[Film] L’Avion De L’Apocalypse, de Umberto Lenzi (1980)

Après avoir vu des zombies déferler d’un avion militaire, un reporter tente de retrouver sa femme et d’échapper aux monstres assoiffés de sang qui envahissent la ville.


Avis de John Roch :
Cinéaste touche à tout qui aura œuvré dans à peu près tous les genres qui vont du giallo au poliziottesco en passant par le péplum, le film d’espionnage ou le film de cape et d’épée, Umberto Lenzi n’aura pas échappé à la vague du bis horrifique Rital des années 80, avec des bandes qui signeront le début de la fin de la carrière d’un bon artisan aux œuvres considérées comme mineures, mais d’autres comme des pièces maîtresses. Dans la catégorie cannibale tout d’abord, dont le fameux Cannibal Ferox et ses cannibales très furax, puis dans le rayon zombie avec cet Avion De L’Apocalypse. Enfin zombie, pas vraiment en fait. Car ce qu’on ne peut pas reprocher à Lenzi, c’est d’avoir tenté autre chose que de faire un film dans la continuité de ce qui avait été initié par Georges A. Romero et son Dawn of the Dead. Il s’éloigne carrément des copies Italiennes qui ont précédées et qui ont suivies en tentant autre chose. L’effort est à saluer mais pas de miracle, L’Avion De L’Apocalypse n‘est pas une réussite de la trempe de l’Enfer Des Zombies, mais il n’est pas non plus un nanar de haute compétition comme Virus Cannibale. Il n’empêche que malgré tout, le film n’est pas un navet et possède des qualités (ou des tares, c’est selon) qui raviront (ou rebuteront, c’est selon) les fans de bisseries Italiennes, pas vraiment défendables cinématographiquement parlant (du moins pour le commun des mortels), mais pourtant si funs et improbables de par leur coté nanardesque.

Le fameux avion de l’Apocalypse, il ne faudra pas plus de dix minutes pour qu’il atterrisse et que le carnage ne commence. Car la première, et réelle, qualité de L’Avion De L’Apocalypse, c’est son rythme. On ne se fait jamais chier devant le métrage qui enchaîne les attaques des passagers du coucou qui a traversé un nuage radioactif. Dans L’Avion De L’Apocalypse, on n’est pas face à des zombies à proprement parler, mais plutôt face à des genres de surhommes rendus plus fort par les radiations qui ont fait muter leur métabolisme qui se régénère instantanément. « un peu comme Superman » nous spécifie un scientifique qui nous explique la situation avec des mots piochés aléatoirement dans un dictionnaire scientifique. L’autre différence avec les zombies de rigueur, c’est qu’ils ne dévorent pas leurs victimes. Les radiations s’attaquant à leurs globules rouges, il doivent s’alimenter en sang et pour cela ils sucent pour vivre, un peu comme ces personnes qui vivent la nuit, à savoir les… vampires (ben oui, vous vous attendiez à quoi bande de cochons ?). Le seul moyen de les stopper, c’est de paralyser le système nerveux car malgré tout c’est le cerveau qui contrôle encore leurs corps. Entendez par là : tirer une balle dans la tête. On ne va donc pas se faire chier et appeler ça des zombies, même si Lenzi avec le temps ne supportait pas qu’on les appelle comme ça et préférait le terme infecté, surtout depuis la sortie d’un certain 28 Jours Plus Tard. Nos zombies sont donc nouveaux pour l’époque, ils sont intelligents, vivaces, utilisent des armes contondantes ou à feu, tendent des embuscades, réussissent à infiltrer les lignes ennemies et font même des stealth kill. De plus, on a à faire à des zombies révolutionnaires qui nous font un véritable petit coup d’état en prenant le contrôle de la ville en s’attaquant à des structures tels que l’aéroport, l’hôpital, la centrale électrique et même les chaînes de télévision. Tout ça pourquoi ? Eh bien pour rien puisque si tout cela permet à L’Avion De L’Apocalypse d’avoir un rythme du tonnerre, toutes les scènes du film s’enchaînent sans véritable cohérence avec parfois des transitions qui se font en un claquement de doigt, quitte à parfois faire buguer le cerveau du spectateur.

