[Film] Vampires, de John Carpenter (1998)

Mercenaires à la solde du Vatican, Jack Crow et son équipe sont chargés de localiser des « nids » de vampires et de les exterminer. Valek, un puissant maître vampire, échappe à l’un de ces « nettoyages » et se venge en massacrant une partie des hommes de Jack. De plus les vampires ne craignent ni les crucifix ni les gousses d’ail.


Avis de Rick :
Après le tournage de Los Angeles 2013, et surtout après sa sortie et son échec financier, Carpenter se met à douter. Doit-il continuer à faire des films, alors que cela semble un peu moins l’amuser et que tous ces films depuis le début des années 90 sont des échecs financiers. Les Aventures d’un Homme Invisible, L’Antre de la Folie, Le Village des Damnés et Los Angeles 2013 sont, oui, tous des échecs, et si l’on peut le comprendre pour le premier film, les autres ne méritaient pas ça. Vraiment pas dans le cas de l’Antre de la Folie. Heureusement, on propose à Carpenter le projet Vampires, et il accepte, voyant là l’occasion de faire un western déguisé en film d’horreur, et il se dit que si même tourner Vampires ne l’amuse plus, il arrêtera. On le sait aujourd’hui, le tournage s’est très bien passé, Carpenter s’est éclaté avec James Woods qui improvisait une scène sur deux, et en plus, le film, le dernier de Carpenter durant les années 90, fut un succès au box office. Pour un budget de 20 millions, et bien il récolte pile 20 millions aux Etats Unis, ce qui lui permet d’être rentable dés sa sortie à l’international. Pas un succès monstre donc, mais assez pour rembourser le budget, et que les producteurs aient l’idée de faire des suites pour le marché de la vidéo (malheureusement). Vampires, je l’avais découvert à l’époque, achetant la bête le jour de sa sortie en DVD, découvrant le film avec ma mère, qui si elle était beaucoup moins réceptive que moi au cinéma de Carpenter, ne cachait pas non plus sa grande admiration pour deux de ses films : The Thing et Les Aventures de Jack Burton. Et on avait adoré ! Depuis, le temps a passé, de l’eau a coulé sous les ponts, et j’ai redécouvert Vampires en HD, ce film que j’avais vu et revu en boucle à l’époque de sa sortie vidéo donc, puis que je n’avais plus revu, alors que depuis, les films de Carpenter, je les vois au moins une fois par an, autant Assaut que Prince des Ténèbres ou The Thing. Oui, quand on aime, on ne compte pas. Et aujourd’hui donc, je dois admettre que si j’aime toujours Vampires, et bien je le trouve malgré tout moins prenant qu’à l’époque. Mais toujours aussi percutant.

En fait, mon principal souci avec Vampires, je ne le mets pas sur le dos de Carpenter, mais sur le dos du scénario, qu’il n’écrit pas, même si il y aurait apparemment touché, de manière non crédité, ce qui est dans le fond tout à fait logique quand on sait que le film devait avoir un budget de 60 millions, qui descendit à 20 millions au dernier moment. Et avec Carpenter aux commandes, ce réalisateur indépendant qui a souvent fait preuve de grande inventivité avec des budgets risibles, ce n’est pas étonnant qu’il ai réécrit le scénario pour rendre le film possible. Vampires donc, comme son titre l’indique, parle de vampires. Le premier film de vampires de Carpenter. Mais à une époque où le mythe du vampire commençait un peu trop à lorgner du côté du vampire romantique et classe, Carpenter lui les veut sauvage. Tout une mythologie est inventée derrière ces nouveaux vampires, qui n’ont pas peur des croix, mais qui craignent bien le soleil, et les pieux dans le cœur. Ces vampires, vivant en groupe, sont des machines à tuer, et ça, la scène d’ouverture, ou plutôt le début du film jusqu’à son élément déclencheur, nous le fait très bien comprendre. Si on nous présente au départ Jack Crow et son équipe comme des tueurs de vampires dur à cuire, attaquant un nid de vampires à coups de lances, de mitrailleuses, de pieux, puis de treuils pour les amener au soleil et en faire de beaux barbecues, Carpenter retourne intégralement les cartes l’instant d’après quand le maître vampire débarque à l’hôtel du groupe à la nuit tombée pour se venger, et y faire un carnage monumentalement gore, à coup de corps tranchés, transpercés et j’en passe, avec des effets spéciaux plus que convaincants de la part de KNB. Le film se transforme dés lors en western, avec notre tueur de vampire rescapé, son ami, une prostituée mordue et donc en lien télépathique avec le grand vampire et un prêtre qui rejoint l’équipe, qui vont alors partir traquer ce grand vampire. La musique signée Carpenter, seul après pas mal de collaboration, tends clairement elle aussi vers le western.

