[Film] Mayday de Jean-François Richet (2023)


Un pilote commercial, Brodie Torrance, a réussi l’exploit de faire atterrir son avion endommagé par une tempête sur la terre ferme. Il va découvrir qu’il s’est posé sur une zone de guerre. Lui et les passagers se retrouvent pris en otage…


Avis de Cherycok :
Jean-François Richet est un réalisateur français que j’apprécie particulièrement. Que ce soit dans les année 90 avec Ma 6-T va Crack-er, les années 2000 avec le diptyque sur Mesrine (L’Instinct de Mort et L’Ennemi Public n°1), et même les années 2010 avec, dans une moindre mesure, la grosse production L’Empereur de Paris, il a toujours essayé de donner un coup de fouet au cinéma français qui, force est de le constater, n’est pas vraiment prolifique en termes de cinéma de genre (bien que Netflix tente de changer la donne depuis quelques années avec des films tels que Balle Perdue 1 et 2). En parallèle, Richet mène une carrière aux États-Unis avec des séries B correctement emballées telles que le remake de Assaut de John Capenter, Assaut sur le Central 13 (2005), Blood Father (2016) avec Mel Gibson, ou encore son tout nouveau film de 2023 Plane, rebaptisé chez nous Mayday, avec Gérard Butler. Mayday, c’est un film d’action qui aurait pu sortir dans les années 90 tant il en a les codes et sait les utiliser. Mais Mayday, c’est surtout un film qui ne paie pas de mine mais qui s’avère être un divertissement des plus honorables.

Le scénario de Mayday vient du romancier écossais Charles Cumming qui a écrit des thrillers d’espionnage comme Box 88 ou The Man Between. Encouragé par le producteur Mark Wahradian, il décide qu’il ne s’agirait pas ici d’un nouveau roman mais d’un scénario de film. L’histoire sera simple : un pilote d’avion d’une compagnie lowcost va devoir atterrir en catastrophe en pleine jungle des Philippines suite à un problème technique dans son avion. Sauf que l’île sur laquelle ils arrivent est un no man’s land, une zone de non droit contrôlée par de dangereux individus et dans laquelle même l’armée refuse d’intervenir. La spécialité de cette île ? Enlever les malheureux qui s’y perdraient et demander des rançons. Mayday est clairement construit à partir d’éléments qui pourront paraitre familiers, sans le moindre élément novateur ou original. Nous sommes en présence d’un film d‘action basique, avec son protagoniste principal et les ressorts scénaristiques habituels pour le propulser au rang de héros. Le scénario est lambda, certes, mais malgré tout solide. Le film dure à peine 1h47, générique compris, ce qui est appréciable dans une industrie où il semble que tous les films, quel que soit leur genre ou leur contenu, durent régulièrement plus de 2h. Le rythme y est très bien géré et la durée serrée est parfaite pour avoir le temps nécessaire de tout mettre en place, développer ses personnages, construire le crash de l’avion, et d’enchainer presque non-stop une fois que tous les protagonistes sont sur ladite île. Mayday ne s’embarrasse pas de petite amie en détresse ou d’autres intrigues inutiles qui pourraient alourdir le récit. Richet rythme judicieusement son film afin que les personnages aient le temps de respirer et d’assimiler ce qu’il se passe entre les scènes d’action. Il laisse le temps aux acteurs, par de longs plans, d’exprimer l’émotion que leurs personnages doivent ressentir. On regrettera juste un manque d’information sur le sort du personnage de Mike Colter même si tout devrait rentrer dans l’ordre prochainement étant donné que la suite du film, si elle se fait, sera centrée sur lui (Gérard Butler n’y fera qu’une toute petite apparition).

Bien que les personnages du film soient tous des stéréotypes déjà vus et revus, ils fonctionnent malgré tout grâce au jeu du casting qui nous fait ressentir toutes les émotions. Gérard Butler livre ici une excellente prestation, humanisant son personnage dans quelques scènes qui s’attardent sur le choc et l’horreur d’une telle situation. Mike Colter est également très bon, très juste dans sa tentative de créer un personnage assez difficile à lire, ce qui augmente encore plus la tension du film. Car même si l’intrigue est clairement prévisible, on ressent toute la tension d’abord du crash, puis de la prise d’otages, car Jean-François Richet reste constamment au plus près de ses personnages. Il utilise presque exclusivement la caméra à l’épaule afin de leur coller aux baskets, d’augmenter parfois le malaise, et de rendre certaines séquences un peu chaotiques comme elles le seraient si une telle situation se présentait. Le rendu à l’écran est réussi, et ne nuit pas à la lisibilité des scènes d’action, très bien chorégraphiées et exécutées, certaines même en plan séquence. Les scènes de vol sont agréables, avec des moments de tension capables de maintenir l’attention du spectateur, et le film offre des sensations fortes dès le début. Dommage malheureusement que les images de synthèse ne soient pas toutes très convaincantes. Dommage également que les thématiques qu’explore le film, telles que la peur des sociétés non occidentalisées, la confiance dans les figures d’autorité ou encore tout simplement la peur de prendre l’avion, ne soient qu’à peine effleurées. Mais difficile malgré tout de reprocher ce dernier point à un film qui va faire le choix de l’efficacité pour divertir le spectateur. Et comme c’est relativement bien fait, on lui pardonne aisément ces quelques menus défauts.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des personnages attachants…
♥ Mise en scène dynamique
♥ Le casting
♥ Des scènes d’action réussies
♥ Un film simple
⊗ … mais très stéréotypés
⊗ Scénario vu et revu
⊗ De bonnes idées à peine effleurées

Mayday est une série B d’action de très bonne tenue avec un Gérard Butler qui confirme son statut dans le genre. Certes, c’est du déjà vu, certes ça ne fait jamais bouillonner le cerveau, mais c’est très efficace dans le genre.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le distributeur philippin a retiré le film des salles de cinéma philippines après que des sénateurs locaux eurent exprimé leurs inquiétudes en déclarant que le film était « offensant pour le nom et la réputation de la nation » et ils ont tiqué sur la représentation des habitants de l’île de Jolo qui, à en croire le film, sont tous du côté des terroristes.

• Le studio voulait un titre différent pour le film, mais Gerard Butler a insisté pour que le titre reste simple et a choisi « Plane ».

• Le film a été tourné à Porto Rico et non à Singapour ou aux Philippines, où il est censé se dérouler.



Titre : Mayday / Place
Année : 2023
Durée : 1h47
Origine : Angleterre / U.S.A
Genre : Classique mais efficace
Réalisateur : Jean-François Richet
Scénario : Charles Cumming, J.P. Davis

Acteurs : Gerard Butler, Mike Colter, Tony Goldwyn, Yoson An, Evan Dane Taylor, Paul Ben-Victor, Daniella Pineda, Lilly Krug, Kelly Gale, Otis Winston

Plane (2023) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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