[Avis] Dabbang, d’Abhinav Kashyap

Titre : Dabbang / Fearless / दबंग
Année : 2010
Durée : 2h00
Origine : Inde
Genre : Masala bodybuildé

Réalisateur : Abhinav Kashyap

Acteurs : Salman Khan, Arbaaz Khan, Sonu Sood, Sonakshi Sinha, Dimple Kapadia, Mahie Gill, Anupam Kher, Om Puri, Vinod Khanna, Tinnu Anand, Malaika Arora, Mahesh Manjrekar

Synopsis : L’action se situe dans l’Etat de l’Uttar Pradesh. Chulbul Pandey vit avec sa mère ainsi que son beau-père et son demi-frère Makkhi. Chulbul ne supporte pas l’attitude de son beau père qui favorise constamment son fils biologique Makkhi. Les années passes (21 pour être précis) et Chulbul est aujourd’hui un flic bodybuildé, téméraire et corrompu.

Avis de Laurent : Lorsqu’un film casse la baraque en Inde, il y a toujours de quoi s’inquiéter. En effet, la qualité de la pelloche est rarement corrélée au nombre de tickets de cinoche vendus au pays de la démesure et du n’importe quoi cinématographique. D’autant plus lorsque Salman Khan est crédité dans le rôle principal … En effet, notre acteur préféré qui a choisi depuis longtemps le culturisme à la culture, trouve encore une fois l’opportunité d’exhiber ses gros muscles protubérants et huilés. Vous l’aurez compris, Dabangg n’est pas le genre de film à faire dans le contemplatif ou la métaphore. Abhinav Kashyap, dont c’est le premier film en tant que réalisateur, décide de tout faire péter à l’écran à la sauce old school. Comprenez par là que la surenchère de moustaches hallucinantes, de pyrotechnies approximatives et de chorégraphies pachydermiques sont de rigueur.

Dabbang raconte donc les aventures de Chulbul (Salman Khan), sorte de Robin des bois violent qui justifie son uniforme de superflic pour tabasser du mafieux notoire. Malgré le plaisir qu’il a à torturer du gangster moustachu, Chulbul reste traumatisé par une enfance malheureuse. En effet, son beau-père a toujours fait du favoritisme envers son demi-frère Makkhi (Arbaaz Khan) qui est une sorte de mix improbable entre Aldo Maccionne (pour la classe) et Tom Selleck (pour la moustache et un certain goût pour les chemises douteuses). Tremble spectateur aventureux … le pire est sans doute à portée de télécommande …

Et c’est alors que le miracle à lieu … Dabbang redonne enfin aux industries de Bombay la place qui doit être la sienne au niveau du cinéma d’action. Après une décennie de déceptions, on retrouve enfin un film estampillé bollywood concurrencer le cinéma tamoul dans le genre blockbuster musclé … Dabbang est la véritable surprise de 2010. En effet, Abhinav Kashyap ose enfin s’émanciper de ses alter-égos de Mumbai en revenant aux sources d’un cinéma foutraque et assumé qui a fait le plaisir des spectateurs durant les années 70 et 80. À la manière d’un Sholay (osons la comparaison !), Dabbang mélange astucieusement la romance, le polar, l’action et le western avec une aisance déconcertante. Abhinav Kashyap, tel un cinéphile avisé, s’offre une petite touche rétro qui s’incruste parfaitement à une trame conventionnelle dans le masala indien. Et le plus intéressant dans cet exercice formel, est que Dabbang s’offre le luxe de sublimer parfaitement les codes cinématographiques indiens (que ce soit dans la réalisation, le mélange des genres ou bien les thématiques abordées) … Et quand on voit la production post-2000, il y a de quoi être impressionné !

À l’instar d’une séquence d’ouverture musclée et jouissive dans laquelle Salman Khan maltraite une dizaine de mafieux à l’aide d’un bidon d’huile de vidange et d’une lance à incendie très inspirée par Le Transporteur de Corey Yuen, Abhinav Kashyap ose tout … même si parfois ça sent la contrefaçon sauvage à plein nez. Notons tout de même une générosité communicative à offrir au spectateur tout ce qu’il aimerait voir à l’écran : des beaux gosses musclés, des gros flingues, des gunfights impressionnants, de belles pépettes, des séquences musicales de très hautes volées et bien évidemment de la frime à la sauce indienne. Mention spéciale pour la séquence finale qui voit une descente d’une centaine de flics surarmés venir nettoyer le repère des mafieux. Si Ramesh Sippy était encore en activité derrière la caméra, ce serait exactement le genre de séquence qu’il aurait rêvé de mettre en boîte. Les fans de bisseries apprécieront aussi le craquage de chemise d’un Salman Khan se prenant pour Hulk et cette magnifique bagarre de torse qui vient clôturer un film complet et jouissif comme on n’en faisait plus depuis quelques années.

Dabbang redonne enfin aux industries de Bombay la place qui doit être la sienne au niveau du cinéma d’action. Pour un premier film, Abhinav Kashyap étonne par tant de maturité et sa faculté à avoir digéré tout un pan du cinéma musclé produit dans son pays. Le tout en faisant abstraction d’une décennie de navets cinématographiques produits à Bombay qu’il vaudrait mieux oublier. Enfin, malgré une carrière en dents de scie, Salman Khan prouve lui aussi qu’il sait être dans les bons coups lorsque le cinéaste qui le dirige a du talent.

Note : 8/10

Et pour le plaisir des yeux …

Le trailer :

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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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