Film] Bright, de David Ayer (2017)


Dans un monde contemporain alternatif, les humains vivent depuis la nuit des temps avec les Orcs, les elfes et les fées. Daryl Ward, un policier humain du LAPD, est contraint de faire équipe avec Nick Jakoby, le premier policier Orc. Daryl revient tout juste au service après s’être fait tirer dessus en service. Il règne une forte haine au sein du département de police contre Nick Jakoby. Les affaires internes demandent même à Daryl de monter un dossier contre lui pour enfin l’évincer. Daryl et Nick vont cependant devoir s’unir pour arrêter une importante menace maléfique.


Avis de Cherycok :
Bright. Voilà une production Netflix (sa plus couteuse, 90M$US) qui aura fait beaucoup parler d’elle, en mal la plupart du temps. C’est simple, à peu près toutes les critiques américaines ont détesté le film, ce dernier se ramassant des notes et des avis catastrophiques sur Metacritic ou Rotten tomatoes. Certains iront même jusqu’à le qualifier de pire film de l’année 2017, et pourtant il y en a eu des bouses cette année. Cela est-il justifié ? Est-ce qu’il n’y aurait pas un certain acharnement envers David Ayer qui, après son catastrophique Suicide Squad a immédiatement acquis le statut de réalisateur mal aimé, faisant même très rapidement oublier aux spectateurs qu’il est derrière les bons Fury (2014) et End of Watch (2012) ? Pourtant, à l’heure où tout n’est que resucée avec moult reboots, remakes, et autres reboots de remakes, Bright a le mérite de proposer un univers un peu plus original qu’à l’accoutumée qui aurait été suivi par 11 millions de personnes juste sur les 3 premiers jours qui suivirent la sortie le 25 décembre dernier.

Bright s’inspire de l’univers du jeu de rôle Shadowrun sorti en 1989 dans sa première édition et toujours joué de nos jours (5ème édition). Il est difficile de résumer en quelques lignes cet univers, même pour quelqu’un comme moi qui y a joué plusieurs années. Il s’agit d’un univers uchronique et cyberpunk, une projection future du monde des années 1990 et 2000 se déroulant aux alentours des années 2050/2070 qui repose sur un « éveil » de la magie survenu dans une société axée sur la technologie. La trame magique, endormie depuis des millénaires, s’est réveillée sur Terre et des enfants normaux ont muté en elfes, nains, orks, trolls et autres créatures imaginaires. Un monde dominé par des mégacorporations et autres multinationales ayant acquis le droit d’avoir leurs propres forces armées et qui dictent leur propre politique à une majorité de pays. La technologie a évolué, certaines personnes ont même recours à des implants cybernétiques ou biotechnologiques, et Internet est remplacé par le monde virtuel de la Matrice, procurant pour le coup une immersion sensorielle totale à ses utilisateurs, c’est-à-dire la quasi-totalité de la population mondiale. Dans ce monde où la technologie côtoie la magie, des mercenaires -les shadowrunners- survivent en gagnant de l’argent lors de missions illégales demandées par toutes sortes de commanditaires. Ils font le sale boulot pour des employeurs dont ils ignorent tout en espérant être payés en retour. Un univers extrêmement vaste pour un jeu de rôle qui aura remporté de nombreuses récompenses à travers le monde.

De cet univers, David Ayer et Max Landis ne vont garder que quelques éléments. On retrouve les différentes races (excepté les trolls et les nains, du moins pour cet opus) ainsi que le statut social que le jeu met également en place. Les elfes font souvent parties des classes huppées, de l’élite, là où les orks seront plus organisés en bandes, dans des quartiers pauvres, souvent discriminés par le reste de la population mais possédant un fort code d’honneur. La magie elle aussi est bien présente même si traitée différemment du jeu de rôle puisqu’ici, seuls les « sorciers » sont les élus pouvant pratiquer de puissants sortilèges grâce à des baguettes. Mais difficile d’adapter en deux heures un univers aussi riche que celui de Shadowrun. Pour le coup, Bright ne fait qu’effleurer l’étendue des possibilités qui lui étaient offertes. Il en reprend un des principes mais laisse les autres sur la touche. Néanmoins, les codes utilisés y sont respectés et, pour qui connait le matériau d’origine, c’est déjà une très bonne chose même si on aurait préféré que Netflix voit plus loin, avec par exemple une trilogie reprenant vraiment tout l’univers et les thèmes qui y sont abordés. Mais nous n’allons pas bouder là notre plaisir.

Oui, « plaisir », j’ai osé mettre le mot, car j’avoue ne pas comprendre l’acharnement quasi unanime envers le film. Il a des défauts, c’est certain, à commencer par cet happy end final qui sonne un peu faux (mais qu’on comprend depuis l’annonce d’une suite) et un déroulement qui reste classique. Mais il est en tout cas clairement moins honteux que ce que j’ai pu lire un peu partout. On est d’accord que cette coopération entre deux policiers de différentes races (l’un humain, l’autre ork) n’est qu’une énième déclinaison du genre buddy movie, avec ses deux protagonistes que beaucoup de choses opposent mais qui vont devoir faire équipe et même finir par s’apprécier et se soucier l’un de l’autre. Mais pourtant l’alchimie fonctionne plutôt bien. Pour une fois, Will Smith n’est pas en mode « Je me la pète » et Joel Edgerton est très touchant grâce à un jeu très juste, malgré le maquillage. Le duo est attachant et on a envie de voir où toutes leurs mésaventures vont les mener.
En termes d’action, sans être exceptionnel, c’est plutôt efficace. Courses poursuites, gunfights, combats à main nues, il y en a pour tous les gouts. Malgré quelques effets shakycam par-ci par-là, l’ensemble reste très lisible et le film se permet même quelques excès de gore surprenants et bienvenus. L’action arrive à intervalles assez réguliers, permettant au rythme de ne faiblir que très rarement, même si on aurait préféré que le film s’attarde effectivement plus à développer l’univers de Shadowrun plutôt que de seulement l’effleurer. Il aborde certes les thématiques du racisme et du vivre ensemble, mais on a parfois l’impression que David Ayer ne sait pas trop comment gérer la chose et il n’essaie que très rarement d’approfondir le sujet.

LES PLUS LES MOINS
♥ L’univers riche…
♥ Mise en scène correcte
♥ Le duo de héros
⊗ … mais pas assez développé
⊗ Le final too much
⊗ Déroulement classique
Bright n’est clairement pas la purge cosmique que tous les médias américains se sont accordés à allègrement démonter. Certes, son manque de profondeur et de développement de son univers ne lui permettent pas d’acquérir le statut de bon film, mais il n’en demeure pas moins un sympathique divertissement qui se regarde sans souci.



Titre : Bright
Année : 2017
Durée : 1h57
Origine : U.S.A
Genre : Shadowrun light
Réalisateur : David Ayer
Scénario : Max Landis

Acteurs : Will Smith, Joel Edgerton, Noomi Rapace, Edgar Ramirez, Lucy Fry, Veronica Ngo, Alex Meraz, Happy Anderson, Ike Barinholtz, Dawn Olivieri

 Bright (2017) on IMDb















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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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