[Film] Scooby-Doo, de Raja Gosnell (2002)

Le super-chien Scooby-Doo et ses amis Fred, Daphné, Sammy et Véra se retrouvent sur Spooky Island. Les cinq limiers au flair inimitable ont été appelés sur place après une cascade d’incidents paranormaux dans l’immense parc d’attractions de Spring Break. L’excentrique Emile Mondavarious, le maître de l’île, craint que le site ne soit réellement hanté, et compte sur la joyeuse bande pour résoudre au plus vite ces troublantes énigmes et mettre un terme à la fuite de sa richissime clientèle.


Avis de John Roch :
De la diffusion du premier épisode de la série originelle à la suite de Scoob ! que vous ne verrez jamais puisque jetée dans la même poubelle que Batgirl par la Warner, Fred, Daphné, Véra, Sammy et Scooby n’ont jamais quitté le petit écran. On ne compte plus les nombreuses séries et film d’animation, cross over, spin-off et autres comic book ou produits dérivés dans lesquelles le Scooby gang est apparu. Avec un tel succès et autant de déclinaisons, il parait étonnant qu’une adaptation cinématographique ne voit le jour qu’en 2002. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé puisque ce métrage était dans les tiroirs de la Warner depuis le début des années 90, projets auquel sont attachés Kevin Smith (avec Jim Carrey supposé jouer le rôle de Sammy) et Mike Myers, sans succès. Scooby-Doo a pas mal muté entre sa pré-production et le résultat final. Au départ conçu comme une véritable parodie du show animé, c’est finalement la voie de l’origin story qui est envisagé par la Warner et le scénariste Craig Titley, qui signe un premier jet non concluant, entre alors en scène James Gunn. Le scénariste voit ici l’opportunité de signer son premier script pour une grosse production Hollywoodienne, mais livre une première version trop sombre, dans laquelle le publique cible est adulte, ou Véra est gay et a des vues sur Daphné, et ou de multiples références à la Marie-Jeanne étaient présentes, Sammy étant par ailleurs un fumeur de weed. Le tout est adouci et emballé par Raja Gosnell, réalisateur de College attitude, Big Mama puis plus tard des Schtroumpfs et de sa suite. Auréolé de critiques majoritairement mauvaise à sa sortie, conspué par la presque entièreté du casting, Scooby-Doo est pourtant un divertissement familiale tout juste correct riche en humour, en péripétie et en action réussie ou non, mais j’y reviendrai. En terme d’adaptation, on est face à quelque chose de pas forcement mauvais dans sa première partie mais qui se vautre dans la seconde.

Le principe de Scooby-Doo repose sur un schéma simple (et répétitif. Un épisode de Scooby-Doo c’est comme un porno : t’en a vu un, tu les as tous vu) : le Scooby gang, au volant de la mystery machine arrive dans un lieu ou des phénomènes étranges terrorisent la population locale et acceptent de résoudre le mystère. Daphné se fait kidnappé par le fantôme à qui Scooby et Sammy échappe dans une course poursuite loufoque, Fred met au point un plan qui foire à chaque fois, Véra résout le mystère après une récolte d’indice, le fantôme bidon est attrapé, puis enfin l’identité et l’emploi du méchant est découverte et exprimée à voix haute et surprise, du genre « c’est Flingston Jones ! Le maitre d’Hôtel ! ». Tout ceci est respecté dans les premières minutes qui s’apparente à un final d’un épisode du dessin animé. Mais puisqu’on est dans une adaptation live à destination du grand écran, que Scooby-Doo n’est pas une origin story, et qu’il faut parler aussi bien à l’ancienne génération qu’a la nouvelle mais aussi au publique étranger à la licence qui pourrait mettre un pied dans la salle de cinéma (et ce pas forcement pour voir le film. Pour en savoir plus je vous invite à aller consulter la section anecdote), les personnages doivent être réintroduit. C’est donc une dispute qui éclate après la résolution du mystère qui ouvre le métrage, le Scooby gang éclate et se retrouve 2 ans plus tard sur Spooky Island, ou chacun tente de son coté de résoudre un mystère mystérieux pour le compte de Émile Mondavarious, propriétaire de l’île qui croit que son domaine est réellement hanté. Bien que cette réintroduction des personnages n’en soit pas une, puisqu’en dehors d’un changement d’ordre cosmétique et des traits de personnalité qui diffèrent légèrement il n’y a aucune réelle justification de séparer le groupe, et qu’au final tout ça ne sert qu’à utiliser le thème ultra rabâché des protagonistes qui vont apprendre la valeur de l’amitié en montrant qu’ils sont de meilleurs personnes en travaillant ensemble, la première partie de Scooby-Doo se rapproche du dessin animé dans ses péripéties et son schéma, tout en s’en éloignant jusque ce qu’il faut pour ne pas être un épisode du cartoon d’ 1h29. C’est rythmé, l’humour fait parfois mouche (le concours de pets, le prêtre vaudou) et ça se suit sans déplaisir et on se surprend à rentrer dans l’enquête menée par le Scooby gang qui dresse sa première liste de suspects, pile au moment où débute la seconde partie. Et c’est là que le métrage se plante complètement sans arriver à remonter la pente jusqu’à son générique de fin..