Le scénario, tout du moins si il y en a vraiment un, n’est jamais cohérent donc et n’est que prétexte à un déferlement d’action et de sang à gogo. Parfois ça se calme un peu, avec des dialogues sans queue ni tête dont les principales thématiques sont le danger du nucléaire et le comportement auto destructeur de l’être humain. En parlant de scénario, il est à noter que le version Française de L’Avion De L’Apocalypse a été tronquée d’une dizaine de minutes qui rendent le film encore plus incohérent qu’il ne l’est déjà, mais comme toujours ce genre de bobine est à voir dans une VF encore une fois magique. Donc si vous voulez savoir ce qu’il advient de deux personnages secondaires que l’on ne reverra normalement plus, et le pourquoi du comment qu’un autre (aux scènes à l‘ambiance maison hantée, pas dégueu par ailleurs, qui semble sortir d’un autre film) se transforme en zombie, la réponse se trouve dans les versions Anglaise et Italienne du métrage, qui contiennent en plus la scène gore la plus craspec proposée. Le gore justement. Étrangement, L’Avion De L’Apocalypse met la pédale douce dessus. Il y en a quelques unes, mais on est loin de ce que l’Italie avait pour habitude de déballer dans ce genre de films. Vu la gueule des effets spéciaux, ce n’est peut être pas plus mal au final, car dans L’Avion De L’Apocalypse, il y a beaucoup de faux sang mais peu de scènes où il gicle vraiment. Cependant, nos zombies aiment bien trucider leur victimes féminines après les avoir dessapées donc on gagne en plans nichons ce que l’on perd en gore. L’honneur et l’équilibre sont sauvés, donc. Mais impossible de parler effets spéciaux sans évoquer le maquillage des zombies tant celui-ci est foiré de chez foiré. Sachant que L’Avion De L’Apocalypse est une coproduction entre l’Italie, l’Espagne et le Mexique, on aurait pu naïvement penser que le métrage serait un peu plus friqué que la moyenne. Mais non, L’Avion De L’Apocalypse c’est un peu comme trois potes qui vont en boite sans une thune et qui mettent ce qu’il leur reste de monnaie dans un coca qu’ils se partage. Tout ça pour dire que la triple nationalité du métrage n’a pas donné plus de pognon que d’accoutumé, ou celui-ci est parti en majorité dans la location de l’avion cargo de l’apocalypse qui n’est pas un stock shot.

