[Film] Action Point, de Tim Kirkby (2018)

D.C. est le propriétaire d’Action Point, un parc d’attractions à faible loyer et hors contrôle où les manèges sont conçus avec un minimum de sécurité pour un maximum de plaisir. Alors que sa fille Boogie vient lui rendre visite, un parc d’entreprise s’ouvre à proximité et met en péril l’avenir d’Action Point


Avis de John Roch :
Aussi fou que cela puisse paraître, Action Point est inspiré d’un parc d’attraction qui a réellement existé : Action Park. Créé par Eugene Mulvihill, dirigeant de domaines skiables situés dans le New Jersey, Action Park a été pensé pour le hors saison et ainsi attirer la clientèle sur l’ensemble de l’année. Composé de trois zones, le parc d’attraction est devenu célèbre pour de mauvaises raisons. Entre conditions de sécurité inexistantes, attractions mal conçues, personnel très jeune non formé et présence d’alcool sur les lieux, il sortait d’Action Park jusqu’à une trentaine de clients blessés en une journée, ce qui lui aura valu le surnom de Accident Park. Ce qui n’empêchait pas, malgré de nombreux procès et dettes accumulées par Eugene Mulvihil, jusqu’à un million de visiteurs par an, et une longévité étonnante puisque ouvert en 1978, le parc a définitivement fermé en 1996. Une longévité qui par ailleurs avait été à l’époque reproché à l’état, à qui il aura fallu six décès (dont quatre personnes âgées de 15 à 20 ans) pour prendre l’affaire au sérieux et enfin lentement mais sûrement agir. En faire un film est légitime tant l’histoire de ce parc d’attraction dans son intégralité est totalement dingue. On ne parlera pas ici d’adaptation à proprement parler mais plutôt d’une comédie à l’inspiration revendiquée. Comédie qui plus est ratée dans tous les sens dans laquelle le scénario (si on peut appeler ça comme ça) et le décor construit n’est dans le fond qu’un terrain de jeu pour Johnny Knoxville, ici accompagné de Chris Pointus, qui tente vainement de faire revivre l’esprit Jackass pendant une courte durée d’1h24. Si de base vous n’êtes pas friand des délires de la bande, vous pouvez passer votre chemin. Si vous être client, vous pouvez également éviter cette gênante parenthèse et passer directement à Jackass : Forever, histoire d’économiser un peu de temps de votre vie.

De Action Park, Action Point en reprend certains éléments : le personnel inexpérimenté, la sécurité aux abonnés absents et la dangerosité des attractions. En gros, c’est le coté « comique » de la chose et ce coté seul qui est exposé dans Action Point, éludant tous drames humains, financiers ou juridiques. Pour ce qui est du fond, on repassera donc (mais j’y reviendrai), mais ne serait-ce que dans la forme Action Park est une plaie. Déjà le récit structuré en flashback n’a aucun sens, à part gonfler la durée du métrage. Car Dans Action Point, Johnny Knoxville reprend ni plus ni moins que son rôle de Bad Grandpa et raconte à sa petite fille le jour où il a été gérant d’un parc d’attraction. De scénario, il ne faut pas en chercher dans Action Point. D.C, gérant du parc, accueil sa fille qui vit à l’autre bout des USA pour un été dans son parc. Parc que tente de racheter un promoteur, ce que D.C refuse évidemment et tente d’empêcher en redoublant d’effort pour attirer toujours plus de monde à Action Point. Ce semblant de scénario n’est que prétexte à ce que Johnny Knoxville et Chris Pointus savent faire de mieux : se faire mal. Et des Jackasseries, Action Point en est rempli. Le souci, c’est que d’une part pour qui connaît le show et les films, Action Point blasera plus qu’il ne fera rire tant il sent le réchauffé (et les coups dans les couilles par surprise, ça a pu être marrant à intervalle régulier pendant une vingtaine d’années, mais au bout d’un moment ça n’amuse vraiment plus). Tout a été déjà fait, vu, et en mieux, dans Jackass. On peut rapidement sourire certes, car les conneries de Knoxville font malgré tout leur effet quelque part bien profond dans l’âme de qui apprécie Jackass, mais l’autre problème c’est que les cascades sont également mal mises en valeur, au point que si il n’y avait pas le générique de fin pour montrer des images de tournage, la réalisation de Action Point aurait été pensée de manière à camoufler des cascadeurs qui reprennent le rôle des acteurs. On ne rit donc jamais devant Action Point, qui blase plus qu’il amuse, en plus d’être mal foutu du point de vue de la mise en scène, qui était bien plus spectaculaire dans les longs métrages Jackass, alors que ceux-ci n’étaient pas pensés comme des films à proprement parler mais comme une extension du show certes purement mercantile, mais qui apportait une dimension humaine insoupçonnée dans certaines scènes d’après cascades qui faisaient des films quelque chose de plus profond (légèrement on s’entend) que les gogoleries habituelles de la bande diffusées sur MTV. Pas de quoi provoquer de vives émotions non plus, mais ce coté dramatique, aussi léger soit-il, ne se retrouve jamais dans Action Point, pensé lui comme un vrai film.

