[Film] Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs, de John Francis Daley et Jonathan Goldstein (2023)


Un barde voleur beau gosse, une bande d’aventuriers improbables entreprennent un casse épique pour récupérer une relique perdue. Les choses tournent mal lorsqu’ils s’attirent les foudres des mauvaises personnes.


Avis de Cherycok :
Ceux qui me connaissent le savent, je suis un rôliste. A l’heure où j’écris ces lignes, j’ai 43 ans et je fais du jeu de rôle de manière régulière depuis 28 ans, dont bien 15 ans de Donjons & Dragons. Gamer également de mon état, j’ai bien entendu joué aux jeux vidéo adaptés de la licence D&D tels que Neverwinter Night, les Baldur’s Gate, Dark Alliance et autres Planetscape Torment. Comme beaucoup, je me suis jeté à l’époque sur le Donjons & Dragons sorti en 2000. Et comme beaucoup, forcément, j’ai couiné devant le désastre, devant le non respect de la licence, avec cette furieuse impression que les mecs derrière ce fisco ne connaissaient pas du tout D&D. Je me suis quand même infligé sa première suite en 2005, puis sa deuxième en 2012, plus fauchées, un peu plus respectueuses, mais tout aussi ratées. Alors lorsque Paramount a lâché le trailer de cette nouvelle adaptation d’une licence chère à mes yeux, j’étais craintif, très craintif. Sceptique également tant l’ensemble semblait surfer sur la vague marvelisante de ces dernières années. Mais forcément, ça a titillé ma curiosité… Une curiosité malsaine, certes, mais je me devais de voir ce qu’ils avaient une fois de plus fait subir à mon jeu de rôle de cœur. Et là, surprise. Il parait que c’est lorsqu’on n’attend rien d’un film qu’on est le plus agréablement surpris. Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs m’a agréablement surpris. Très agréablement surpris même. Un blockbuster tout simple, mais qui a tout compris à ce que devrait être un blockbuster popcorn.

En 2018, les deux réalisateurs John Francis Daley et Jonathan Goldstein avaient déjà pondu un très divertissant Game Night, un film prenant pour contexte de départ les jeux de société. Aujourd’hui, ils adaptent une licence de jeu de rôle. Il y a fort à parier que les deux jeunes metteurs en scène aient grandi dans le jeu de plateau / jeu de rôle et que donc il était primordial pour eux de ne pas trahir, déformer, abimer le matériau d’origine. Clairement, on a très vite l’impression qu’ils savent de quoi ils parlent. Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs se déroule dans le cadre de campagne des Royaumes Oubliés (Forgotten Realms) et prend soin de n’avoir aucun lien avec la trilogie de 2000/2012 citée plus haut. Le début de la production du film remonte à 2013 et le projet est passé entre de nombreuses mains. Un temps chez Warner, avec dans un coin Universal qui guettait, c’est finalement chez Paramount que les droits finiront avec un scénario qui aura été retravaillé plusieurs fois et de nombreux noms différents aussi bien pour la réalisation que pour le casting. Le film sort finalement dix ans après sa genèse, et on se retrouve avec un divertissement d’une simplicité assez touchante comme on n’en avait pas vu depuis longtemps dans un blockbuster américain. Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs respecte le cahier des charges d’un blockbuster hollywoodien, mais il le fait bien, sans jamais péter plus haut que son cul. Un film simple qui cherche à divertir et qui y arrive haut la main. Un film simple, oui, mais avec malgré tout un petit côté fou-fou des plus bienvenus qui nous donne l’impression de vivre un scénario de jeu de rôle, avec ses quêtes, ses rencontres, ses combats, la découverte petit à petit du background, un dénouement. Le film ne cherche pas à être une introduction à une franchise. Il a un début, un développement, une fin, et on sent une démarche sincère et pas une introduction à une future machine à pognon. Bien entendu, si le film marche, il pourrait y avoir des suites, mais cela pourrait plus être des films dans le même univers, avec d’autres groupes de personnages, d’autres péripéties, plutôt qu’une réelle suite à ce premier film. Et rien que pour ça, c’est rafraichissant.

Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs est un film généreux car il va en donner pour son argent au spectateur. Les 2h15 du film filent à vive allure et ne laissent que peu de place à l’ennui. Certes, le début est un peu poussif, mais il est là pour installer les péripéties qui vont suivre. L’ensemble est très codé, il n’y a pas réellement de surprise dans le scénario, et on sait où le film cherche à nous amener. Mais on se laisse volontiers porter car il fait parfois preuve d’ingéniosité, de créativité, aussi bien visuelles qu’au niveau du scénario, un peu comme le feraient certains joueurs lors de l’élaboration de plans improbables. Le fan service n’est ici pas de rigueur. Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs va utiliser la licence, que ce soit certains monstres, certains lieux, certains objets magiques, certaines classes et races de personnages, mais va en faire quelque chose bien à lui, se les approprier pour servir son scénario et pas juste pour les dégueuler à la gueule des fans. Les scènes d’action sont très bien filmées, bien chorégraphiées, toujours très lisibles, avec une caméra qui tente des mouvements parfois très intéressants (souvent aidée par le numérique). Certains CGI font un peu grincer des dents là où d’autres sont très bien utilisés et intégrés. Mais, très bonne idée, les réalisateurs n’hésitent pas à aller dans le maquillage, les prothèses en latex, les animatronics pour certains personnages, pour certains monstres, pour certains décors, afin de leur donner un aspect plus réel, plus palpable, plus old school, et ça fonctionne clairement. Certains pourront râler en disant que le ton du film est un peu trop léger, avec son humour, ses blagues, bien qu’on ne soit pas sur le même terrain que chez Marvel. Ça peut se comprendre, il y aurait de quoi faire une saga digne du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson. Mais le film, malgré l’univers sombre des Royaumes Oubliés, semble chercher à retranscrire l’ambiance cool et décontract d’une partie du jeu de rôle Donjons & Dragons, avec ses fous rires, les jeux de mots pourris des joueurs, les ratés dans les jets de dés, mais aussi les moments épiques, les moments de bravoure inespérés. Oui, ça ne se prend pas au sérieux, mais on ne tombe jamais dans la parodie, et le résultat à l’écran est hautement divertissant, sorte de Indiana Jones à la sauce Fantasy, avec parfois un humour absurde à la Monty Python. Je suis le premier à cracher sur les blockbusters actuels, mais quand c’est bon, il faut le dire. Alors mon avis ne vaut rien, mais moi je valide !

LES PLUS LES MOINS
♥ Un film simple
♥ Les scènes d’action
♥ Le rythme
♥ Des personnages attachants
♥ Respectueux de l’univers
⊗ Balisé et prévisible
⊗ Va un peu trop vite ?

Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs est un film qui a tout compris à ce que devrait être un divertissement pop-corn. Qu’on soit amateur ou non du jeu de rôle, le film remplit haut la main son contrat. Et à une époque où Marvel et DC abreuvent les écrans de machins informes et sans âme, ça fait du bien !

LE SAVIEZ VOUS ?
• Bien qu’il n’ait pas été impliqué dans la production ou crédité pour son travail, le créateur des Royaumes oubliés, Ed Greenwood, a adoré le film, déclarant qu’il s’agissait d’un film dont les fans de D&D pouvaient être fiers sans avoir à défendre le jeu auprès des non-initiés, et il a même mentionné qu’il prévoyait de le voir plusieurs fois. Il était également heureux de voir sa création fidèlement adaptée sur grand écran.

• Chris Pine a accepté de jouer parce que le rôle d’Edgin est très atypique pour un acteur principal de film fantastique et parce qu’il a assisté à une campagne de D&D de son neveu et a vu à quel point lui et ses amis s’amusaient.

• Tous les sorts utilisés dans le film, même s’ils ne sont pas nommés, sont des sorts utilisés dans le jeu de rôle Dungeons & Dragons.

• John Francis Daley, co-scénariste et co-réalisateur de ce film, a joué dans la série télévisée Freaks and Geeks (1999-2000), où son personnage, Sam Weir, est un grand fan de D&D et est vu en train de jouer à ce jeu avec ses amis dans le dernier épisode de la série, « Discos and Dragons ».



Titre : Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs / Dungeons & Dragons: Honor Among Thieves
Année : 2023
Durée : 2h14
Origine : U.S.A
Genre : Il était temps !
Réalisateur : John Francis Daley, Jonathan Goldstein
Scénario : John Francis Daley, Jonathan Goldstein, Michael Gilio

Acteurs : Chris Pine, Michelle Rodriguez, Regé-Jean Page, Justice Smith, Sophia Lillis, Hugh Grant, Chrole Coleman, Daisy Head, Spencer Wilding, Will Irvine

Dungeons & Dragons: Honor Among Thieves (2023) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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