[Film] Mi Gran Noche, de Alex de la Iglesia (2015)


En plein mois d’octobre à Madrid, José, sans travail, est envoyé par l’Agence pour l’Emploi comme figurant sur le tournage de l’émission télévisée Spéciale Nouvel An. Des centaines de personnes comme lui vont passer une dizaine de jours enfermés jour et nuit, transpirant abondamment, à faire semblant de rire, à applaudir sans cesse des numéros qu’ils ne voient même pas et célébrer bêtement la fausse arrivée de la nouvelle année. Alphonso, la vedette de la soirée, est capable de tout pour s’assurer la meilleure audience.


Avis de Cherycok :
J’ai découvert Alex de la Iglesia avec son tout premier film, Accion Mutante, lors de son premier passage dans les années 90 sur Canal+. Ce fût le coup de foudre immédiat. Je ne cesse depuis de me régaler à chacune de ses bobines qui ne m’ont, jusque-là, jamais déçues, à l’exception de Perdita Durango auquel il faudra que je donne une 2ème chance. L’univers barré de ses films, leur rythme souvent hystérique et leurs personnages complètement fous me parlent immédiatement. Même ses films plus calmes tels que La Chambre du Fils (2006) ou Crimes à Oxford (2008) ont ce petit truc qui leur donne un charme indéniable. Il m’a ouvert les portes du cinéma espagnol, ce qui m’a permis de découvrir un certain nombre d’excellentes bobines. Il fait clairement partie de mes réalisateurs cultes et forcément, lorsque j’apprends que Mi Gran Noche (un de ses rares films que je n’ai pas encore vus) est disponible sur Netflix, je me suis jeté dessus comme la vérole sur le bas clergé. Grand bien m’en a pris, Alex de la Iglesia m’a une fois de plus régalé avec un film complètement fou !

L’histoire de Mi Gran Noche se situe au mois d’octobre, lors de l’enregistrement de l’émission spéciale nouvel an qui sera diffusée le 31 décembre. Une émission où tout est faux, des invités aux décors en passant par les rires et les applaudissements. Une soirée sous le signe du champagne et des paillettes, du moins en apparence, où vont se mêler malchance improbable, coup de foudre, tueur à gage, chanteur has been, vol de sperme, personne de petite taille, urticaire, manifestations, lesbiennes, strabisme, grue et bimbos décérébrées. Tout ceci vous semble improbable ? Mais non, nous sommes juste chez Alex de la Iglesia et un vent de folie pure souffle sur ce film qui s’inscrit parfaitement dans la lignée du précédent, Les Sorcières de Zugarramurdi.
C’est simple, ça ne s’arrête pas une seconde. Le rythme du film est tout simplement effréné et le mot « hystérie » prend ici clairement tout son sens. Alex de la Iglesia ne nous laisse jamais reprendre notre souffle et vont s’entremêler l’histoire principale et tout un tas de petites intrigues secondaires qui pourtant seront toutes liées, soit par un personnage, soit par la conséquence qu’elles auront. Le film nous met rapidement sur le coin de la bouche un rictus qui ne nous quittera jamais durant 1h40 durant. Alex de la Iglesia a su farpaitement doser cette hystérie ambiante pour qu’elle ne devienne jamais fatigante. Il ne cherche pas à étirer artificiellement la durée de son film et chaque scénette, chaque échange, chaque personnage, est un pur régal.

Les personnages, c’est son fort, et il a le chic pour dégoter des acteurs tout bonnement géniaux. On retrouve d’ailleurs ici sa clique habituelle : Carlos Aceres, Santiago Segura, Terele Pavez, Pepon Nieto, et bien entendu Enrique Villen et sa tête pas possible. L’ensemble du casting est tout bonnement magique, joue le jeu du début à la fin, et se lance à fond dans cette folie ambiante hautement communicative. Mais on n’est pas ici dans de l’hystérie pour de l’hystérie. De La Iglesia sait très bien ce qu’il fait, maitrise parfaitement son sujet, et nous prouve une fois de plus ses talents de metteur en scène. Tout est millimétré au poil de cul, avec un montage toujours lisible même lors du final partant encore plus en cacahuète que le reste du film. Lui et son comparse de toujours Jorge Guerricaechevarria en profitent pour glisser quelques références ci et là (Star Wars par exemple et le coté iconique de certains de ses personnages), sans oublier de faire une critique acerbe de la télévision, de ses déviances, ses travers, ce pseudo rêve qu’elle vend au spectateur hypnotisé par son petit écran, ses ersatz de stars, … La satire est réussie, jusque dans l’autodérision de la méga-star de la chanson espagnole Raphael dans un rôle parodique qui lui sied à merveille.

LES PLUS LES MOINS
♥ La mise en scène
♥ Le casting
♥ Le rythme
♥ C’est barré
⊗ Fatiguant si on n’adhère pas
Mi Gran Noche, c’est une espèce de chaos complètement jouissif, où tout va à cent à l’heure, où une scène improbable fait sans cesse place à une scène improbable, où l’humour acide de Alex de la Iglesia fait une fois de plus mouche. Pas le meilleur film du réalisateur mais un excellent divertissement.



Titre : Mi Gran Noche / My Big Night
Année : 2015
Durée : 1h40
Origine : Espagne
Genre : Hystérique
Réalisateur : Alex de la Iglesia
Scénario : Alex de la Iglesia, Jorge Guerricaechevarria

Acteurs : Pepon Nieto, Raphael, Mario Casas, Blanca Suarez, Hugo Silva, Carmen Machi, Luis Callejo, Carlos Aceres, Santiago Segura, Enrique Villen, Jaime Ordoñez, Tomas Pozzi

 Mi gran noche (2015) on IMDb














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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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