Mon souci maintenant avec Vampires, c’est que si son introduction est énorme, que son casting l’est tout autant (James Woods, Daniel Baldwin et Sheryl Lee), son final à la fois sanglant, rythmé et pas avares en révélations et en retournements de situations, et bien, le milieu du métrage semble un peu moins palpitant. Pas chiant hein, ne me faites pas dire ça, un film de Carpenter ne sera jamais ennuyeux, mais clairement bien en dessous de ce que j’attendais, et de ce que ma mémoire voulait se rappeler. Le rythme se fait souvent plus posé, une romance va naître même si je n’arrive pas à y croire intégralement, un nouveau prêtre intègre l’équipe, James Woods balance de la punchline, mais je ne sais pas, j’ai souvent comme l’impression qu’il manque un petit élément pour élever tout ça. Une petite scène sanglante pour redynamiser tout ça ? Peut-être. Mais ça tient vraiment à peu de choses au final, puisque l’ambiance est là, la musique est excellente, les acteurs le sont aussi, c’est toujours un plaisir de revoir Sheryl Lee à l’écran, James Woods semble clairement s’éclater et on imagine sans mal les scènes où il a pu improviser. C’est pour ça aussi, que même si Vampires n’est clairement pas le meilleur Carpenter, ni de sa carrière ni des années 90, qu’il est dur de ne pas prendre du plaisir en revoyant Vampires, son ambiance résolument couillue, ses personnage de héros solitaires et vulgaires, son vampire aussi charismatique que violent cherchant la croix de Béziers (ce qui, pour l’anecdote, a toujours fait marrer un des mes potes, puisqu’il est né à Béziers), son ambiance western même si du coup l’ambiance horrifique semble presque en retrait. Vampires a clairement beaucoup de bonnes choses à proposer, dans son univers et visuellement, et si ça aurait pu être mieux, il faut souligner que Carpenter pose sa patte sur le film, et lui donne une aura particulière, que le film n’aurait clairement pas eu entre les mains d’un autre réalisateur.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des effets gore réussis
♥ Une mise en scène toujours classe de Carpenter
♥ Bonne bande son typée western
♥ Le casting
♥ Des scènes d’attaques réussies
⊗ Un second acte un peu moins passionnant
⊗ Une ambiance western réussie, au détriment de l’horreur ?
note3
Vampires de Carpenter, c’est la prolongation d’une ambiance encore plus western qu’avant, déjà bien présente dans Los Angeles 2013. Le casting est investi et s’éclate, les effets sanglants sont fort réussis, l’ambiance est top, mais Vampires n’est pas un des meilleurs films de Carpenter, sans doute à cause de son scénario qui aurait pu aller plus loin.


Titre : Vampires
Année : 1998
Durée :
1h48
Origine :
Etats Unis
Genre :
Fantastique
Réalisation :
John Carpenter
Scénario :
Don Jakoby
Avec :
James Woods, Daniel Baldwin, Sheryl Lee, Thomas Ian Griffith, Maximilian Schell, Tim Guinee, Mark Boone Junior, Gregory Sierra et Cary-Hiroyuki Tagawa

 Vampires (1998) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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