En dehors desdites cascades, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent dans Action Point. Il y a bien une galerie de personnages, mais ils sont présentés à coup de cuillère à pot et sont complètement inexploités. En témoigne ce gars qui traverse le parc prêt à se fritter avec n’importe qui s’approchant trop près de lui, dans les faits il traverse le métrage comme un fantôme, et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres protagonistes transparents. En fait, le seul élément scénaristique est la relation entre D.C et sa fille, dont les enjeux sont exposés d’entrée de jeu, mais abandonnés, puis reviennent dans une dernière partie qui délaisse la comédie déjà pas glorieuse pour une dimension dramatique qui rend la dernière partie du métrage chiante, tout comme les incessants retours dans le présent qui alourdissent le film sans raison. La dimension dramatique justement, elle est problématique dans le sens où non seulement il y avait bien plus intéressant à raconter sur Action Park, mais est aussi questionnable dans justement ce que Action Point raconte. De reprendre l’histoire d’Action Parc avec des éléments scénaristiques comiques n’est pas un problème en soi, mais jamais le film ne se penche sur le reste, jamais il ne remet en question les agissements son personnage principal (c’est même tout le contraire, les idées de D.C étant présentées comme du génie), et jamais il raconte le véritable danger que fut Action Park, ou du moins pas de la bonne manière. Un peu douteux, car on parle tout de même d’un parc d’attraction précaire dans lequel six personnes ont trouvé la mort. Il y a avait donc bien mieux et plus intéressant à raconter et à faire, chose que ne fait jamais Action Point qui de toutes façons, même si il est pris pour ce qu’il est, reste une comédie qui tient du ratage presque intégral dans laquelle Johnny Knoxville s’amuse. C’est cool pour lui, c’est juste dommage qu’il soit le seul.

LES PLUS LES MOINS
♥ Malgré tout, l’esprit Jackass fait toujours son petit effet
♥ On sourit, parfois
⊗ Les cascades mal mises en valeur
⊗ Des personnages complètement transparents
⊗ Un scénario quasi inexistant
⊗ La structure du film source de lourdeur
⊗ Une dernière partie chiante
⊗ Il y avait bien mieux à raconter et à faire de l’histoire d’ Action Park

Inspiré librement d’un parc d’attraction ayant réellement existé à l’histoire complémentent dingue qui mérite une adaptation cinématographique, Action Point n’est en l’état qu’un terrain de jeu pour Johnny Knoxville et ses Jackasseries habituelles qui ne feront pas, ou plus, rire grand monde. L’acteur s’amuse, c’est clair, il est juste dommage qu’il soit le seul. A éviter, et si vous êtes clients des conneries de Jackass, autant revoir les longs métrages tirés du show.



Titre : Action Point
Année : 2018
Durée : 1h24
Origine : USA
Genre : Jackass Park
Réalisateur : Tim Kirkby
Scénario : John Altschuler, Dave Krinsky et Johnny Knoxville

Acteurs : Johnny Knoxville, Chris Pointus, Eleanor Worthington-Cox, Dan Bakkedahl, Johnny Pemberton, Brigette Lundy-Paine, Matt Schulze

Action Point (2018) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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