[Film] Fast And Furious X, de Louis Leterrier (2023)

Au cours de nombreuses missions et contre toute attente, Dom Toretto et sa famille ont déjoué et dépassé tous les ennemis sur leur chemin. Maintenant, ils doivent affronter l’adversaire le plus mortel qu’ils aient jamais affronté


Avis de John Roch :
Ladies and gentlemen, start your engines. Préparez-vous à la course de votre vie, à l’événement auto du siècle et soyez témoin ! Témoin du début de la fin de la saga Fast and Furious avec ce dixième opus d’une saga qui s’achèverait sur un diptyque dont nous tenons ici la première partie. L’emploi du conditionnel n’est pas fortuit, car le diptyque originalement prévu s’est depuis transformé en trilogie dans la tête de Baboulinet, sans compter deux spin off (non, Hobbs And Shaw n’a visiblement pas servi de leçon) annoncés : le premier verra le retour de Dwayne Johnson (qui fait coucou dans une scène post-générique). Quant au second, il sera centré sur les personnages féminins de la saga. Fast And Furious n’a donc en vérité pas fini de hanter les salles de cinéma, alors que la saga commence non seulement à légèrement ramer au box office, mais aussi à sacrément tourner en rond tant les métrages se ressemblent de plus en plus jusqu’aux scènes d’action toujours aussi gogols mais déjà vues et revues d’un opus à l’autre. Alors, après un Fast And Furious 9 complètement naze, cette première partie de la supposée fin de la saga relève-t-elle le niveau ? Et bien disons que c’est moins pire, c’est déjà ça, mais le métrage lui même le montre : il est loin le temps du cinquième et meilleur opus de la franchise. Mais avant de commencer à entrer en détail dans ce Fast X, sachez que ça va spoiler.

Fast And Furious X débute par la meilleure scène d’action de la saga, rien que ça. Pour un début de fin, ça s’annonce terriblement bien me direz vous. Sauf que l’introduction est en fait un remontage du final de Fast And Furious 5, avec quelques petits bouts tournés pour l’occasion, qui nous présente le nouvel antagoniste de Dom Toretto et de sa famille. Petit Flashback, dans le cinquième volet, le méchant était Reyes, un politicien véreux et homme le plus puissant de Rio de Janeiro. Mais ce que nous ne savions pas, pas plus que les scénaristes, c’est qu’il avait un fils : Dante, qui a survécu au coup de coffre fort que Dom lui a balancé depuis son véhicule sur le sien. Et Dante évidement il veut se venger, 12 ans plus tard certes, mais sa vengeance va être terrible parce qu’il va faire ce que les précédents méchants de la saga ont déjà tenté de faire : briser la famille. Mais alors quid des enjeux laissés en suspens dans l’opus précédent ? Et bien M. Nobody est toujours aux abonnés absent, et Cypher, dont les objectifs n’étaient déjà pas très clairs, est forcée de s’allier avec la famille après avoir été confrontée au génie diabolique de Dante. Parce que Dante, il voit tout, il sait tout sur tout et tout le monde, et il a toujours une bonbonne de nitro d’avance sur tout, même sur l’intrigue. L’intrigue justement. Comme à son habitude, la saga voit le retour de tous les personnages des précédents métrages, et en case de nouveaux histoire d’agrandir la famille. Mais ici, la famille se retrouve brisée et éparpillée aux quatre coins du globe, piégée par Dante qui fait de ses membres les criminels les plus recherchés du monde. On va donc suivre différents groupes dont l’objectif est de se rejoindre à un point de rendez-vous : Roman, Tej, Han et Ramsey se font piéger lors d’une mission qui était un leurre et Letty est forcé de collaborer avec Cypher pour s’échapper d’une prison top secrète située quelque part en Antarctique. De son coté, Jakob part en road trip avec bébé Baboulinet, pendant que son papa traque Dante à Rio De Janeiro.

