[Semaine Vampires] Jour 3 : What We Do in the Shadows (2014)

Les vampires Viago (379 ans), Deacon (183 ans), Vladislav (862 ans) et Petyr (8 000 ans) partagent un appartement à Wellington, en Nouvelle-Zélande. Malheureusement pour eux, et à cause de leur irrépressible besoin de s’alimenter en sang, ils ont du mal à se faire des amis ou à maintenir en vie des relations qui leur permettraient de fréquenter les établissements branchés de la ville. Sans vie sociale, ces créatures de la nuit arriveront-elles à surmonter leurs différences et s’adapter ainsi au monde moderne ?


Avis de Iris et Cherycok :
Qui a vu (ou subi au choix) certaines comédies vampiriques du genre « Dracula mort et heureux de l’être » pourrait être échaudé et décider que jamais plus ô grand jamais on ne l’y reprendrait. Or, si cela peut parfois s’avérer salutaire, ce serait aussi se couper de petites pépites savoureuses et drôlissimes telles que What we do in the Shadow du duo Jemaine Clement / Taika Waititi, ce dernier s’étant illustré en 2010 avec son excellent film Boy. Mais qu’est-ce que c’est que cet OVNI cinématographique aussi bien construit, écrit, filmé, reprenant références à gogo tout en imposant un style hyper particulier ?

Filmé comme un documentaire en mode « immersion dans une communauté de vampires au XXIème siècle », façon Confessions Intimes ou Tellement Vrai, on entre dans l’intimité d’une colocation de 4 vampires, figures représentatives des vampires à travers les âges et des mythologies avec : la référence à Dracula et sa passion pour la torture, le vampire romantique éternel amoureux mais maladroit au possible incapable de saigner ses victimes et peu doué pour l’hypnose, le vampire jemenfoutiste égoïste qui hypnotise son esclave humain (humaine pour le coup), enfin, le nosferatu de 8000 ans plus bestial et pétrifié que ses acolytes. Pour finir, ce petit monde va se voir arriver un néo-vampire de leur cru, ignorant des codes et de la plus élémentaire prudence, inséparable de son « meilleur pote » humain qui le suivra partout (Partout ? Partout !).

Mais le thème des vampires est ici traité à travers le quotidien d’une collocation de quatre mecs, intégrant donc ces petits trésors de la vie qui engendrent conflits et fous rire : entre celui qui ne fait pas ses tours de vaisselle (laissant un évier débordant de couverts remplis de sang coagulé), celui qui ne balaie pas devant son « sarcophage », celui qui a sa salle de torture au sous-sol pour évacuer les tensions en empalant quelques vierges mais qui se révèle incapable d’attirer un humain dans ses filets, celui qui tente de les adoucir tous avec sa « liste de tâches ou griefs » et son air doucereux, celui qui se fout de tout, les conseils vestimentaires avant de sortir, bref, qui a vécu en coloc retrouvera tous ces éléments cuisinés à la sauce vampire et en savourera chaque instant ; celui qui n’a jamais vécu en coloc se régalera tout autant mais avec limite une pointe de regret.

Et ça marche, ça marche même plutôt excellemment bien. On se marre quasi d’un bout à l’autre du film (même s’il faut reconnaitre que sur les 15 dernières minutes, le rire s’espace un peu), des scènes ou des répliques pourraient même devenir cultes. On démystifie aussi la toute-puissance vampirique avec des scènes magiques comme lorsque Viago, qui rate systématiquement ses morsures, doit viser les giclées de sang pour se nourrir façon « je bois à la fontaine ». On se paie même plusieurs scènes d’anthologie : la rencontre inopinée avec un groupe de loups garous où on découvre le potentiel des lycans à courir derrière une baballe ou encore celle où Nick, néo-vampire, découvre pourquoi la nourriture lui est déconseillée à grand coup de giclées d’hémoglobine au visuel très cartoon. Mais difficile en réalité de sélectionner les plus drôles d’entre elles tant elles sont nombreuses à venir à l’esprit. Et tout y est : des déplacements ridicules à la Bela Lugosi au don de voler, en passant par les cercueils et l’intolérance à l’argent. Pas de doute l’univers des vampires est bien présent mais complètement revisité et repositionné à notre époque, avec en prime une scène de fight nocturne contre des loups garous, la découverte d’Internet, du portable, des techniques de mix pour DJ rétro sur gramophone, et j’en passe…

C’est un florilège sans jamais de lourdeur, jamais vulgaire, rafraichissant, divertissant, et surtout extrêmement drôle. Présenté hors compétition au festival Fantastic’Arts de Gerardmer 2015, What We Do in the Shadows est de loin la meilleure comédie sur ce thème qu’il m’ait été donné de voir. Encore MERCI !

Note :



Titre : What We Do in the Shadows
Année : 2014
Durée : 1h25
Origine : Nouvelle-Zélande
Genre : 4 à la maison
Réalisateur : Jemaine Clement, Taika Waititi

Avec : Taika Waititi, Jemaine Clement, Jonathan Brugh, Ben Fransham, Cori Gonzales-Macuer, Stuart Rutherford, Jackie Van Beek, Elena Stejko, Jason Hoyte, Isamy Love, Karen O’Leary

 What We Do in the Shadows (2014) on IMDb













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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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