[Film] Terminator Dark Fate, de Tim Miller (2019)

De nos jours à Mexico. Dani Ramos, 21 ans, travaille sur une chaîne de montage dans une usine automobile. Celle-ci voit sa vie bouleversée quand elle se retrouve soudainement confrontée à 2 inconnus : d’un côté une machine Terminator des plus évoluées, indestructible et protéiforme, un « Rev-9 », venue du futur pour la tuer ; de l’autre Grace, un super-soldat génétiquement augmenté, envoyée pour la protéger. Embarquées dans une haletante course-poursuite à travers la ville, Dani et Grace ne doivent leur salut qu’à l’intervention de la redoutable Sarah Connor, qui, avec l’aide d’une source mystérieuse, traque les Terminators depuis des décennies. Déterminées à rejoindre cet allié inconnu au Texas, elles se mettent en route, mais le Terminator Rev-9 les poursuit sans relâche, de même que la police, les drones et les patrouilles frontalières… L’enjeu est d’autant plus grand que sauver Dani est l’avenir de l’humanité.


Avis de Rick :
I’ll Be Back ! Il le disait, depuis le premier opus. Mais la saga Terminator en a connu des vertes et des pas mûres depuis ses premiers pas sur les écrans en 1984. Un premier opus génial, sombre, certes de la série B mais de la série B super efficace et généreuse, iconique. James Cameron faisait fort pour son premier vrai long métrage. 1991 était une révolution. Terminator 2 débarquait. L’exemple de la suite réussie. De série B, la saga passe à blockbuster qui révolutionne les suites, mais également les effets spéciaux. Plus optimiste, plus impressionnante, sans renier ses origines. Le futur peut être changé, Arnold passe de méchant froid à héros et figure paternelle, et la saga aurait pu s’arrêter. Seulement He’ll Be Back ! Seulement il faudra attendre 2003 pour ça, et un changement de réalisateur. James Cameron n’est plus dans la saga. Frileux, les producteurs livrent une copie très proche de Terminator 2, et c’est Jonathan Mostow (Breakdown) qui signe le film. 200 millions de budget, pour un film considéré comme un échec (150 millions au box office US). Un film efficace, un peu inutile, mais divertissant et avec un grand final. La saga aurait pu s’arrêter mais c’est là que tout devient efficace. 2009 ! Schwarzenegger n’est plus là, trop occupé par la politique, et les producteurs décident de lancer une suite se déroulant dans le futur. Enfin du changement donc. Le but : lancer une nouvelle trilogie. Gros casting, McG aux commandes, encore 200 millions de budget, mais le film sera encore une fois un échec (125 millions sur le sol US). Adieu tentative de trilogie. 2015. Schwarzenegger is back ! Alan Taylor à la mise en scène, gros casting, 155 millions de budget, pour une tentative de soft reboot, pour un nouvel échec au box office. Comme si la saga était de toute façon morte après Terminator 2. Seulement entre temps, une nouvelle attira les fans. Les droits de la saga doivent retomber entre les mains de James Cameron, et un nouvel opus doit voir le jour. Pour lancer une nouvelle trilogie, amusant non ?

C’est Tim Miller (Deadpool) qui est embauché pour réaliser, Cameron produit et écrit les grandes lignes. Schwarzenegger reste fidèle au poste, Linda Hamilton revient, et parce que c’est la mode, le film est une suite à Terminator 2. Les trois opus suivants n’existent plus. Comme pour le dernier Halloween, ou la tentative avortée d’Alien 5. Un budget de 185 millions, pour un nouveau flop avec à peine 62 millions de dollars récoltés aux Etats Unis, et 261 millions dans le monde (donc entre le budget et la promo mondiale, autant dire que c’est un gros flop). Terminator est la saga qui peut se vanter d’avoir une trilogie de premiers opus de trilogie au sein de son univers ! Alors, échec justifié ? Oui et oui ! Si récemment, la trilogie Star Wars est un cas d’école de fan service qui ne sait pas où il va, Terminator Dark Fate est un cas d’école de suite/remake qui n’invente rien, et qui fait mal ce qu’il reprend aux autres. L’argument de la vraie suite à Terminator 2 est sans aucun doute son plus grand défaut. Effacer Terminator 3, 4 et 5 pour faire pire, c’est déjà pas terrible. Vouloir être la vraie suite pour faire revenir Linda Hamilton, Schwarzenegger, tout ça pour nous livrer au final un remake de ce second opus et cracher à la gueule de l’univers dés la première minute, c’est fort. Car tout le monde le sait, Sarah Connor et son fils, héros de la future résistance, John Connor, ont arrêté le jugement dernier. La guerre n’a pas eu lieu. Sauf qu’en fait, si. Dès les premiers instants, Dark Fate crache sur la mythologie. C’est un choix osé, qui aurait pu être payant, mais qui ne fonctionne jamais. Du coup à peine 30 secondes après le début, John Connor se fait flinguer, froidement, par un autre Terminator, car Skynet avait envoyé plusieurs robots dans le passé. Personne n’était au courant, les coquins ! Du coup en un instant, adieu l’avenir de l’humanité. Pourquoi pas, si ce qu’il y avait derrière suivait. Sauf que… Sauf que Dark Fate n’est qu’un remake du second opus, en nous introduisant de nouveaux personnages. Dani Ramos est la future chef de la résistance contre une nouvelle intelligence artificielle, Legion, qui domine le monde dans le futur en guerre. Grace est une humaine envoyée dans le passé pour la protéger, tandis qu’un robot, le REV-9 est envoyé pour la tuer. Ça vous dit quelque chose ?