Et Brian dans tout ça ? Il est présent, mais dans les scènes reprise du 5. On ne parlera donc pas d’un retour à proprement parler, malgré ce qui était annoncé dans le dernier plan de Fast And Furious 9. Le personnage commence sérieusement à devenir problématique dans le sens où le spectateur est pris pour un con d’un film à l’autre quant à son absence. Bien qu’ici on ne plonge pas dans la pure connerie (pour rappel Brian s’occupait des enfants dans le métrage précédent), l’absence est à nouveau dure à avaler. Cette fois, vu le danger que représente Dante, Brian et Mia sont en sécurité. Excuse bien bidon comme toujours, sauf que cette dernière apparaît bel et bien le temps d’une scène pour mieux disparaître par la suite. Il serait judicieux que la saga se débarrasse de ce personnage une bonne fois pour toute, lui qui fait plus office d’épine dans le pied plutôt que d’une forme d’hommage à la mémoire de Paul Walker. Pour ce qui est du reste du scénario, rien, mais alors rien ne tient la route. Prenez les incohérences, les facilités scénaristiques et les ellipses de Fast And Furious 9 et multipliez les par 10. Pour les plus tolérants, disons que le script, malgré les tares susmentionnées, peut faire illusion la première heure. Mais par la suite, difficile de ne pas remarquer un assemblage de scènes toutes aussi anecdotiques les unes que les autres. En vrac, citons Han qui becte un space cake, une baston non justifiée (et parait-il improvisée à même le plateau) entre Letty et Cypher, Jason Statham qui n’est là juste pour faire coucou, l’habituelle querelle entre Roman et Tej, ou le road trip entre Jakob et bébé Baboulinet qui prend plus de place que de raison dans l’intrigue, entres autres moments bourrés d’incohérences et de voyages d’un bout à l’autre du monde complètement pétés au niveau de l’unité de temps.

D’anecdotique, c’est également ce qui définit les nouveaux personnages. D’un coté, puisque M. Nobody n’est plus là, et que Little Nobody est bien présent mais disparaît instantanément et sans raison, on nous introduit la fille du personnage campé par Kurt Russell, histoire de rester dans la famille. De l’autre, nous avons Isabel, et là accrochez-vous car on part loin, car la jeune demoiselle n’est autre que la sœur d’Elena, amour de Dom lorsque Letty était morte et mère biologique de bébé Baboulinet. Quant à l’agence super secrète qui emploi la famille, celle-ci est maintenant dirigée par Aimes qui est dans le fond un décalque du personnage de Hobbs. Reste l’antagoniste de cet opus, Dante. Que l’on apprécie ou non cette fusion entre Jack Sparrow, le Joker et Sancho le Cubain, force est de constater que le personnage interprété par un Jason Momoa en totale roue libre fait du bien au métrage tant celui-ci amène un vent aussi extravagant que léger à la saga. Momoa s’amuse, en fait des tonnes, et il a bien raison, au contraire du reste du casting toujours trop sérieux par rapport à la saga dans laquelle ils tournent, en particulier un Vin Diesel plus constipé que jamais, exception faite de John Cena qui lui a vidé le gaz de son bide et montre qu‘il est doué dans le registre de la comédie, et de Charlize Theron, toujours impeccable. Quant aux autres, ils semblent tous aussi blasés que dans le neuvième opus. La saga nous y a habitué, les scénarios des Fast And Furious ont sans cesse repoussé les limites de la connerie, on aura jamais mieux c’est un fait, mais de réussir à faire toujours pire relève du génie. Comme toujours dans la franchise, la médiocrité du scénario peut être contrebalancée par l’action débridée et si débile qu’elle en devient jouissive. Et après un Fast And Furious 9 qui en faisait le minimum, il est appréciable d’avoir un nouveau volet de la franchise au rythme à nouveau soutenu et aux scènes d’action qui dépotent, que l’on aime ou non la saga. Remplaçant de Justin Lin qui s’est barré pour cause de divergence artistique (on sait tous ce que cela veut dire), le Frenchy Louis Leterrier s’en tire plutôt bien. Exception faite d’un montage bien trop cut par moments, les bastons, fusillades et poursuites sont pas mal fichues. Alors oui, c’est parfois du n’importe quoi complet, mais que c’est bon de retrouver un petit festival d’explosions et de tôles froissées réalisées en dur, d’autant plus que certains plans ont vraiment de la gueule et que le métrage est généreux dans ce domaine. Mais que serait un Fast And Furious sans CGI dégueulasses ? Et dans ce domaine, Fast And Furious X excelle tant il est parfois d’une laideur sans nom, on y retrouve même le type de plan hideux ou la caméra plonge dans les entrailles des bagnoles que l’on ne penserait plus revoir. A ce titre, le grand final qui voit Dom et Bébé Baboulinet dévaler à toute allure un barrage hydraulique en train de sauter fait partie des scènes les plus moches vues dans la saga.

