[Film] Horrible, de Joe D’Amato (1981)

Un être mystérieux, au pouvoir de guérison phénoménal, multiplie les crimes atroces et déroute les forces de l’ordre.


Avis de John Roch :
On reprend les mêmes et on recommence, car après tout Anthropophagous a bien marché, donc pourquoi changer un duo gagnant, à savoir Joe D’Amato à la réalisation et George Eastman à l’écriture et dans le rôle d’un tueur sanguinaire et Grec, cachés sous des pseudonymes Anglo-Saxon pour booster les ventes à l’international, ce qui fera que le film a été exploité sous le nom de Anthropophagous 2 dans certains pays. La formule est la même mais les deux métrages sont différents, ici pas de cannibale fou, mais un psychopathe qui a la faculté de se régénérer suite à des expériences menées par un prêtre biochimiste, ça ne s’invente pas. Pas plus qu’une explication sur le comment le second se retrouve à la poursuite du premier dans une petite bourgade « Américaine » (notez les guillemet, le film ayant mal à camoufler l’architecture Européenne du bled), enfin si il y en a un semblant, mais si invraisemblable qu’il est impossible de la prendre en compte et au final on fait comme-ci on avait rien entendu. Mais passons, l’issue de cette course poursuite, c’est le géant Mikos Stenopolis qui s’empale sur un portail et est amené à l’hosto, à son réveil le carnage peut commencer.

Un carnage très Monsieur Bricolage car notre boogeyman aime les outils, de la perceuse à la scieuse, en passant par la pioche, mais il sait également se montrer plus créatif, en témoigne ce meurtre improbable et indescriptible dont l’arme du crime est un four. Pour trouver une explication à cette obsession pour l’outillage, il faut regarder du coté de Lucio Fulci et de son Frayeur, dont la scène de la trépanation, ainsi qu’une variante, est reprise ici, en plus cheap et moins percutante faut pas déconner non plus. Tout comme Anthropophagous, Horrible se traîne une réputation de film bien gorasse, et comme pour Anthropophagous, il faut reconnaître une légère déception. C’est gore, mais du gore au final sage, filmé par un Joe D’Amato qui a perdu en l’espace d’un an le sens des belles images. C’est aussi du gore qui arrive très tôt dans l’intrigue, George Eastman aurait-il appris de ses erreurs et écrit un script plus rythmé ? Et bien non, car entre deux meurtres, il va falloir faire avec des flics qui tournent en bagnole, des acteurs qui ont perdu la foi réciter des dialogues ou le mot « absurde » et la phrase « cela n’a aucun sens » reviennent si souvent que l’on se demande si il sont dans leurs rôles ou si ils parlent du scénario, et avec une bande d’amis qui regardent un match de football Américain, ou plutôt une rediffusion vu qu’il se déroule de jour et l’action du film de nuit, en mangeant des Spaghettis, le plat typique que les Américains s’enfilent devant la final du Superbowl c’est bien connu.

Outre un gros ventre mou dans sa deuxième partie, des idées annihilent tout suspens, citons cette adolescente qui est paralysée mais qui retrouve l’usage de ses jambes comme par miracle pour affronter le tueur, et ce dernier qui fait limite exprès de ne pas arriver à chopper un gamin qui aurait mérité d’y passer, le script de Horrible est surtout une repompe des deux premiers Halloween. Du gamin qui croit en l’existence du croquemitaine à la baby-sitter qui veut protéger les enfants de celui-ci, en passant par un sous docteur Loomis qui voit en l’Antagoniste l’incarnation du mal absolu, le gosse qui est envoyé chercher de l’aide chez les voisins, sauf qu’ici il est tellement con qu’il fait le tour de la baraque pour y re-rentrer, et le boogeyman qui se fait crever les yeux et cherche sa victime qui longe les murs parce qu’elle a du mal à marcher, les derniers instants de Horrible font ce que le Bis Italien sait faire de mieux : copier sans s’en cacher, ou si peu. Horrible n’est pas horrible, c’est le genre de film à quoi l’on sait s’attendre en pressant le bouton lecture et en ce sens il n’est pas désagréable, mais ça reste tout de même un film foiré dont on retiendra une chose : la première apparition à l’écran de Michele Soavi, qui a également été assistant réalisateur sur le métrage, le début d’une relation avec Joe D’Amato qui va déboucher sur Bloody Bird, première petite bombe de Soavi que D’Amato a produit. Horrible en devient limite un film important, sans lequel on aurait peut être jamais eu le droit à la Secte, Sanctuaire ou encore Dellamorte Dellamore.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des meurtres sympa…
♥ George Eastman est toujours aussi imposant dans son rôle de psychopathe
♥ Les débuts de Michele Soavi
⊗ … mais au final plutôt sages
⊗ Un scénario à la ramasse
⊗ Un gros ventre mou en milieu de métrage
⊗ Une grosse repompe d’Halloween
Horrible s’éloigne de Anthropophagous tout en lui ressemblant dans ses défauts, à savoir une histoire invraisemblable, un rythme aux fraises et une réputation de sommet du gore qui ne tient pas ses promesses. Ajoutez à cela un script qui ne se gêne pas pour pomper Halloween, et vous obtenez un pur produit du Bis Italien : un film pas forcement désagréable mais pas réussi pour autant.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Les motos des bikers appartenaient aux figurants qui les jouaient.
• Horrible fait partie des 74 Videos Nasties bannies d’ Angleterre. Après plusieurs versions tronquées, le film est sortie uncut dans ce pays en 2017.



Titre : Horrible / Absurd
Année : 1981
Durée : 1h36
Origine : Italie
Genre : Halloweephagous
Réalisateur : Joe D’Amato
Scénario : George Eastman

Acteurs : George Eastman, Annie Belle, Charles Borromel, Katya Berger, Kasimir Kochansky, Hanja Kochansky, ian Danby, Ted rusoff, Edmund Purdom, Nat bush

 Horrible (1981) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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