[Film] Phantoms, de Joe Chappelle (1998)


Deux sœurs, Lisa et Jennifer, arrivent dans la ville touristique de Snowfield, au Colorado. Jennifer qui y exerce comme médecin, souhaite éloigner sa sœur de Los Angeles et de leur mère alcoolique. Elles découvrent que Snowfield est devenue une ville fantôme isolée, jonchée de cadavres apparemment contaminés ou de morceaux de corps sectionnés.


Avis de Rick :
En 1983, après plusieurs romans à succès, Dean Koontz sort le roman Phantoms, rebaptisé Spectres en France. Un roman qui m’avait impressionné à l’époque, l’ayant lu très jeune, et à de nombreuses reprises. Il aura fallut attendre 1998 pour voir une adaptation débarquer. Et au vu des précédentes adaptations au cinéma des œuvres de Koontz, cela ne faisait pas envie. Il y aura eu 4 Watchers (le premier est sympathique, le reste dispensable et faisant plus office de remakes), le plat Souvenirs de l’au-delà… Mais pour Phantoms, Koontz adapte lui-même son roman, et reste présent comme producteur exécutif. Et pourtant, le film fut un bide au box office, avec des critiques catastrophiques souvent, et m’avait laissé des souvenirs mitigés lors de sa sortie. Presque 20 ans après, c’est l’heure d’une seconde vision. Phantoms n’est en soit pas un mauvais film. Disons qu’il s’agît d’une honnête série B, très décevante en comparaison du livre, mais qui fonctionne par instant, et se plante totalement à d’autres. Phantoms donc, c’est avant tout une affaire d’ambiance. Deux sœurs arrivent dans une ville, mais quelque chose est étrange. Il n’y a en effet aucun habitant, aucun bruit. En fouillant un peu, des cadavres partout. Elles ne vont pas tarder à tomber sur le shérif et deux de ses équipiers, et découvrir ce qui se trame à Snowfield. Un point de départ simple, mais qui débute sur les chapeaux de roue.

La première demi-heure par exemple, quasi exclusivement d’ambiance, est extrêmement réussie. Des plans calmes, les rues vides, le score musical de David C. Williams, lancinant, accompagne à merveille les plans. Rose McGowan et Joanna Going tiennent là deux rôles qui fonctionnent bien. On est prit par cette histoire qui promet mystères et bien plus encore. Joe Chappelle livre un travail même plutôt sobre en comparaison de ses deux métrages précédents, à savoir Halloween 6 et le retournage de Hellraiser Bloodline. Puis débarquent d’autres personnages, avec le shérif joué par Ben Affleck, et ses coéquipiers, Liev Shreiber, et le film perd quelque peu de sa magie. Pourtant, tous les personnages sont développés (même si, forcément, moins que dans le roman), mais l’alchimie entre eux ne semble pas fonctionner bien. Puis le métrage dévoile doucement le fond de son sujet, avec une créature prenant des formes diverses qui sévit dans la ville. On comprend alors dés la première apparition sous forme de papillon à taille XXL (qui était sur la couverture de mon édition du roman) que Joe Chappelle restera toujours Joe Chappelle, et que quand l’action s’emballe, et bien, lui aussi.

Oui, Phantoms tire son épingle du jeu quand il joue sur l’ambiance, sur le mystère, et devient beaucoup plus bancal et typé série B dés que l’action débarque. Car on aura droit à un mix maladroit de numérique (dégueulasse) et d’effets spéciaux forts convaincants sur le plateau, mais mis en scène par Chappelle, cela donne surtout du potentiel gâché, à coup d’éclairage bleu clignotant non stop, de caméra qui s’emballe, et c’est dommage. Pour autant, la première heure se suit très bien, puis la dernière demi-heure vient décevoir encore plus. L’ambiance est absente, les clins d’œil se multiplient, autant envers d’autres films (la transformation du chien fait beaucoup penser à The Thing) que des romans (certaines créatures font clairement penser à du Lovecraft), mais les enjeux sont vite expédiés, certains personnages laissés lamentablement de côté, et jamais Phantoms n’arrive à se démêler de son étiquette de série B sympa sans plus. Il y avait pourtant un fort potentiel ici, que l’on aperçoit par bribe et notamment dans la première demi-heure, mais l’exécution est loin d’être parfaite. Pour autant, Phantoms aura inspiré un monument de l’horreur sur un autre support : Silent Hill. Oui, une ville vidée de ses habitants, des créatures étranges, un papillon géant… Comme dans le premier jeu sorti en 1999 !

LES PLUS LES MOINS
♥ De bons moments d’ambiance
♥ Plutôt fidèle au roman
♥ Une série B sympathique au final
⊗ La mise en image de Joe Chappelle
⊗ L’utilisation rare mais ratée du numérique
⊗ Une adaptation décevante
Phantoms n’est pas le film honteux annoncé. C’est une petite série B sympathique, mais une adaptation très décevante.



Titre : Phantoms
Année : 1998
Durée : 1h34
Origine : U.S.A.
Genre : Fantastique
Réalisateur : Joe Chappelle
Scénario : Dean R. Koontz d’après son roman

Acteurs : Peter O’Toole, Ben Affleck, Rose McGowan, Joanna Going, Liev Schreiber et Nicky Katt

 Phantoms (1998) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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