Chaque scène rappelle une autre d’un opus précédent, ce qui ne les empêche pas d’être efficaces dans leur genre, tout en gardant ce coté qui va au-delà de l’exagération. Et on est servi, notre Dom peut définitivement tout faire avec sa bagnole, comme dévier une bombe géante en fonçant sur une grue, ou se faire crasher deux hélicoptères accrochés à son bolide pour ensuite s’en servir pour dégommer les sbires de Dante à sa poursuite. C’est finalement pour cela que l’on va voir un Fast And Furious mais malgré tout, tout aussi spectaculaire soit-il, cette première partie de la conclusion de la franchise est avant tout une aberration scénaristique et une mocheté de tous les instants dès lors que les CGI se pointent. En parlant de conclusion, les auteurs de la chose ont cru bon de terminer sur un cliffhanger de folie, tout du moins sur le papier. En l’état, entre twist moisi, sacrifice d’une débilité comme seule la saga peut nous en offrir, réapparition d’un personnage mort, et suspens tué dans l’œuf, ce final laisse clairement sur sa faim et il faudra attendre deux ans avant que la suite ne débarque pour voir ce que les scénaristes vont nous sortir de leurs chapeaux afin de donner suite à tout ce bordel. Et peut être mettre un point final à cette saga pour de bon.

LES PLUS LES MOINS
♥ C’est rythmé et bourré d’action
♥ Jason Momoa en totale roue libre
♥ Des scènes d’action qui tiennent la route…
♥ Allez courage, c’est bientôt la fin
⊗ Un scénario encore et toujours plus mauvais
⊗ Une deuxième partie qui enchaine les scènes anecdotiques
⊗ …malgré un montage trop cut
⊗ Le casting blasé
⊗ La fin
⊗ Les CGI hideux
⊗ Trop de personnages dans cette famille

La conclusion de la franchise démarre mal avec ce Fast And Furious X qui réunit le meilleur mais surtout le pire de la saga. Si il fait mieux que son prédécesseur en termes de rythme et d’action, le reste tient de l’abomination entre un scénario qui réussit l’exploit d’être encore plus con que les opus précédents, des CGI hideux et le casting d’origine qui semble mort à l’intérieur. Il serait temps de donner un point final à cette saga pour de bon, mais ça aussi ça semble mal parti.

Bientôt: le point Gisele


Titre : Fast and furious X / Fast X
Année : 2023
Durée : 2h21
Origine : USA
Genre : Babouliend
Réalisateur : Louis Leterrier
Scénario : Dan Mazeau, Justin Lin et Zach dean

Acteurs : Vin Diesel, Jason Momoa, John Cena, Michelle Rodriguez, Brie Larson, Tyrese Gibson, Ludacris, Nathalie Emmanuel, Charlize Theron, Sung Kang et toute la famille.

Fast X (2023) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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