[Film] Jolt, de Tanya Wexler (2021)

En raison d’un trouble neurologique rare, Lindy éprouve des pulsions meurtrières qui ne peuvent être arrêtées qu’avec un dispositif d’électrodes. Incapable de trouver l’amour, elle fait la rencontre d’un homme qui va être assassiné. Le coeur brisé, elle se lance dans une mission remplie de vengeance pour retrouver son assassin, tout en étant poursuivie par la police en tant que principal suspect du crime.


Avis de John Roch :
Je ne m’attendais à rien et je suis quand même déçu, c’est peut-être la meilleure façon de résumer Jolt, dont j’ai appris l’existence pas très longtemps avant de lancer le film à coup de matraquage publicitaire sur les réseaux sociaux. Victime de la crise sanitaire, Jolt est un énième film qui n’a pas trouvé le chemin jusqu’aux salles obscures, et se voit directement balancé sur les services de SVOD, ici en l’occurrence Amazon Prime vidéo. Là où est sa place finalement car Jolt, qui se veut un actionner à l’humour prononcé, au concept qui se veut original, se plante sur tout ce qu’il entreprend, que ce soit en termes d’action, de scénario, d’humour, il n’y a pas grand-chose qui va dans le métrage de Tanya Wexler. Jolt a pour héroïne Lindy (Kate Beckinsale), qui nait avec un trouble neurologique unique : si quelque chose l’énerve, elle devient incontrôlable et fracasse ce qui lui passe sous la main. Sujet d’études médicales, psychologiques puis militaires, durant son enfance et son adolescence, on la retrouve adulte avec pour seul moyen de contrôler ses pulsions des électrodes qu’elle active avec un bouton à portée de mains qui lui infligent une décharge électrique qui la calme, et un rendez-vous chez un psy (Stanley Tucci) une fois par semaine. Jusqu’au jour où elle rencontre Justin (Jai Courtney), un homme trop gentil et trop bien au lit, du coup elle en tombe amoureuse. Le Hic, c’est qu’après le deuxième rencard, il est retrouvé assassiné. Lindy va donc se lâcher et retrouver l’ assassin, pendant que deux flics sont à ses trousses.

Oui, Lindy veut se venger pour un gars qu’elle n’a vu que deux fois dans sa vie, dont elle ne sait que le prénom et le métier, sans que cela ait visiblement dérangé Scott Wascha, le scénariste de la chose, qui aurait peut-être pu penser à faire appel à la magie du « X années plus tard » pour un peu de crédibilité dans cette pseudo histoire d’amour (histoire de plan cul serait plus approprié), qui devient un gag à elle toute seule (il était gentil, et en plus il voulait lui cuisiner du flétan). Vous me direz, John Wick met la ville à feu et à sang pour un chien, mais le background rendait la chose justifiée, le film mettait également en place tout un univers qui sera exploité dans les suites. Dans Jolt ce n’est pas le cas, et pire encore le concept n’est pas seulement inexploité, il est carrément inutile. Pourtant ce n’est pas inintéressant, le fait d’avoir une héroïne en lutte contre ses pulsions qui va laisser parler sa rage pour accomplir sa vengeance, mais ça c’est sur le papier. En l’état, à part des pensées matérialisées à l’écran, Lindy n’explose jamais. Si elle casse des gueules, c’est uniquement car elle est en danger, jamais parce que la situation l’énerve, et quand ce dispositif lui est retiré, ce qui logiquement devrait provoquer un carnage, c’est à ce moment qu’elle est le plus vulnérable et le plus calme, ce qui est en totale contradiction avec ce qui est exposé dans le métrage. Enlevez-lui le trouble neurologique et le dispositif sensé lui calmer ses pulsions, le résultat est le même. Ça aurait même été plus cohérent avec la psychologie du personnage, car pour quelqu’un qui se dit souffrir d’un mal et qui se fait souffrance pour ne pas que ce mal prenne le dessus, elle est vachement détendue la Lindy, tout comme le reste des personnages. Ceux-ci sont étranges, certainement écrits dans une optique de second degré, mais aux réactions tout de même étranges : le duo de flics déjà, Nelvin (Laverne Cox) et Vicars (Bobby Cannavale), elle veut stopper Lindy quoi qu’il en coute, lui l’aide par tous les moyens sans s’en cacher, mais ils continuent de bosser main dans la main.

Quant aux méchants de l’histoire, leurs réactions sont illogiques, inexplicables, comme introduits trop tôt, ce qui emmène quelques aberrations scénaristiques pour que le film continue, pour le pire et pour le rire. Car oui, Jolt est une sorte de comédie d’action, mais l’humour ne fonctionne pas : les punchlines vaseuses sortent de toutes parts de la bouche de tous les personnages, quand ce n’est pas répétitif (vous vous souvenez, Justin était trop gentil et il voulait cuisiner du flétan, on y a le droit à chaque introduction d’un nouveau personnage, ça en devient lourd sur la longueur) ou que ça fait office de conclusion à une scène d’action bordélique. Car on l’oubliera presque, mais Jolt est un film d’action, que le peu de scènes en montrant aurait pu limiter la casse, si elles avaient été réussies. Mais entre des bastons fades déjà vues ailleurs en mieux, des poursuites automobile sans intérêt, d’autres à pieds bordéliques se concluant sur une touche d’ humour (le lancer de bébé), décidément rien ne fonctionne dans Jolt, qui se conclut sur une petite série de twists absolument débiles, si débiles qu’il est étonnant que personne sur le plateau n’ait eu le bon sens de dire au scénariste qu’il a craqué, que ça ne fonctionnera pas, puis sur une Susan Sarandon qui vient cachetonner, pour annoncer une suite en rappelant au spectateur le passé de Lindy pourtant expédié en cinq minutes en début de film.

LES PLUS LES MOINS
♥ Kate Beckinsale est mignonne en blonde
♥ Malgré tout, ça reste rythmé
⊗ Un scénario à la ramasse, twists foireux compris
⊗ Un concept inutile en plus d’être inexploité
⊗ L’humour trop présent et qui ne fonctionne que rarement
⊗ Des scènes d’action sans intérêt
Jamais drôle, jamais impressionnant en termes d’action, concept inexploité et inutile, conclusion tout sauf satisfaisante. Jolt est un ratage intégral, à éviter.



Titre : Jolt
Année : 2021
Durée : 1h31
Origine : U.S.A
Genre : Raté
Réalisateur : Tanya Wexler
Scénario : Scott Washa

Acteurs : Kate Beckinsale, Jai Courtney, Stanley Tucci, Bobby Cannavale, Laverne Cox, Ori Pfeffer, David Bradley

 Jolt (2021) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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