[Film] Moon Child, de Takahisa Zeze (2003)


Un gamin est sauvé par Kei, un être immortel se nourrissant du sang de ses victimes et venant de perdre son mentor. Des années plus tard, Sho et ce dernier sont devenus inséparables et vivent de divers larcins contre d’autres gangs. Au cours d’un coup qui a mal tourné, ils rencontrent Son qui finit par rejoindre leur bande et leur présente sa sœur Yi-Che dont ils tombent tous deux amoureux. Après une période insouciante, un drame va obliger Kei à quitter la ville…


Avis de KWaidan :
Réalisé par Takahisa Zeze, dont le KOKKURI-SAN est scandaleusement exploité en VCD sous le titre DARK WATER 2 (le fait qu’il ait été réalisé 5 ans avant le chef d’œuvre de Nakata ne gêne visiblement pas le distributeur), ce MOON CHILD est une excellente surprise. Chronique d’une bande d’amis tombant dans le grand banditisme à la IL ETAIT UNE FOIS EN AMERIQUE (toutes proportions gardées bien sûr…) teintée de fantastique et de scènes d’action très orientées John Woo et MATRIX (bullet time !), ce film réunissant des acteurs de nationalités variées offre deux heures à la fois drôles, violentes, émouvantes et parfois même poétiques.

MOON CHILD est une œuvre extrêmement stylisée. L’esthétique générale du film est très belle, notamment dans la première partie où Sho est encore enfant. Takahisa Zeze utilise une multitude d’effets au cours de l’histoire, du split-screen aux images accélérées en passant par des défilements de photos. Une profusion de gimmicks visuels qui nuit malheureusement quelquefois au film, notamment dans des scènes qui n’avaient pas forcément besoin d’un côté clip si prononcé. Rien de bien neuf dans les scènes d’action qui s’inspirent du style John Woo en rajoutant deux « Bullet Time » pour être à la mode. S’il faut reconnaître que sa deuxième utilisation donne lieu à une scène très sympathique, le « passage obligé » par cet effet, que je trouve personnellement hideux, commence à devenir lassant. Reste tout de même la présence d’un humour très efficace lorsque Sho foire ses prises, qu’un des personnages, pizzaïolo à ses heures, prend des commandes en pleine fusillade ou que Kei envoie voler un adversaire qui retombe un bon moment après. On retiendra aussi une très bonne séquence d’humour noir où le vampire fait danser un cadavre tout en dégommant tout ce qui bouge.

Le cœur du film se situe cependant dans les personnages dont on suit l’évolution sur plusieurs années. L’amitié entre Sho et le vampire Kei est la trame principale et offre quelques belles scènes très justes et émouvantes. L’élément surnaturel est certes présent sans réelle justification et malheureusement très discret, la créature de la nuit ne représentant qu’une race parmi tant d’autres dans ce grand « melting-pot » où se déroule l’action, mais ce personnage torturé par l’éternité et l’obligation de se nourrir du sang des autres n’en est pas moins très bien décrit et intéressant. Qui plus est, les vampires permettent d’apporter une scène pleine de poésie lorsque le mentor de Kei décide d’en finir en se laissant consumer par un levé de soleil face à l’océan…la plus belle séquence de MOON CHILD. Autour du duo vedette, le reste de la bande apporte tous les éléments indispensables à ce genre d’histoire : amitié, trahison, amour, vengeance… rien ne manque. MOON CHILD repose en grande partie sur les épaules des pop-stars Gackt et HYDE, à qui l’on doit notamment Finale, la superbe chanson de RING O, respectivement dans les rôles de Sho et Kei. Si ce genre d’exercice s’avère bien souvent casse-gueule, tous deux s’en sortent ici avec les honneurs. Tous les acteurs sont d’ailleurs très convaincants et on notera la présence réjouissante de grosses pointures comme Ryo Ishibashi, excellent en flic bourré d’humanité et de compassion vis à vis de la condition du vampire.

LES PLUS LES MOINS
♥ L’esthétique générale
♥ L’humour qui fonctionne
♥ Les scènes d’action
♥ Le casting
⊗ Parfois trop clipesque
MOON CHILD n’est pas ce que l’on peut appeler une œuvre originale vu le nombre incroyable d’influences que l’on peut y déceler et sa trame très classique. Il remplit cependant parfaitement son contrat de divertissement accrocheur et on ne voit vraiment pas passer le temps. Bien réalisé malgré une tendance à la surenchère clipesque, ce film fourre-tout parfois complètement barré (les trips du frère de Kei voyant un gros poisson rouge tourner autour de lui) a tout pour faire passer un très bon moment au plus grand nombre. Il convient tout de même de rappeler une fois de plus aux amateurs de fantastique pur et dur s’attendant à un film de vampire que MOON CHILD est avant tout et surtout un film de gangsters légèrement teinté de surnaturel.



Titre : Moon Child
Année : 2003
Durée : 1h59
Origine : Japon
Genre : Fantastique
Réalisateur : Takahisa Zeze
Scénario : Gackt Camui, Isuchi Kisyu, Takahisa Zeze

Acteurs : Hideto Takarai (HYDE), Gackt Camui, Lee-Hom Wang, Taro Yamamoto, Susumu Terajima, Zeny Kwok, Kôji Chihara, Anne Suzuki, James H. Thomas

 Moon Child (2003) on IMDb


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Auteur : Kwaidan

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