[Film] Beauty Parade, de Tang Huang (1961)


Guo Sue est une jeune campagnarde dont les parents, et plus particulièrement son père, décident d’envoyer étudier dans une école en ville aux méthodes occidentales. Pleine de bonne volonté, la jeune fille va être malheureusement maltraitée par ses camarades de chambre qui vont tout faire pour qu’elle soit renvoyée et rate son examen de fin de semestre. Alors qu’elles pensent l’humilier une fois de plus, nos 3 pestes inscrivent Guo Sue à la finale du 200 mètres, mais contre toute attente la jeune fille gagne la course et devient la reine du sport de l’école…


Avis de Ryô Saeba :
En 1961, la Cathay (encore MP & GI à l’époque) se partageait le marché avec l’autre grosse compagnie cinématographique de l’époque : la Shaw Brothers, ne laissant que très peu de place aux compagnies telles que la Great Wall ou Feng Huang qui tenaient pourtant une place importante dans l’industrie durant les années 50. La réussite de la Cathay s’est faite grâce à ses mélodrames familiaux, comédies romantiques ou musicales, magnifiant une jeunesse composée de leur star système féminin et offrant à la fois un divertissement à la mode au jeune public tout en proposant une échappatoire au peuple encore tourmenté par la situation d’après-guerre. L’influence du cinéma hollywoodien est indéniable, que ce soit dans le style ou la structure, tout en n’oubliant pas cependant de respecter les traditions chinoises, notamment en ce qui concerne la place de la famille, ainsi qu’un esprit critique et social personnel.

On retrouve parmi ses grandes stars féminines, qui ont fait les beaux jours du studio, Kitty Ting Hao surnommée « Little Darling » à cause de son rôle dans le film du même nom. Elle fut révélée en 1957 dans le film qui lança véritablement le succès du Studio et qui propulsa Grace Chang au rang de superstar : Mambo Girl. Elle y incarnait alors le rôle de la petite sœur de Grace Chang. Depuis, la petite sœur a grandi et, alors que la carrière de Grace Chang chute à cause de son mariage, celle de Kitty Ting Hao est véritablement au top de sa popularité. Beauty Parade est donc tout naturellement écrit pour elle et construit autour de son personnage de jeune campagnarde naïve et désireuse de réussir pour gagner la fierté de sa famille dont tous les espoirs reposent sur elle. On retrouve de nombreux points commun avec 2 films antérieurs du cinéma chinois : La Basketteuse n°5 de Xie Jin et surtout La Reine du Sport de Sun Yu. En effet, tout comme dans le film de Sun Yu, on retrouve le thème de la fille provinciale qui va étudier en ville et devenir une véritable vedette grâce au sport. Seulement, même si le ton de La Reine du Sport était plutôt léger comparé à d’autres de ses réalisations, Sun Yu ne manquait pas d’y inclure un fond et une critique sociale, décrivant les dangers d’une gloire éphémère acquit grâce au sport et la jalousie qu’elle peut engendrer.

Dans Beauty Parade, le divertissement prend la main mise sur le film et ne laisse que très peu de place à l’esprit critique et c’est bien là où l’on voit toute la différence entre le cinéma des années 30 et celui des années 60. Dès qu’elles voient la réussite de Guo Sue, celles qui étaient jalouses et ne cessaient de lui jouer des mauvais tours, se rangent alors à sa cause. On est forcément en droit d’attendre un mouvement hypocrite de leur part mais celui-ci n’arrivera pas, elles sont vraiment devenues les meilleures amies du monde. De plus, on est en droit de se demander ce que serait devenu Guo Sue si celle-ci n’avait pas eu de talent particulier pour le sport, nul doute qu’elle serait restée la petite paysanne dont tout le monde se moquait. C’est justement ce chemin qu’à choisit Sun Yu pour la fin de la Reine du Sport, en faisant perdre la dernière course à son héroïne, ses amies acquises grâce au sport s’en vont tout comme sa popularité si grande jusqu’ici. Les choix de la Cathay de pouvoir à la fois fournir un divertissement pour les jeunes et une échappatoire au peuple encore tourmenté par la situation d’après-guerre sont nul doute la cause de cette mise en avant du divertissement et ce côté politiquement correct.

Le métrage traite tout de même avec le début du film de la difficulté qu’ont les personnes vivant à la campagne pour avoir accès à l’éducation. Les parents de Sue travaillent d’arrache-pied tout comme son frère, pour qu’elle puisse étudier. Le racisme des gens de la ville vivant à l’occidental envers les campagnards est également mis en avant, même si très vite éclipsé. Les passages sportifs sont très plaisants, on a le droit entre autre à des séquences de tir à la corde, natation, lancer de javelot, course à pied et bien sûr match de basketball. Au niveau des acteurs, on notera la présence de Lo Wei, futur réalisateur de la Shaw Brothers ainsi que de Big Boss et Fist of Fury, interprétant fort bien d’ailleurs, le père de Guo Sue. Mais aussi Kelly Lai Chen, un des acteurs pilier de la Cathay jouant, toujours des personnages de jeunes premiers sensibles, ainsi que l’incontournable Liu Enjia qui jouait le père de Kitty Ting Hao et Grace Chang dans Mambo Girl. On retrouve aussi l’actrice qui joue la mère de Grace Chang dans Mambo girl et Air Hostess jouant ici le rôle d’un professeur de cuisine.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les thématiques abordées
♥ Kitty Ting Hao
♥ Les passages sportifs
⊗ Le côté social pas approfondi
Au final, Beauty Parade est un divertissement sympathique qui se laisse voir avec le sourire mais dont on regrette que le côté social ne soit pas un peu plus approfondi.


Titre : Beauty Parade / 體育皇后
Année : 1961
Durée : 1h44
Origine : Hong Kong
Genre : Comédie Dramatique
Réalisateur : Tang Huang
Scénario : Wang Liu-Chao

Acteurs : Kitty Ting Hao, Kelly Lai Chen, Lo Wei, Cheung Ching, Mai Ling, Liu En-Jia, Tin Ching, Chang Chien-Fei, Lin Hui, Tan Ni, Kao Hsiang, Lui Tat, Wang Shi-Li

 Ti yu huang hou (1961) on IMDb


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Auteur : Ryo Saeba

C’est véritablement Shaolin Soccer qui déclencha un élan de passion à partir duquel il se lança dans la vision de films sous titrés anglais. Et là ce fut le bonheur, il avait devant lui tout un pan du cinéma à découvrir, des genres propres au cinéma de Hong Kong comme le kung fu old school, les girls with guns ou encore le Wu Xia Pian...
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