Commençant par un flashback qui tient du fan service tout en prenant à contre-pied lesdits fans en présentant le personnage le plus détesté de l’univers Scooby-Doo suivi d’un plan qui, si on est un minimum attentif, grille l’identité de celui qui se cache derrière le pot au rose, la seconde partie de Scooby-Doo introduit un élément fantastique à l’intrigue qui annihile tout espoir de voir une adaptation correcte du dessin animé de Hanna-Barbera. Déjà, de verser dans le pur fantastique va à l’encontre du show télé, mais ça va encore plus loin puisque c’est tout le métrage qui perd en intérêt. L’aspect enquête disparait purement et simplement, le Scooby gang également pendant un temps en donnant plus d’espace à Sammy et Scooby qui vont dans cette seconde partie se transformer en héros vaillants qui vont sauver leurs copains des griffes de monstres aux look flashy qui s’intègrent mal au film dans une sorte d’Invasion Des Profanateurs pour les enfants. La première partie de Scooby-Doo était fidèle au dessin animé tout en s’en éloignant pour ne pas être une resucée du dessin animé, la seconde s’en éloigne bien trop et en devient même son contraire, et même le contraire de la première partie du métrage : l’humour devient lourdingue, le rythme en prend un coup avec des scènes inutiles qui s’étirent plus que de raison, mais ça reste toujours aussi riche en péripéties et en action, jusqu’à un final chaotique où se mêlent une baston câblée qui pompe le Charlie’s Angels de McG en plus moisi, des monstres aux CGI déjà loin d’être top à la sortie du métrage, et un semblant d’ adaptation de la série animée puisque visiblement il aura fallu un trou béant d’ une bonne demi-heure avant que les scénaristes ne se souviennent de quoi il était question. Malgré tout Scooby-Doo demeure un divertissement familiale tout juste correcte si l’on n’est pas regardant sur ses tares, d’ordre scénaristique mais aussi de mise en scène. Raja Gosnell en fait le minimum, jusqu’à limiter le nombre de personnages qui interagissent avec Scooby-Doo. Le réalisateur semble ne pas être à l’aise avec les effets spéciaux et balance la plupart du temps des plans fixes dès lors qu’il est question de mettre en scène le Scooby en CGI. Un défaut qui cependant amène une révélation, et elle n’est pas là ou on le croit. Car il faut bien en parler de Scooby-Doo, et le dogue allemand parvient à faire illusion. Non pas par le personnage en full CGI soit complétement réussi, même pour un film datant de 2002 (année ou le monde découvrait Gollum mine de rien) Scooby manque de finition et est parfois mal incrusté dès lors que Raja Gosnell (ou le réalisateur de seconde équipe) se décide à bouger sa caméra lors des scènes d’actions. Non, ce qui fait que Scooby fonctionne, en dehors du character design pas dégueu, c’est Matthew Lillard. Car bien plus que le reste du casting, qui correspondent bien aux personnages qu’ils incarnent mais qui ont des interactions limitées voire inexistante avec Scooby-Doo, c’est l’acteur qui porte le film sur ses épaules et prouve ici qu’il est un excellent acteur à la carrière certes bien remplie, mais loin d’être représentative de son talent. Il parvient à non seulement à parfaitement camper un Sammy fidèle au dessin animé de bout en bout, mais réussi également à rendre crédible un chien en images de synthèse loin d’être de première fraicheur et à le faire exister. Et rien que pour ça, Scooby-Doo mérite le coup d’œil.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une première partie qui fonctionne
♥ Matthew Lillard, excellent
♥ Le casting fait illusion
♥ Scooby-Doo en partie réussi
♥ Globalement, c’est un divertissement familiale correct.
⊗ Une seconde partie ratée
⊗ Une mise en scène la plupart du temps paresseuse
⊗ Des CGI loin d’être convainquant, même pour l’époque
⊗ Scooby-Doo en partie réussi
⊗ Le manque d’interaction entre Scooby-Doo et le reste du casting
En terme d’adaptation, Scooby-Doo souffle le chaud et le froid. Si la première partie fait illusion, la seconde quant à elle se vautre complètement en amenant un élément fantastique à côté de la plaque, que ce soit par rapport à ce qui a précédé ou par rapport au dessin animé que le film adapte. Reste tout de même que Scooby-Doo est un divertissement familiale tout juste correct, et rien que pour Matthew Lillard qui porte le film sur ses épaules et le fait avec tous les honneurs, le métrage mérite un coup d’œil, distrait ou non.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film fut un bon succès au box office Américain, hors il est à relativiser. En effet, à une époque ou les trailers n’étaient pas diffusés sur internet, Il se trouve que Scooby-Doo était le premier film qui diffusait le trailer de Harry Potter et la Chambre des Secrets. il a été constaté que la plupart des spectateurs qui n’étaient pas fan de Scooby-Doo mais de Harry Potter ont payé leurs places pour voir la bande annonce, et sont partis juste après, sans avoir vu une seule image de Scooby-Doo.
• Tim Curry, grand fan de Scooby-doo, devait jouer le rôle de Emile Mondavarious. Il a refusé quand il a appris que Scrapy-Doo, personnage le plus détesté de l’univers Scooby-Doo, était dans le script
• Sarah Michelle Gellar tournait en même temps que ce film la série Buffy Contre Les Vampires. Un arrangement a été convenu pour que l’actrice puisse être disponible aux USA pour Buffy, et en Australie pour Scooby-Doo .



Titre : Scooby-Doo
Année : 2002
Durée : 1h29
Origine : U.S.A
Genre : Scooby-Zboub
Réalisateur : Raja Gosnell
Scénario : Craig Titley et James Gunn

Acteurs : Matthew Lillard, Freddie Prinze Jr., Sarah Michelle Gellar, Linda Cardellini, Rowan Atkinson, Isla Fisher, Miguel A. Núñez Jr., Steven Grives, Neil Fanning

 Scooby-Doo (2002) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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