Mais assez de digression et revenons aux maquillages assez spéciaux des zombies. Maquillés à la truelle ? Non, c’est pire que ça. On a l’impression que le gars responsable des SFX s’est rendu sur le plateau avec un seau de terre glaise mixé avec les restes de la cantine installée sur le tournage et qu’il a juste tartiné la tronche de figurants généreusement au départ, puis un peu moins quand il n’y avait plus de matière. Quelques minutes au soleil pour que la mixture sèche, et vous voila parti pour 1h32 de zombies aux tronches dégueulasses joués par des figurants qui se demandent ce qu’ils foutent là et ce qu’ils doivent faire dans le bordel ambiant. Le reste des effets spéciaux est à l’avenant, pas crédible pour un sou, quand ils ne sont pas tout simplement absents car nos zombies surhommes le sont tellement qu’un chargeur entier dans le buffet semble ricocher sur leurs corps puisqu’il n’y a la plupart du temps aucun impact de balle visible quand ça défouraille. De quoi décrédibiliser les pourtant nombreuses scènes d’action, et de quoi se marrer un bon coup surtout devant tant de faux raccords, d’effets spéciaux foireux et de personnes qui se demandent quoi faire en arrière plan. De la direction d’acteur de haut niveau donc. Les acteurs justement, les actrices font des efforts, d’autres sont mauvais, quand certains montrent clairement qu’ils attendent le chèque à encaisser (Mel Ferrer, ancienne gloire d’Hollywood, se fait clairement chier dans le peu de scène où il est présent). Mais si il ne fallait en retenir qu’un, c’est Hugo Stiglitz. Imposé par la production qui voulait absolument une star Mexicaine dans le rôle principal, au détriment de Umberto Lenzi qui voulait en tête d’affiche Franco Nero, Stiglitz. Star dans son pays natal, en voilà une chose qu’on a du mal à avaler en voyant l’acteur dans L’Avion De L’Apocalypse tant il le traverse avec une tronche inexpressive au possible. Donc soit le level d’acting était très, mais alors très mauvais au Mexique à cette époque, soit l’acteur n’était pas du tout motivé à l’idée de tourner dans le métrage. Mais ce qu’il y a de magique, c’est que la VF du film double le personnage avec un minimum de conviction et lui donne une forme de caractère dans ses répliques qui va en contre sens total avec le non jeu de l’acteur. Ce qui donne des moments poilants à ce petit nanar qui n’atteint pas les cimes du bis Rital, mais qui s’avère être mauvaisement sympathique du début qui ne perd pas de temps pour faire démarrer une succession de scènes à un rythme de folie, à la fin la plus conne, improbable et incroyable de l’histoire du cinéma. Pas un nanar de haute compétition donc, mais de quoi passer un bon moment si vous êtes friand de ce genre de bobines sans prise de tête et nanardesque.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un rythme qui ne faiblit jamais
♥ La VF, comme toujours obligatoire pour ce genre de film
♥ Hugo Stiglitz et sa tronche qui ne bouge pas d’un iota pendant 1h32
♥ Les zombies aux maquillages foireux
♥ Mine de rien, il y a des thématiques
♥ Quelques moments gores
♥ Des boobs
♥ Quelque part, il faut saluer l’ effort de vouloir s’éloigner des zombies traditionnels
⊗ Un scénario sans queue ni tête
⊗ C’est quand même un sacré bordel
⊗ Hugo Stiglitz et sa tronche qui ne bouge pas d’un iota pendant 1h32, t’aurais pu faire un effort mec
⊗ Les zombies aux maquillages quand même vachement foirés, les effets spéciaux aussi
⊗ Pas si gore qu’espéré
⊗ Des acteurs et des figurants qui se demandent ce qu’ils foutent là
⊗ La fin qui ne veux absolument rien dire

Note :

Note « Easy Jet » :

Dans la catégorie nanar transalpin zombiesque, L’Avion De L’Apocalypse est une œuvre mineure loin des ténors du genre. Il n’empêche qu’avec ses zombies aux maquillages foireux, ses acteurs au top de l’inexpressivité, son lot de choses source de rigolade et surtout son rythme qui ne faiblit jamais, on ne s’ennuie jamais devant ce spectacle qui peut rapidement se transformer en plaisir coupable.


Titre : L’avion de l’apocalypse / Nightmare city / Incubo sulla città contaminata
Année : 1980
Durée : 1h32
Origine : Italie
Genre : Vol low cost
Réalisateur : Umberto Lenzi
Scénario : Antonio Cesare Corti, Luis María Delgado et Piero Regnoli

Acteurs : Hugo Stiglitz, Laura Trotter, Maria Rosaria Omaggio, Francisco Rabal, Mel Ferrer, Stefania D’Amario, Manuel Zarzo

Nightmare City (1980) on IMDb


And now ladies and gentlemen: l’acting selon Hugo Stiglitz:

 

Hugo Stiglitz donne un ordre

 

Hugo Stiglitz assiste à un massacre

 

Hugo Stiglitz délivre un message d’espoir

 

Hugo Stiglitz a fait un cauchemar

 

Hugo Stiglitz est désespéré

Hugo Stiglitz se cache pour échapper à la mort

Hugo Stiglitz va faire le plein

Hugo Stiglitz s’énerve et défend la liberté de la presse

Hugo Stiglitz alerte la population

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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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