[Film] Le Village des Damnés, de John Carpenter (1995)

Une ombre mystérieuse survole le village de Midwich dans le comté de Marin. Cet évènement cause l’évanouissement de tous les êtres vivants dans un territoire aux contours nettement définis. Pendant six heures, Midwich est sans vie. N’arrivant pas à entrer en contact avec les habitants du village, les populations voisines s’inquiètent. Des spécialistes du surnaturel se regroupent et tentent d’élucider ce phénomène. Quelque temps plus tard, dix habitantes de la bourgade dont une jeune femme vierge se retrouvent simultanément enceintes.


Avis de Rick :
Ah les années 90, elles furent compliquées pour John Carpenter. Un premier métrage sur lequel il n’a que peu de contrôle mais qui eu le mérite de lui faire rencontrer Sam Neil, un passage sur le petit écran avec Body Bags, enfin son grand retour avec L’Antre de la Folie en 1994, qui fut pourtant totalement boudé par le public et les critiques à sa sortie, avant trois films qui furent des échecs au box-office et des échecs critiques. Car avant Los Angeles 2013 et Vampires, il y a un film de Carpenter qui est souvent injustement oublié, souvent considéré comme mineur dans sa carrière, je veux bien entendu parler du Village des Damnés. Il faut dire que ce projet que l’on apporte à Carpenter, il est à double tranchant et rappelle un peu ce qu’il s’était passé durant les années 80 avec The Thing. Un projet de remake d’un film considéré comme culte, apporté par le même studio d’ailleurs, la Universal. L’approche de Carpenter est pourtant très différente sur ce projet. Là où sur The Thing, il apposait sa patte, son style, et modernisait l’ensemble, avec Le Village des Damnés, il reste très proche du film original de Wolf Rilla, si ce n’est que le film peut mentionner quelques sujets jugés trop tabou à l’époque (l’avortement), qu’il transpose l’histoire en Amérique et change le sexe du leader des enfants. Le résultat pourtant sera identique à The Thing, le film sera défoncé par les critiques, boudé par le public, et sera un échec au box-office. De quoi décourager tonton John, ce qui sera d’ailleurs le cas, une nouvelle désillusion pour le réalisateur. Le Village des Damnés mérite-t-il tout ça ? Encore aujourd’hui, le film est souvent oublié des amateurs de Big John, où se retrouve tout en bas des classements. Pour ma part, et même s’il est vrai que le film reste assez proche du métrage original tout en lui étant inférieur, j’ai toujours aimé Le Village des Damnés, pour ces scènes chocs, sa musique (en partie signée Big John), son casting réussi, son ambiance.

Sauf que oui, Big John, il a tellement signé de grands films que Le Village des Damnés apparaît bien évidemment comme mineur, pourtant bien supérieur au ratage non contrôlé que fut Les Aventures d’un Homme Invisible, ou contrôlé que fut Ghosts of Mars, et à l’impersonnel The Ward. Le Village des Damnés, tout le monde ou presque en connait l’intrigue. Tout le monde dans une toute petite ville s’endort pendant plusieurs heures de manière étrange et inexplicable, et au réveil, toutes les femmes sont enceintes. Neuf mois plus tard, malgré un incident (un mort-né), voilà 11 bambins, qui semblent tout à fait normaux. Ou presque, puisque le temps passe, et en plus d’afficher une chevelure grise, les enfants semblent liés entre eux, comme s’ils partageaient tous un seul esprit, et semblent doués de télépathie. Malgré son côté prévisible et le fait que le film dévoile très rapidement que oui, ses enfants là sont différents et dangereux, ne laissant donc planer aucun doute sur la menace, on se prend malgré tout au jeu, et Carpenter livre un métrage tout à fait recommandable, soigné visuellement, et bien entendu musicalement puisqu’encore une fois Carpenter touche à la musique, livrant d’ailleurs un très beau thème en ce qui concerne les enfants. Et s’il ne réinvente pas l’histoire ou ne se démarque pas assez du film original, il a su néanmoins s’entourer d’une solide équipe pour rendre son métrage divertissant. On pourra citer par exemple les nombreux méfaits des enfants, évidemment bien plus cruels et visuels que dans la version de 1960, avec des scènes même assez sadiques (la marmite bouillante, la visite chez l’ophtalmo). Sans être un métrage réellement sanglant et sans en faire des tonnes, ça fonctionne bien.

Et puis mine de rien, il y a également le casting, qui amène un plus indéniable, et un gros capital sympathie au métrage. Christopher Reeve (Superman) joue donc le héros, le docteur du village, son dernier rôle avant son malheureux accident. A ses côtés, comment ne pas citer la présence de Kirstie Alley (Star Trek 2), Michael Paré (même si le pauvre tournera tellement souvent pour Uwe Boll) en première victime, Mark Hamill (Star Wars) en prêtre, ainsi que quelques habitués de Carpenter, avec des petits rôles pour Peter Jason ou George Buck Flowers. Et bien entendu, comme ne pas souligner dans un film comme Le Village des Damnés la présence des enfants. C’est bien entendu Mara qui bouffe l’écran dés qu’elle est présente, prenant à l’écran les traits de Lindsey Haun (True Blood), glaçante et extrêmement convaincante en petite garce dénuée d’émotions. Elle est d’ailleurs l’une des réussites du métrage. Et puis, film mineur pour Carpenter, oui évidemment, mais il ne faut pas non plus rabaisser ce film, surtout qu’il s’achève sur un final assez tendu et explosif, qui m’avait marqué lors de la découverte du métrage en vidéo à la location, et qui continue de me fasciner aujourd’hui. Non, vraiment, malgré un manque évident de tension par moment et son côté prévisible, ainsi que son approche trop littérale du remake ce coup-ci, Le Village des Damnés n’est pas un mauvais film.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un bien beau casting
♥ Lindsey Haun, impressionnante
♥ Le final
♥ Classique mais prenant
⊗ Un remake assez timide
⊗ On est d’accord, cela reste un Carpenter mineur
⊗ Prévisible et révélant très vite ses cartes
note6
Œuvre souvent oubliée de maître Carpenter, Le Village des Damnés est certes un remake assez proche de l’original, et surtout un film assez mineur dans sa carrière, mais n’est pas un mauvais film pour autant. Sérieux, visuellement travaillé, porté par un bon casting et quelques scènes chocs, toujours un bon moment.


Titre : Le Village des Damnés – Village of the Damned
Année : 1995
Durée :
1h39
Origine :
Etats Unis
Genre :
Fantastique
Réalisation :
John Carpenter
Scénario :
David Himmelstein
Avec :
Christopher Reeve, Kirstie Alley, Linda Kozlowski, Michael Paré, Mark Hamill, John Falk, Karen Kahn, Meredith Salenger, Lindsey Haun et Peter Jason

 Le Village des damnés (1995) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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