Le souci premier de cette nouvelle suite, c’est son scénario. Il est rare de voir autant d’incohérences et de facilités en aussi peu de temps, mais il faut croire qu’entre Dark Fate et Star Wars 9, les blockbusters ont décidé de faire fort en 2019. Incohérences au sein du film et au sein de son univers. Facilités de tous les instants. Un film avec un rythme de croisière qu’il ne faut surtout pas perturber. Des exemples ? Le nouveau robot, mélange de métal et de métal liquide, peut à présent former des armes à feu (ce qui était impossible et expliqué dans le 2), ce qui en fait un robot encore plus mortel. Sauf que ce côté ultra dangereux, il le fait uniquement quand les personnages peuvent riposter. Lorsque nos héros sont dans un hélico hors de danger, et bien là il reste connement à les regarder s’éloigner. Là vous me direz « roh c’est du gros divertissement, ça passe ». Oui, sauf que lorsque le film entier enchaîne ses moments là, ça devient plus difficile à accepter. Quand aux facilités, elles sont à l’écran par paquet de 12. Passer la frontière ? Pas de soucis, notre héroïne à un oncle passeur. Encore une fois, une facilité de temps en temps, passe encore. Mais lorsque le scénario lui-même est une facilité… Le gros souci était qu’au delà de ça, Terminator Dark Fate à la prétention de faire suite à Terminator 2 et d’effacer trois opus de la franchise, mais il reprend des idées à chacun des opus pour faire pire. Un Terminator à la fois en métal et en métal liquide ? Terminator 3 ! Un humain augmenté ? Terminator 4. Skynet n’existe plus et remplacé par une autre menace ? Terminator 5. Oui, le film pique pas mal d’idées venant tout simplement des opus reniés. C’est fort ça ! Le film souffre de ce scénario, de ces idées, surtout que si le scénario a été écrit à trois, et bien l’histoire dans ses grandes lignes a été écrit à six. Six personnes, aux idées opposées. Ce n’est pas un secret, James Cameron ne fut pas présent sur le tournage, n’aimait pas le scénario et envoyait des révisions le jour même du tournage. Tim Miller s’est plaint du manque de liberté, qu’il a du se battre pour des scènes ou des dialogues, et n’a pas eu le final cut.

Et en tant que remake de Terminator 2, c’est fade. Les nouveaux personnages sont peu intéressants, peu charismatiques. Les autres personnages débarquent dans l’intrigue juste pour faire avancer celle-ci, sans aucune justification et cohérence (l’oncle, le militaire qui vient aider). Pire, visuellement, ce n’est pas très beau, en terme d’effets, de photographie. Et que penser du traitement de notre bon vieux T-800 ? Arnold est là oui, tardivement, et si votre rêve après avoir vu Terminator 2 était de voir le personnage marié, avec un fils, vivant dans une cabane au Texas, changeant des couches et accrochant des rideaux, et bien Dark Fate est pour vous, mais il vous manque une case. Et ne parlons pas du nouveau Terminator, peu intéressant. Et quand Dark Fate ne copie pas Terminator 2, ou ne reprend pas des idées aux métrages reniés de la saga, il reprend des idées à d’autres films, comme cette scène dans un avion rappelant énormément Fast and Furious 6 (ou 7, je ne sais plus à force). Un ratage intégral, d’autant que l’action n’est pas si bien que ça, souvent filmée sans conviction (mais pas déshonorante non plus), sans saveur, sans ampleur, et que le film se vante de son R-Rated (les deux précédents étaient PG-13), qui est finalement bien soft, et ne change rien à la qualité du film. Au final, oui, Dark Fate n’est qu’un remake de Terminator 2, et sans doute le film le plus faible de la saga. Les deux derniers au moins assumaient leurs idées et y allaient à fond. Pas comme là. Au moins, étant le plus gros flop de la saga, celle-ci va peut-être pouvoir enfin se reposer en paix.

LES PLUS LES MOINS
♥ Retrouver Linda et Arnold
♥ Quelques petites scènes efficaces
⊗ Un simple remake du 2
⊗ Le non respect de la saga
⊗ Pas très passionnant
⊗ Reprend des idées des trois précédents
⊗ Une suite inutile de plus
note8
Terminator Dark Fate veut être la vraie suite du 2, mais est en fait un remake, qui reprend de nombreuses idées des cinq précédents. Pas très passionnant, souvent ridicule, on se demande bien quel était l’intérêt !



Titre : Terminator Dark Fate

Année : 2019
Durée :
2h08
Origine :
Etats Unis / Espagne / Hongrie / Chine
Genre :
Science Fiction
Réalisation : 
Tim Miller
Scénario : 
David S. Goyer, Justin Rhodes et Billy Ray
Avec :
Linda Hamilton, Arnold Schwarzenegger, Mackenzie Davis, Natalia Reyes, Gabriel Luna, Diego Boneta et Ferran Fernandez

 Terminator: Dark Fate (2019) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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