mortal Kombat en passant par American Nightmare, Hunger Games et The Raid. On sent que Moritz Mohr, pour son premier film, a injecté dans son bébé bon nombre de ses références ou de choses qu’il aimait (il est également coscénariste). En soi, ce n’est pas problématique. Beaucoup l’ont fait avant lui et s’inspirer des autres ne veut pas forcément dire que le résultat sera mauvais. Le problème, c’est la façon dont cela est fait dans ce film qui fourmille de bonnes idées mais qui ne sait jamais réellement comment les exploiter. Par exemple, on nous présente un monde dystopique qui pourrait être intéressant, mais il n’est jamais développé et on ne sait au final rien. D’autant plus qu’on sent un réel effort et une réelle envie de créer un monde complètement décalé avec des décors intéressants mais c’est laissé sur le bas-côté. Même chose en ce qui concerne le héros. Un peu à la manière du Silent Night de John Woo, on nous le présente comme muet, sauf que jamais un muet n’aura été aussi bavard car il communique avec le public avec une voix dans sa tête. L’idée pourrait être bonne, sauf que c’est presque non-stop et cela devient vite lassant voire irritant, en particulier lorsque cela vient couper l’action à cause de conversations souvent idiotes entre cette voix et sa petite sœur imaginaire qui l’accompagne dans sa tête. Il est censé être muet bordel, alors arrêtez de le faire parler ! Le scénario est lui aussi problématique, avec un film beaucoup trop long pour ce qu’il raconte. On aurait pu trancher dans le vif et enlever 20 à 25 minutes sans aucun problème. D’autant plus qu’il est prévisible au possible et dès qu’on aperçoit le personnage féminin casqué qui vole la vedette à tout le monde, le scénario de Boy Kills World ne gruge plus personne et son twist sur lequel il semblait tout miser s’en retrouve clairement amoindri dans l’impact scénaristique qu’il est censé amener. Et ce n’est pas la vaine tentative de critiquer la manipulation des médias qui viendra changer quelque chose, bien trop légère et au final sans réel impact dans le récit.

Les problématiques continuent avec l’humour qui devient trop envahissant, lourd et forcé, et Boys Kill World n’arrive pas à combiner cela de manière cohérente avec l’action. Rien que le héros a le cul entre deux chaises, à mi-chemin entre le combattant sourd / muet sans sens de l’humour, et le narrateur adepte de bon sens à la blagounette facile. Bien entendu, certaines idées font mouche, mais les nombreuses blagues et répliques censées être funs sont souvent plus irritantes que drôles. Les premiers moments de bourrinage sont funs mais l’ensemble se fait rapidement répétitif car là non plus, le film ne sait pas quoi faire de ses idées. Prenons par exemple le combat dans la cuisine. Avec tout ce qu’on peut trouver dans ce genre de lieu, il y a de quoi faire des folies, d’injecter des idées barrées, de se marrer un bon coup. Mais non, cette cuisine est un couloir comme un autre et on reste sur une seule et même arme, une râpe à fromage (référence à Evil Dead Rise ?), tout du long. Les scènes d’action ont au moins le mérite de ne pas avoir été confiées à un monteur fervent de coupes rapides, mais on aurait préféré une caméra qui part moins dans tous les sens dans une tentative de donner du punch à l’ensemble. Entre l’humour de certains coups, les giclées de sang en CGI souvent moches et le chaos ambiant, le résultat est souvent vain et c’est dommage car les chorégraphies qu’on devine derrière sont plutôt bonnes et travaillées. Mais avec l’avalanche d’effets de styles à la limite de l’overdose et l’abus de plans eu drone (Michael Bay es-tu là ?), tout ce qui aurait pu être fun est rapidement réduit à néant. Exagérer volontairement de l’hyper violence ne veut pas dire qu’il faut que le résultat ressemble à une grosse boursoufflure car là, ça devient rapidement fatigant pour l’œil. Surtout que des films récents tels que The Raid 1 et 2 ou The Night Comes for Us ont montré comment mettre en scène ce genre de scènes d’action sanglantes… On sauvera malgré tout le dernier acte, qui laisse tomber tout l’humour artificiel de la première heure et demi, avec une voix off qui se fait plus discrète et une efficacité enfin retrouvée. C’est une bien maigre consolation mais devant l’échec général de l’ensemble, c’est toujours ça de pris.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les chorégraphies…
♥ Le dernier acte
♥ Quelques gags
⊗ … gâchées par la mise en scène
⊗ Trop long pour ce que cela raconte
⊗ Une voix off trop présente
⊗ Visuellement boursoufflé
⊗ Manque de profondeur

Boy Kills World est une bobine qui peine à être fun, pleine de bonnes idées très mal exploitées, visuellement parasité par une avalanche d’effets de style souvent boursouflés, voulant se la jouer cool sans jamais réellement y arriver. Un premier film raté.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Un jeu video, Super Dragon Punch Force 3, est sorti en même temps que le film mais semble être à l’image de ce dernier si on en croit la moyenne des évaluations sur Steam, c’est-à-dire très moyen. Une série animée est également en préparation.

• Samara Weaving avait été choisie pour le personnage de « June 27 », mais elle s’est retirée en raison de conflits de calendriers et a été remplacée par Jessica Rothe.



Titre : Boy Kills World / Boy vs Le Monde
Année : 2023
Durée : 1h51
Origine : Allemagne / Afrique du Sud / U.S.A
Genre : Un muet qui parle trop
Réalisateur : Moritz Mohr
Scénario : Moritz Mohr, Tyler Burton Smith, Arend Remmers

Acteurs : Bill Skarsgård, Jessica Rothe, Michelle Dockery, Brett Gelman, Isaiah Mustafa, Yayan Ruhian, Cameron Crovetti, Nicholas Crovetti, Quinn Copeland, Famke Janssen

Boy Kills World (2023) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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