[Film] Les Charlots Contre Dracula, de Jean-Pierre Desagnat (1980)


Alors qu’il n’est qu’un enfant, le fils du comte Dracula voudrait boire la potion qui lui permettra d’obtenir ses pouvoirs de vampire. Mais sa mère le lui interdit, craignant qu’il devienne comme son père décédé depuis. Seule sa mère peut toucher cette fiole, toute autre personne se changeant en pierre. Sa mère décède également. Trente-cinq ans plus tard, Dracula cherche un sosie de sa mère pour pouvoir boire la potion vampirique. Il engage Gaston Lepope, un détective privé, qui trouve la candidate idéale en la personne d’Ariane, la fiancée de Phil. Lepope enlève la jeune femme et embarque pour Bucarest. Aidé de ses amis Jean et Gérard, Phil part à sa rescousse et se retrouve dans le château du comte Dracula junior.


Avis de Cherycok :
Les Charlots ont cartonné dans la première moitié des années 70, chacun de leur film enregistrant des scores assez hallucinants de plusieurs millions d’entrées au box-office. Mais alors que la seconde moitié des seventies voit ce nombre d’entrées diminuer au fur et à mesure que leurs films sortent et que la qualité de ces derniers diminue avec, les années 80 sonnent le glas du quatuor, puis trio, comique le plus célèbre de la comédie française. Alors je ne vous referai pas le topo sur mon amour pour Les Charlots, je m’en suis déjà occupé dans mes textes sur certains de leurs premiers films, mais parmi ces films qui commencent la chute vertigineuse de Gérard et ses potes, il y a Les Charlots Contre Dracula. Ce 12ème film de la bande est un bon gros nanar à la française, un film objectivement mauvais mais pour lequel j’éprouve énormément de sympathie. Sans doute à cause de la nostalgie qui parle, les multiples visionnages durant ma tendre enfance avec mon frère y étant pour quelque chose. Mais non, je n’arrive pas à détester ce film, je l’aime même beaucoup.

Seul film de leur filmographie écrit par eux, enfin, réécrit après avoir été en désaccord avec le scénario original qui leur avait été proposé, Les Charlots contre Dracula vont donc nous compter les mésaventures tarabiscotées des Charlots contre… Dracula. Oui, le titre n’est clairement pas mensonger. Sauf que bien entendu, Les Charlots vont ici s’amuser à pasticher le film de vampire, tout en lui rendant hommage. La scène des cercueils dans la cave du château avec les noms de Christopher Lee et Bela Lugosi, deux acteurs ayant interprété par le passé le personnage de Dracula, en est l’exemple même. Malheureusement pour eux, la sauce n’a pas pris auprès du public et avec ses 555878 entrées, Les Charlots Contre Dracula s’offre le deuxième pire score au box-office pour la bande (le pire étant Le Retour des Charlots en 1992 et ses 15883 entrées). Les comédies françaises avaient changé et les pitreries de nos bougres en roue libre ne faisaient plus recette. Pourtant, on ne peut pas dire que le film est avare en gags en tout genre, souvent bon enfant, parfois bien lourdingues, d’autres fois plus fins, misant aussi bien sur le comique de situation que sur des dialogues nonsensiques. Clairement, Les Charlots Contre Dracula n’est pas tout le temps drôle. Enfin, il l’est car certaines blagues fonctionnent encore grâce à leur côté parfois inattendu ou tout simplement parce que ce sont de vrais bons gags. Mais d’autres fois, on rigole car le spectacle qui nous est proposé est navrant, même gênant, et on se marre à ses dépens, comme on le ferait sur un bon gros nanar. L’absurde et la crétinerie y sont souvent poussés à l’extrême, comme c’est souvent le cas avec eux, et on se demande parfois comment il a été possible de pondre certaines scènes sans avoir abusé de petites pilules et autre fumette magique.

Mais pourtant, on (en tout cas moi c’est le cas) prend plaisir à regarder cette bobine improbable car, une fois de plus, la bonne humeur des Charlots se ressent à chaque seconde. Ils s’amusent comme des petits fous, et ça déteint sur le spectateur qui, bien entendu, doit avoir un minimum d’atomes crochus avec eux. Même les seconds rôles s’en donnent à cœur joie, sans jamais avoir peur du ridicule, que ce soit un très bon Gérard Jugnot, qui malheureusement disparait quasi intégralement de la seconde moitié du film, l’excellent Andreas Voustinas qui livre une prestation absolument savoureuse en Dracula, ou bien Vincent Martin fendard en serviteur dévoué et déluré. Au milieu de tous ces pitres, la jeune Amélie Prévost semble un peu effacée, alors que son personnage est le moteur des personnages et de l’histoire. Mais on sent quand même que Les Charlots Contre Dracula est un film un peu bâtard, la fin complètement expédiée est sans doute due à la réécriture du scénario qui s’est faite en catastrophe, à la va-vite, juste avant le tournage, certaines scènes semblent s’étirer en longueur (le repas par exemple) bien que les gags, réussis ou ratés, fassent passer la pilule, et, de manière générale, on sent quand même bien moins d’entrain dans la deuxième moitié que dans la première. Comme s’ils savaient que leurs efforts, pourtant bel et bien là, parfois à grand renforts d’effets spéciaux (très spéciaux) seraient vains et que leur chute était inévitable. Mais moi je l’aime bien, qu’importe l’avis général souvent très critique envers le film (et, de toute manière, envers Les Charlots de manière générale). Et puis le thème du film fait partie des meilleurs qu’ils ont composés, et ça, c’est un argument de poids mes amis !

LES PLUS LES MOINS
♥ Retrouver les Charlots
♥ Certains gags fonctionnent bien
♥ Les seconds rôles
♥ La musique
⊗ Un final bâclé
⊗Certains gags tombent à plat
⊗Certaines scènes s’étirent trop

A mi-chemin entre le nanar et le plaisir régressif empli de nostalgie, Les Charlots Contre Dracula aura toujours ma sympathie malgré un humour souvent lourdingue. Les amateurs des Charlots y trouveront leur compte quoi qu’il en soit.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Andreas Voutsinas, qui interprète Dracula, a joué dans Le Grand Bleu (1988) de Luc Besson un personnage appelé Le Pope. Dans Les Charlots Contre Dracula, sorti 8 ans auparavant, le personnage de Gérard Jugnot s’appelle Le Pope. Coïncidence ?

• Malgré l’échec au box-office des Charlots Contre Dracula, le film suivant, Le Retour des Bidasses en Folie (qui marquera les retrouvailles avec Luis Rego), dépassera le million d’entrées alors qu’il est objectivement encore moins bon.

• Lorsque Jean se coiffe avec un pétard dans les cheveux, il se met à siffler un air. Cet air est une autre composition des Charlots entendue dans Le Grand Bazar.



Titre : Les Charlots contre Dracula
Année : 1980
Durée : 1h25
Origine : France
Genre : Le début de la fin
Réalisateur : Jean-Pierre Desagnat
Scénario : Jean-Pierre Desagnat, Les Charlots, Olivier Mergault

Acteurs : Gérard Filipelli, Gérard Rinaldi, Jean Sarrus, Andréas Voutsinas, Gérard Jugnot, Amélie Prévost, Vincent Martin, Dora Doll, Marc Henry, Michel Duplaix

 Les Charlots contre Dracula (1980) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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