[Film] Borrower: Le Voleur De Têtes, de John McNaughton (1991)

Après avoir commis un terrible crime, un extraterrestre est envoyé sur la terre et forcé à vivre sous une apparence humaine. Petit problème, une fois arrivés sur Terre, leur tête explosent. Seule solution, voler celles des terriens !


Avis de John Roch :
Apparu en plein milieu des années 80 alors que le Slasher movie bat son plein, Henry Portrait of a Serial Killer frappe fort. Prévu comme un énième film avec un tueur masqué avant que Henry Lee Lucas ne défraie la chronique, Henry s’éloigne de la mode du moment en revenant à un esprit plus seventies en donnant au mal un visage de celui qui pourrait être votre voisin, ce semi biopic reste encore aujourd’hui l’un des films les plus percutants sur le quotidien d’un serial killer. Et après avoir donné une œuvre aussi dérangeante, brut, réaliste au rendu quasi documentaire qui est coupé ou banni des écrans un peu partout dans le monde, on fait quoi ? On reçoit un coup de téléphone de Martin Scorsese en personne pour réaliser un film, c’est qui est arrivé à John McNaughton. Mais avant Mad Dog and Glory, il y a eu Borrower : le voleur de têtes, film de commande qui a fait hurler (mais de quoi ?) Avoriaz 91 que dit la Jaquette, mais qui a aussi croulé sous tous les problèmes possibles. D’après McNaughton, il y aurait un bouquin à écrire sur le tournage, et entre les producteurs véreux qui sont partis avec l’argent, une Rae Daw Chong qui sortie de Commando et de la Couleur Pourpre se prend pour une diva, sa relation avec Don Gordon en dehors des prises qui tourne instantanément en engueulade, la sortie tardive en 1991 après le premier coup de manivelle en 1988, couplé à un script que le réalisateur lui-même a trouvé à chier mais dans lequel il y a vu, en plus d’être le meilleur scénario qu’il ait reçu, selon ses dires une allégorie du métier d’acteur, l’alien du film étant capable de changer d’identité. Ce qui est assez con puisque c’est un peu ce pourquoi un acteur est payé, être quelqu’un d’autre. M’est avis qu’à un moment, il faut choisir un script à mettre en scène, après tout faut bien bosser pour bouffer.

Avec son alien qui change de tête tout au long du métrage, Borrower fait aux premiers abords penser à Hidden, avec son Alien qui change de corps tout au long du film, pourtant les deux métrages n’ont qu’en commun l’emprunt, pour le reste ils sont complètement différents. Dans Borrower, c’est un alien psychopathe qui est condamné à l’exil sur terre, châtiment encore pire que la mort. Notre alien est dévolué et a désormais forme humaine, avec un petit hic : sa tête explose a intervalle régulier, ce qui l’oblige à en changer dès que l’occasion se présente. Oubliez l’alien psychopathe présenté comme la pire raclure de l’espace, puisque passé sa présentation, jamais ce côté sera repris. Ici, on a l’impression de regarder un remake gore de Brother from Another Planet, ou un extra-terrestre muet arpentait les rues d’Harlem et devenait le témoin des misères du monde. L’alien de Borrower observe, imite, et s’adapte au comportement humain, grimpe les échelons sociaux en passant de clodo à docteur blindé de thunes, si ce n’est cette problématique de tête qui explose, elle est vraiment pas méchante cette terreur de la galaxie. Les différentes caboches que l’alien va emprunter sont autant de scénettes qui tentent de justifier le concept et c’est là l’un des problèmes de Borrower, le scénario ne sait clairement pas quoi faire de sa créature, tour à tour psychopathe, pathétique, forcé à tuer pour rester en vie, ou simple zombie qui saute sur la première tête venue. Dommage, car il y avait matière à faire de l’alien le véritable personnage principal du métrage, et Borrower a surement été écrit dans cette optique, les autres âmes qui peuplent le métrage étant tous aussi inutiles les unes que les autres, en particulier le duo de flic qui traque à la fois l’alien, et un criminel bien de chez nous, dans une sous-intrigue qui semble avoir été rajoutée à la dernière minute et qui brille par son inutilité, de son commencement à son dénouement.

Quant aux scènes avec l’emprunteur de tête de l’espace, passé la matérialisation du concept à l’écran qui ne fonctionne pas du fait que le corps est celui de l’acteur concerné, ce qui fait que la taille de l’extra-terrestre varie, et change de couleur de peau (une tête d’Afro Américain ? Pas de problème, l’alien nous fait une Mickael Jackson à l’envers et devient Black de la tête au pied), celles-ci fonctionnent sur le même schéma : nouvelle tête ; déambulation dans les rues de L.A ; rencontre ; nouvelle tête. C’est non seulement répétitif sur la longueur, mais les moments sont soit trop longs, soit bien trop courts. Et les plus courtes sont les meilleures, tout comme cette scène avec la tête du chien, un moment assez délirant mais assez cheap, mise en scène et montée avec les pieds. Niveau mise en scène justement, on ne peut pas dire que McNaughton se soit fatigué. Passées quelques fulgurances qui renvoient directement à Henry Portrait of a Serial Killer dans son approche semi documentaire, le reste de la réalisation est pauvre, terne, le cinéaste enchaine des plans sans inspiration montés étrangement en passant du limite contemplatif à un montage clipesque, quand le réalisateur ne peine pas à cacher des perches dans le plan, ou un technicien des SFX qui agite une marionnette, entre autres faux raccords visibles même sur une VHS en fin de vie. Mal écrit, mal réalisé, mal monté, concept mal exploité, il reste quoi à Borrower ? Quelques effets gores très sympas, et un casting béton, en particulier les deux premières incarnations de l’alien, mais surtout l’envie de savoir ce qui s’est passé en coulisses pour en connaitre d’avantage sur ce qui a mené à ce ratage d’un réalisateur qui a livré quelques bombes dans sa filmographie pourtant peu fournie.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le casting
♥ Des effets spéciaux par moments réussis
⊗ Blindé de défauts et de faux raccords
⊗ Un concept, il faut savoir l’utiliser
⊗ Une sous intrigue inutile
⊗ Des longueurs
⊗ La mise en scène
⊗ Le montage
Passé un bon casting et quelques effets spéciaux efficaces, on ne peut pas dire que Borrower soit de première fraicheur. Mal filmé, mal monté, répétitif, long, le métrage se perd dans une sous-intrigue sortie du chapeau et un concept qui part dans toute les directions.



Titre : Borrower: le voleur de têtes / The borrower
Année : 1991
Durée : 1h30
Origine : U.S.A
Genre : Pas une tête de porte bonheur
Réalisateur : John McNaughton
Scénario : Mason Nage et Richard Fire

Acteurs : Rae Dawn Chong, Don Gordon, Tom Towles, Antonio Fargas, Neil Giuntoli, Larry Pennel, Pam Gordon, un chien non crédité sur IMDB

 Borrower (1991) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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