[Film] Le Dernier Voyage du Demeter, de André Øvredal (2023)

Le navire de commerce Demeter quitte la Transylvanie pour un long voyage vers Londres, avec à son bord une mystérieuse cargaison. D’étranges événements vont alors survenir et décimer peu à peu les membres d’équipage. Les survivants vont tenter de survivre à une présence qui sévit chaque nuit sur le Demeter.


Avis de Rick :
Dernier métrage en date montrant un studio sacrifiant un de ses films sur l’autel du profit rapide (en gros, ça ne marche pas au box-office, donc ça se retrouve en streaming deux semaines plus tard, tuant ainsi toute possibilité de gagner un peu plus d’argent en salles), Le Dernier Voyage du Demeter, même si je dois avouer que je n’en avais jamais entendu parler avant sa sortie, c’est le métrage avec un fort potentiel qui éveille au moins la curiosité. Adapter un chapitre unique du roman Dracula, avec pas mal de modifications pour tenir sur un long métrage évidemment, et confier le tout au réalisateur André Øvredal, soit le réalisateur des excellents The Troll Hunter et The Autopsy of Jane Doe, c’était une bonne idée. Une bonne idée car déjà, c’est un bon réalisateur, et ensuite car ce fameux chapitre, racontant la traversée du bateau Demeter, le bateau qui amena Dracula jusqu’en Angleterre, il est à la fois intriguant et évasif, et donc permet énormément de choses. Le réalisateur, il a en plus un budget confortable pour mener sa mission à bien (45 millions de dollars pour un huis clos dans un bateau), et ce même si le projet, il ne date pas d’hier, la première ébauche du scénario ayant été signée en 2002. Les réalisateurs envisagés sont nombreux, de Robert Schwentke (Flight Plan, Red, Divergente 2 et 3) à Marcus Nispel (Massacre à la Tronçonneuse), en passant par Neil Marshall (The Descent) et David Slade (30 Jours de Nuit). Le projet traine et arrive entre les mains de André Øvredal en 2019, et c’est donc finalement en Août 2023 que le public peut poser ses yeux sur le bateau maudit. Enfin, qu’il aurait dû poser ses yeux, car à l’heure actuelle, le métrage n’a rapporté que 20 millions, qui ne devraient pas franchement augmenter vu que le film est visible en ligne. La Universal et Dracula, en 2023, c’est vraiment la débandade, après Renfield, qui lui pourtant prenait la voie de l’humour. Le Dernier Voyage de Demeter lui, prend la voie du film d’horreur tout ce qu’il y a de plus sérieux, et si c’est loin d’être parfait, le métrage a néanmoins ce petit capital sympathie qui fait que je n’ai pas envie de le descendre, loin de là.

Déjà, on ne passe pas un mauvais moment devant le métrage du Norvégien. Son scénario, bien que beaucoup trop long et sûr de lui quant à sa capacité à nous intéresser à la plupart des personnages, a quelques belles idées en poche. L’ajout d’un enfant à bord par exemple, elle semble étrange, puisque l’on sait qu’en Amérique, on n’aime pas trop se débarrasser des enfants à l’écran, et qu’en plus, en adaptant la traversée du Demeter, l’issue du récit est connue de tous. Tout le monde doit mourir, Dracula arrive bel et bien à Londres, et l’histoire continue. Mais le scénario, avec le personnage du fils du capitaine donc, mais aussi avec l’ajout d’un personnage féminin qu’il parvient plutôt bien à justifier en plus, il est malin. Malin car il se joue de nos attentes. Inconsciemment ou non, qu’importe, mais il se joue de nous, en nous faisant soupirer en mode « oui le gamin et la fille vont survivre ». Sauf que non, si en effet des libertés sont prises, même lors du final, le film reste dans l’optique de garder intact l’ambiance de Bram Stoker, et personne n’est donc à l’abris. Excellent point. On ne pourra pas en dire autant en réalité du reste de l’équipage. Entre le cuisinier croyant, le second au grand cœur, ceux qui ne sont là que pour servir de proie à Dracula, les personnages secondaires n’ont aucun réel développement, et c’est dommage car le film s’attarde pendant un long moment sur eux, prenant le temps d’établir l’équipage avant de lâcher la menace, et donc en résulte une première partie plutôt bavarde. Il faut donc signaler que oui, le métrage dure deux heures, et c’est un peu trop long. Si le métrage se débarrassait des personnages les moins développés rapidement pour resserrer son récit sur les autres, pourquoi pas, mais il ne fait pas ce choix. Mais jamais regarder le film n’est une torture, et les personnages ne feront même pas soupirer, donc, ça passe.

Là où le métrage s’en sort finalement de toute façon, c’est dans le reste. Du design de son vampire inspiré du Nosferatu de Murnau, et donc beaucoup plus terrifiant qu’un simple homme séduisant en costard, de sa mise en scène le plus souvent sobre et millimétrée, de ses apparitions furtives de sa créature les trois quarts du temps, que l’on ne voit que comme une silhouette cachée dans l’ombre ou dans la brume environnante. Le réalisateur retarde le moment où l’on pourra admirer sa créature dans toute sa splendeur, et c’est tant mieux. Son ombre plane sur le récit dés que la nuit tombe, et ça fonctionne bien. Par contre, Le Dernier Voyage du Demeter n’est pas un film se voulant choc ou gore. Il est saignant, mais n’abuse jamais de la couleur rouge (il laisse ça à Renfield), ne multiplie pas les attaques qui vont repeindre le bateau en rouge. Il préfère jouer clairement sur l’ambiance et la menace de sa créature, et ça, il le fait plutôt bien. Même si en réalité, la longueur du film joue encore en sa défaveur, puisque l’on pourrait au final dire que le métrage dans son ensemble manque un peu de… mordant. En ce sens, évidemment, le métrage déçoit, surtout avec un tel réalisateur, et un tel concept. Mais il traite son sujet sérieusement, il se révèle beau visuellement (à quelques fonds verts bien moches près), et autant beaucoup de personnages sont assez creux, autant les acteurs fournissent du bon boulot. On en vient évidemment à se dire que le film aurait dû être plus, être mieux, on en vient à rêver au cauchemar opaque que le métrage aurait pu être surtout vu les influences revendiquées par le réalisateur, mais en l’état, le métrage est un petit film fantastique divertissant, faisant passer un bon moment, et qui, en réalité, avec 20 minutes de moins, aurait déjà pu quelque peu corriger certains de ses défauts.

LES PLUS LES MOINS
♥ Très beau visuellement
♥ Le look de Dracula
♥ Un film plaisant et fait sérieusement
♥ Des libertés souvent bien amenées
⊗ Trop long et manquant donc de mordant
⊗ Bien bavard au début
⊗ Beaucoup de personnages peu développés
note6
Dernier flop d’Août 2023, Le Dernier Voyage du Demeter ne méritait pas un tel sort. Certes, il y a des failles, c’est un poil trop long, mais la proposition du réalisateur André Øvredal est honnête et fait parfois les bons choix.


Titre : Le Dernier Voyage du Demeter – The Last Voyage of the Demeter
Année : 2023
Durée :
1h58
Origine :
Etats Unis
Genre :
Fantastique
Réalisation :
André Øvredal
Scénario :
SBragi F. Schut et Zak Olkewicz
Avec :
Corey Hawkins, Aisling Franciosi, Liam Cunningham, David Dastmalchian, Chris Walley, Jon Jon Briones, Stefan Kapicic et Martin Furulund
The Last Voyage of the Demeter (2023) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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