[Film] Le Jour des Morts-Vivants, de George A. Romero (1985)


Les morts-vivants se sont emparés du monde. Seul un groupe d’humains, composé de militaires et de scientifiques, survit dans un silo à missiles.


Avis de Rick :
Le Jour des Morts-Vivants et moi, nous avons toujours eu une relation difficile qui date d’il y a des années. J’étais jeune, très jeune, trop jeune d’ailleurs, lorsque j’avais vu Zombie sur Canal +. Mes petits yeux innocents avaient été choqués, extasiés, j’avais adoré, c’était un film culte, un film puissant, hautement divertissant et portant un message sur notre société. Du pur Romero donc. Dans la foulée, j’avais pu me procurer en VHS ce fameux Jour des Morts-Vivants, espérant y trouver la même formule. Sauf que Le Jour des Morts-Vivants ne contient pas la même formule, il se base sur l’ambiance, sa première heure est très calme et se focalise avant tout sur les humains, deux groupes d’humains, des scientifiques et des militaires. Si bien que la jeune personne que j’étais avait été déçue, avais rangé la VHS et ne l’avais pas ressorti, restant sur un mauvais souvenir durant 20 ans. Le film me faisait peur. Mais face ces derniers temps à pas mal de gens qui m’encourageaient à retenter l’expérience, je me suis laissé tenté, pas plus tard qu’hier soir. Préjugés de côté, mon chat sur les genoux, les cigarettes à portée de main, et c’était parti pour Le Jour des Morts-Vivants, séance de rattrapage 20 ans après la première vision, passant de la qualité VHS en VF à la qualité Blu-Ray en VO par la même occasion. Je devais bien ça à Romero après tout qui nous a quitté récemment. Et en seulement une scène, je me suis dis que j’avais vraiment du passer à côté de quelque chose, que j’étais sans doute trop jeune pour le spectacle que Romero voulait nous proposer en 1985. Quelques notes de musique au synthé du fidèle John Harrison (qui réalisera plus tard Darkside produit et écrit par Romero), une ambiance froide avec une photographie grisâtre du tout aussi fidèle Michael Gornick (futur réalisateur de Creepshow 2, également produit par Romero), pour une scène de cauchemar qui représente parfaitement l’ambiance du métrage.

Romero nous présente ensuite ses personnages principaux lors d’une virée dans une grande ville totalement déserte jusqu’à l’apparition des morts-vivants. Le film annonce dés le début la couleur, le monde va encore plus mal qu’avant, les morts-vivants sont beaucoup plus présents et les survivants doivent se cacher. Romero fait le choix de se préoccuper d’un groupe de survivants, en apparence parfaitement organisé et réfugié dans un ancien silo à missiles, pour mieux s’amuser à le détruire de l’intérieur et nous montrer les pires aspects de l’être humain. Une lutte entre militaires et scientifiques, chaque groupe restant sur ses positions, les militaires ne se battant pas franchement pour la gloire et pour leur pays comme dans les nombreux films de l’époque, tandis que les scientifiques semblent au final un peu fous, sans morale, et donc, pas franchement responsables de leurs actions. L’humanité en prend encore un coup après La Nuit des Morts-Vivants et Zombie, mais Romero pousse le bouchon encore plus loin ici, un peu comme dans son beaucoup plus récent Land of the Dead (il faut savoir que beaucoup d’idées pour Le Jour… seront refusées par la production et qu’il les insérera donc dans Land). L’espoir ici ne viendra pas vraiment des humains… mais carrément des zombies. Oui oui monsieur, il fallait oser ! Alors évidemment, son message, contrairement à Zombie, a un peu vieillit, puisque si le message de Zombie est encore (voir même plus) d’actualité, nous sommes à présent habitués au message du Jour. Mais ne mentons pas, le message du Jour… reste malgré tout du pur Romero, et cela fait grandement plaisir.

Le danger viendra donc fatalement encore et toujours de l’humain avant tout. La Nuit… nous montrait un petit groupe incapable de s’entendre et courant à sa perte, Zombie nous montrant un petit groupe qui s’autodétruisait petit à petit avant l’arrivée de pillards qui faisaient le reste du boulot. Et bien dans Le Jour… c’est un peu pareil, mais Romero prend son temps. Toute la première heure, à l’exception du zombie Bud sera dédiée aux humains. Romero accentue les caractéristiques de chacun des groupes, si bien que l’ensemble m’aura malgré tout parût légèrement cliché. Oui, les militaires sont stupides et préfèrent tirer, tandis que le groupe de scientifiques ne fait pas très attention et ils pensent à leurs expériences avant tout. À l’exception de notre héroïne bien entendu. Les humains sont destinés à se détruire face à leur incapacité à se comprendre, à s’expliquer, à vivre ensembles. Du coup, la quasi intégralité des personnages manquent de morale. Et parmi tout ça, il y a Bud, un zombie prisonnier qui va montrer des qualités humaines en apprenant petit à petit, en se servant d’objets, et même en faisant preuve de compassion et de reconnaissance.

La menace zombie des deux précédents opus est donc souvent remplacée par la menace humaine, et le chef des militaires sera énervant. Le spectateur n’aura qu’une envie : le voir crever. Le contexte autour des personnages est hostile, le lieu qui leur permet de rester en sécurité ressemble plus à une prison qui les retient prisonniers les uns des autres. Et les zombies donc, le gore ? Là, il faut attendre la dernière demi-heure réellement, ce qui était le sujet de ma déception il y a 20 ans. Et pourtant, lorsque l’horreur pure et dure débarque, c’est un véritable festival, Tom Savini s’étant surpassé. C’est gore, ultra violent, impressionnant même par moment, et de nombreux moments resteront dans les esprits. Les effets spéciaux sont plus réalistes que jamais. Alors oui, à mes yeux, Le Jour des Morts-Vivants reste néanmoins plus faible que les deux précédents, mais en est la continuité logique, en se focalisant toujours plus sur des humains, ironiquement déshumanisés et courant à leur perte. Impressionnant lorsqu’il part dans l’horreur, intéressant dans son texte malgré il est vrai quelques clichés, il reste malgré tout un peu trop lent dans son intrigue, et c’est pour cela, malgré de gros défauts et de grosses qualités, que je lui préfère toujours Land of the Dead, continuant son message tout en retrouvant le côté divertissant de Zombie. Et puis avouons le, on reste des années lumières de Diary of the Dead et surtout de Survival of the Dead, qui eux étaient réellement mauvais.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un propos toujours intéressant
♥ Les scènes de cauchemar
♥ Le gore, impressionnant
♥ Une bonne continuité de l’univers
⊗ Sans doute un trop lent
⊗ Quelques personnages un peu trop clichés
Le Jour des Morts-Vivants est un très bon troisième épisode de la saga. Certes un peu moins bon, et sans doute trop lent dans sa première partie, le métrage n’en demeure pas moins une réussite.



Titre : Le Jour des Morts-Vivants – Day of the Dead
Année : 1985
Durée : 1h43
Origine : U.S.A.
Genre : Horreur
Réalisateur : George A. Romero
Scénario : George A. Romero

Acteurs : Lori Cardille, Terry Alexander, Joseph Pilato, Jarlath Conroy, Anthony DiLeo, Richard Liberty et Sherman Howard

 Day of the Dead (1985) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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