[Film] Renfield, de Chris McKay (2023)


Renfield est l’assistant torturé du maître le plus narcissique qui ait jamais existé : Dracula. Il est contraint par son maître de lui procurer des proies et de pourvoir à toutes ses requêtes, même les plus dégradantes. Mais après des siècles de servitude, il est enfin prêt à s’affranchir de l’ombre du Prince des ténèbres. À la seule condition qu’il arrive à mettre un terme à la dépendance mutuelle qui les unit.


Avis de Cherycok :
C’est assez intéressant de suivre la carrière de Nicolas Cage depuis quelques années. Après avoir été érigé au rang de super star dans les années 90 jusqu’au début des années 2000, des mauvais choix de films l’amènent à avoir un long passage à vide de la deuxième moitié des années 2000 jusqu’à la moitié des années 2010. Pendant 10 ans, il enchaine les petits films, s’enfonçant peu à peu dans les tréfonds de la série B bas de gamme et sans intérêt. Mais depuis quelques années, il semble avoir décidé de reprendre les choses en main et revient petit à petit avec des films qui, même s’ils ne sont pas tous complètement réussis, valent néanmoins qu’on s’y intéresse, ne serait ce que pour ce qu’ils ont à proposer. Mandy (2018), Color Out Of Space (2019), Prisoners of the Ghostland (2021), Willy’s Wonderland (2021), Pig (2021), ou encore Un Talent en Or Massif (2022) montrent l’envie de Nicolas Cage de renaitre de ses cendres et de petit à petit revenir sur le devant de la scène. Son dernier en date, Renfield, suit cette voie-là et nous propose un divertissement décalé sur fond de gore et de pervers narcissique. Oui oui. Et Nicolas Cage y est génial.

Renfield est librement inspiré du Dracula de Bram Stoker et il va s’en amuser. On retrouve donc le personnage de Dracula, celui de Renfield, leur façon de se nourrir, leur relation avec un Renfield qui tantôt est soumis à son maitre, tantôt a envie de s’affranchir et de ne plus être sous son joug. Bien entendu, quelques modifications sont apportées au mythe, principalement dans le comportement de Dracula face aux humains ou sur le fait que Renfield mange des insectes car ils révèlent chez lui les pouvoirs que Dracula lui a conférés. Mais le film ne cherche pas à être fidèle à l’œuvre originale et la principale raison qui pousse à voir ce film, c’est que Nicolas Cage est Dracula. Oui, quand on connait le bonhomme, c’est une raison suffisante pour titiller la curiosité après que celui-ci ait incarné un vampire en 1988 dans le très moqué Embrasse-Moi Vampire (1988). Et c’est un show Dracula ! Bien que le film soit centré sur le personnage de Renfield (comme son titre l’indique), Nicolas Cage vole la vedette dès qu’il est à l’écran tant il semble prendre un plaisir incommensurable à interpréter un Dracula sarcastique, qui sirote du sang comme s’il était à l’apéritif, qui décapite de frêles humains comme si c’était des feuilles de papier, le tout en cabotinant à mort et en balançant des répliques mémorables. Dommage que, au final, il ne soit pas un peu plus présent dans le film. Nicholas Hoult est tout aussi excellent en Renfield un peu gauche avec les interactions sociales, naviguant entre peur et optimisme, qui va petit à petit se rapprocher de cette policière droite dans ses bottes dans une Police corrompue jusqu’à la moelle. C’est lui qu’on va suivre, sa vie avec Dracula, à assouvir les besoins de ce dernier en sang humain, à l’aider à se soigner lorsque des chasseurs de vampires l’ont un peu trop abimé. Mais on va le suivre également lorsque Dracula dort et qu’il en profite pour participer à des groupes de parole où les gens ont affaire à des pervers narcissiques, vivant avec eux des relations très toxiques. On aurait aimé que leur relation soit un peu plus développée, qu’on comprenne un peu mieux pourquoi Renfield a subitement envie de sortir des griffes de son maitre, mais également que le film s’attarde sur les plans de Dracula pour conquérir le monde et moins sur cette famille de mafieux qui, au final, n’est là que pour servir de chair à canon pour nos deux hommes. On aurait également souhaité que tout le topo sur les pervers narcissiques soit un peu plus développé même s’il y a de fortes chances que cela aurait fait perdre l’aspect léger que le film tente de conserver tout du long.

