[Film] The Queen of Black Magic, de Lilik Sudjio (1981)

Murni est séduite par un homme influent de son village, avant d’être finalement accusée de magie noire lorsque celui-ci épouse une autre femme et que le malheur le frappe. Laissée pour porter après avoir été poussée d’une falaise, Murni est sauvée par un autre étrange, qui va lui apprendre la magie noire pour qu’elle puisse se venger.


Avis de Rick :
Si le cinéma Indonésien ne se porte pas trop mal de nos jours, il faut aussi se rappeler que celui-ci se portait finalement très bien au début des années 80, période où pour sortir des films étrangers, il fallait en échange produire des films locaux, ce qui expliqua l’explosion du cinéma Indonésien, des tournages locaux, et forcément, l’explosion du cinéma horrifique, puisque comme partout, quoi de mieux pour un tournage économe et rapide qu’un film d’horreur ? Alors oui, parfois on se retrouvait devant des films d’exploitations mélangeant un peu tout et n’importe quoi, notamment le kung-fu et la magie noire, ou de simples copies de succès à l’étranger, comme Wolf en 1981, simple copie de Vendredi 13, mais cela donna également quelques films cultes qui marquèrent une génération de cinéastes en venir, puisqu’autant Satan’s Slave que The Queen of Black Magic eurent droit à leur remake à la fin des années 2010. Enfin, remake… des films prenant inspiration dans ses œuvres pour mieux s’en éloigner par la suite, au final une bien belle manière de faire, puisque ne rendant pas les films originaux obsolètes, et apportant du coup forcément un nouveau regard sur un sujet, un thème ou même un genre. Bref, qu’importe, puisqu’il est temps de retourner en 1981 pour parler du métrage original de Lilik Sudjio, The Queen of Black Magic, mettant en avant la fort charmante Suzzanna, incarnant Murni, une femme comme les autres, belle, et dont les charmes vont attirer Kohar, un homme du village un brin manipulateur, et qui, après avoir pris la virginité de Suzzanna en lui promettant de l’épouser, en épousera une autre. Le malheur va s’abattre sur lui, et une seule solution possible pour Kohar : Murni fait de la magie noire vu qu’elle lui en veut.

De ce simple constat, il va dresser tout le village contre la jeune femme qui sera laissée pour morte, et qui sera sauvée par un mystérieux individu, Gendon, qui va lui donner les moyens de se venger, en apprenant pour de vrai la magie noire ce coup-ci. Simple, direct, efficace, les enjeux sont très rapidement posés, et le métrage se laisse alors aller à divers débordements graphiques du plus bel effet pour l’époque, le tout à un rythme endiablé, car pas le temps de trainer ici, ni de développer des personnages dignes de Shakespeare, non non, il faut aller à l’essentiel. Murni est une jeune femme uniquement animée par la vengeance 80% du temps, Kohar n’est qu’un lâche un brin manipulateur, Gendon connait la magie noire et le spectateur ne mettra pas une heure à relier les points (en gros, il était le responsable des quelques actes de magie noire au début du métrage, et a donc forcément un lien avec le village), et à part un autre personnage arrivant bien plus tardivement dans l’intrigue, les autres personnages ne sont clairement là que pour mourir, de préférence de manière horrible et douloureuse. Peau qui gonfle, corps qui explosent, auto-décapitation (oui oui) avant que la tête coupée ne s’envole pour arracher un morceau de bras sur un autre pauvre homme, c’est un festival qui se laisse aller, et les effets sont de bonne facture, bien que la couleur du faux sang laisse clairement voir l’âge du métrage. Mais si l’âge du métrage, plus de 40 ans maintenant, est voyant, son charme lui reste présent.

Car oui, c’est une aventure extrêmement généreuse et rythmée qui est proposée là, sans doute un brin facile puisque les exécutions à base de magie noire se multiplient très rapidement passé l’apprentissage express de Murni, mais c’est aussi là une des forces du métrage. Rythme qui ne descendra qu’un peu, pour introduire donc un nouveau personnage, et donc révéler aux spectateurs les véritables intentions du sauveur de Murni, intentions finalement donc peu louables et surtout égoïstes… comme finalement les autres habitants du village, qui depuis le début, suivent juste les autres, maltraitent Murni, puis se rejettent la faute les uns sur les autres. Dans sa structure donc, le métrage n’invente jamais vraiment rien, mais se fait solide, prenant, et pour nous, public occidental, a ce petit côté exotique méconnu qui peut fasciner. Cela lui donne clairement un petit plus, car autant l’avouer, le même métrage venant des Etats Unis n’aurait pas eu le même impact. Fait amusant, pour beaucoup, The Queen of Black Magic aurait été influencé par les deux films HK Black Magic, et tout cela est finalement fort probable, tant il y a bien quelques éléments que partagent les œuvres. Ceci dit, The Queen of Black Magic, lui, se fait plus généreux dans son contenu et dans ses effets et demeure donc une curiosité intéressante, même si bien moins viscéral que la relecture de Kimo Stamboel en 2019.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un métrage rythmé
♥ Généreux en horreur
♥ Des effets à l’ancienne parfois surprenants
♥ Son côté exotique
⊗ Mais un petit côté vieillot
⊗ Peu surprenant dans sa structure
note6
The Queen of Black Magic est un métrage culte des années 80, qui encore aujourd’hui, se regarde très bien. Il est généreux, très bien rythmé, contient son lot de scènes sanglantes et plaira à l’amateur, même si un peu daté sur certains points.


Titre : The Queen of Black Magic – Ratu Ilmu Hitam
Année : 1981
Durée :
1h30
Origine :
Indonésie
Genre :
Horreur
Réalisation :
Lilik Sudjio
Scénario :
Imam Tantowi
Avec :
Suzzanna, W.D. Mochtar, Teddy Purba, Sofia W.D., Alan Nuary, Siska Widowati, Dorman Borisman, Doddy Sukma et Mien Brodjo

Ratu ilmu hitam (1981) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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