L’humour est ici omniprésent. Parfois hilarant (le gore grotesque), parfois plus discret (la façon dont Renfield décore son appartement ainsi que ses tenues vestimentaires), il participe à la réussite du film pour peu, bien entendu, que vous y soyez sensibles. Les maquillages sont excellents. Ce Dracula en décomposition, puis recomposition, semble plus vrai que nature et nous prouve une fois de plus qu’un bon vieux maquillage à l’ancienne vaut bien plus que n’importe quel CGI. Pourtant, des CGI, le film en a plein, plus particulièrement dans les scènes gores, et ils sont ultra visibles. En temps normal, le sang numérique, c’est dégueulasse. Mais ici, ça participe au côté over the top des scènes d’action gores avec des corps qui semblent avoir 50 litres de sang. Ça arrache des bras, ça se bat avec ces derniers, les corps sont démembrés dans tous les sens, décapités, écrasés, le tout dans une joie et une bonne humeur communicative. Dommage seulement que le montage des scènes d’action soit un peu trop découpé, ce qui nuit à la lisibilité de l’ensemble malgré l’inventivité de certaines scènes. Malgré tout, si on les prend dans leur ensemble, elles ont un côté assez jouissif avec un Dracula et un Renfield qui usent de leur surpuissance pour défourailler à tout va. Le spectacle est généreux, dévergondé, franchement amusant, mais oui, la mise en scène va souffler le chaud et le froid, surtout lorsqu’on sait que le film a couté 65M$US. Où sont passés ces 65 millions ? Le salaire de Cage n’est plus ce qu’il était, Hoult, aussi bon qu’il est, n’est pas un acteur très bankable et ne doit pas avoir un énorme cachet, les lieux du film sont peu nombreux et certains décors font parfois un peu cheap. On a l’impression que le film en a coûté six fois moins. La photographie est néanmoins réussie et les jeux d’ombres et de lumières font partie des points forts du film, éclairant parfois Cage comme dans les vieux films Dracula du début du siècle (le film va jusqu’à reproduire des scènes en noir et blanc pour leur rendre hommage). Avec ses 1h33 au compteur, le film va droit au but. Il est rapide, direct, et déroule son scénario sans réel temps mort car on sent que le but principal du film est de divertir le spectateur et de faire rire. Le réalisateur s’amuse, nous aussi.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les scènes d’action funs…
♥ Le casting
♥ Le show de Nicolas Cage
♥ Le gore grotesque
♥ Bien rythmé
⊗ … malgré un montage raté
⊗ Manque de développement
⊗ Certains décors

Volontairement caricatural et décalé, Renfield est un très sympathique divertissement, au gore over the top, dans lequel Nicolas Cage fait le show à chacune de ses apparitions. Et rien que pour lui, le film vaut le coup d’œil.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Renfield : Bring Your Own Blood, un jeu vidéo basé sur le film, a été développé par Mega Cat Studios, publié par Skybound Games et est sorti le 12 avril 2023 sur PC.

• Le syndrome de Renfield, également connu sous le nom de vampirisme clinique, est un trouble psychiatrique rare qui se caractérise par une fascination intense pour le fait de boire du sang ou de se prendre pour un vampire. Ce syndrome tire son nom du personnage R. M. Renfield du roman « Dracula » de Bram Stoker, qui consommait des insectes vivants pour obtenir leur force vitale.

• Dans une interview accordée à Collider, le réalisateur Chris McKay a admis que le film est en fait destiné à servir de suite directe au Dracula de Tod Browning (1931). McKay avait également tenté de faire en sorte que les bandes-annonces et l’affiche du film fassent référence à ce fait, mais cela n’a finalement pas abouti.

• Nicholas Hoult a joué le rôle du fils de Nicolas Cage dans The Weather Man (2005). Hoult a cité Cage comme source d’inspiration pour différents rôles.



Titre : Renfield
Année : 2023
Durée : 1h33
Origine : U.S.A
Genre : Nicolas Cage’s Show
Réalisateur : Chris McKay
Scénario : Ryan Ridley, Robert Kirkman, Ava Tramer

Acteurs : Nicholas Hoult, Nicolas Cage, Awkwafina, Ben Schwartz, Shohreh Aghdashloo, Brandon Scott Jones, Adrian Martinez, Camille Chen, Bess Rous, Jenna Kanell

Renfield (2023) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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