[JV] The Infectious Madness of Doctor Dekker (2017, PS4)

Vous êtes un psychanalyste, essayant de résoudre le meurtre de votre prédécesseur, le docteur Dekker. Le coupable serait apparemment parmi les patients, souffrant tous de névroses à divers degrés.


Avis de Rick :
Walles Interactive est un éditeur qui depuis quelques temps, semble se spécialiser dans les films interactifs, le tout en FMV, comme à la grande époque. Après un The Bunker sympathique mais décevant notamment à cause de son rythme bancal, essayant de nous ramener à l’époque des Point & Click FMV, l’éditeur aura sorti de son carton Late Shift. Véritable film interactif, dépourvu de gameplay, et ne nous proposant que des choix, en temps très limité. En résultait un film interactif donc, court (1h30), mais ultra rythmé, que l’on refaisait avec plaisir pour découvrir les 8 fins bien différentes. Et à présent, c’est au tour de The Infectious Madness of Doctor Dekker de débarquer. Ce coup-ci, c’est D’Avekki Studios Ltd qui développe le jeu, et nous propose un mélange plutôt étrange entre Color of Night et les écrits de Lovecraft. Je sais que Color of Night n’est pas bien aimé, mais désolé, le point de départ, ça m’y fait penser. À savoir que l’on joue donc un psychanalyste qui doit trouver le tueur de son prédécesseur parmi les patients. Bon certes, l’érotisme du dit film est absent, mais le jeu n’est pas pour autant à mettre devant tous les yeux, puisque dans ses dialogues et certains thèmes abordés, cela reste très adulte. Il va donc falloir au fur et à mesure des sessions poser des questions pour en apprendre plus sur les problèmes de nos patients, pourquoi ils sont là, et petit à petit, en savoir plus sur leur emploi du temps et essayer de savoir qui pourrait bien être le coupable du meurtre du docteur Dekker.

En soit, le jeu dégage une excellente ambiance, et accumule les qualités. Les différents acteurs jouant les patients s’en sortent à merveille, si bien qu’il est parfois difficile de discerner le vrai du faux, les vrais fous de ceux qui simulent. Et ça pour un jeu à mystère, c’est un excellent point. On est donc bien loin de l’exagération dans le mauvais sens d’un jeu comme L.A. Noire, même si oui, entre une capture faciale et de vrais acteurs, il y a un fossé, de même pour des personnages normaux qui mentent et des fous qui mentent. L’ambiance enveloppant tout ça fonctionne également du tonnerre. La musique atmosphérique met dans le bain, du moins au début, le mystère est très épais, et son se familiarise très rapidement avec le seul vrai élément de gameplay du jeu, à savoir, les questions. Il va falloir, les uns après les autres, parler avec les patients. Si pour avancer, il faudra poser au moins toutes les questions suggérées par le jeu (donc, juste choisir l’ordre, et bien retenir les réponses car des indices peuvent s’y trouver), il faudra parfois prendre le clavier sur PC ou la manette pour poser sois même des questions et atteindre enfin les éléments les plus intéressants et pertinents permettant d’avancer.

Comme le jeu est intégralement en anglais (avec possibilité de mettre des sous titres, en anglais), autant dire qu’il faut maitriser la langue un minimum. Car autant pour avoir un 100%, il suffira d’écrire quelques mots clés pour poser la bonne question et aller dans la bonne direction, autant parfois le jeu est un poil plus pointilleux et nous demander de poser intégralement la question. Donc autant dire qu’une grosse faute d’orthographe et notre patient ne nous comprendra pas. Dans le fond et même dans la forme, le jeu (si l’on peut encore appeler ceci un jeu) m’a conquis, surtout qu’à chaque nouvelle partie, le jeu, aléatoirement, va choisir un coupable parmi 6 possibilités, faisant que pas mal de petites différences vont se retrouver à différents moments de l’aventure. Et dans ces petites différences, une clé importante pourra bien s’y cacher. Malheureusement, The Infectious Madness of Doctor Dekker n’est pas parfait pour autant. Si l’absence totale de gameplay rapproche le jeu de Late Shift et fonctionne, soit un film interactif qui s’assume pleinement, à l’opposé des productions Quantic Dreams qui se sentent obligé de nous foutre du gameplay (et donc on se retrouve à faire la vaisselle en QTE pendant 10 minutes, puis à préparer le café, laver par terre, prendre une douche et j’en passe), pas mal de petites maladresses s’invitent dans le jeu. La première étant au final la durée de l’aventure, et l’autre étant une certaine redondance.

Car Late Shift, en s’assumant, durait 1h30. Soit un film. The Infectious Madness of Doctor Dekker, si l’on veut le finir à 100%, prendra plutôt dans les 8h. Et 8h à écouter des patients et à choisir des questions, et bien au bout d’un moment, c’est trop. Le jeu est trop long. D’un autre côté, si l’ambiance est réussie, avec le côté restreint et claustro du bureau du psy et la bande sonore d’ambiance, et bien ça finit par lasser également. Car oui, on a l’impression pendant les 8h du jeu d’entendre un unique morceau d’ambiance de 7/8 minutes qui aurait été mit en boucle sur tout le jeu. Quand au lieu, au bout d’un moment, cela peut déranger et donner un petit côté cheap à l’aventure. Oui, on va le connaître par cœur ce canapé. Ce qui est dommage, puisqu’au fur et à mesure de l’avancée dans le scénario, le scénario distille de très bonnes idées. De thriller à la Color of Night, on plonge clairement dans un univers à la Lovecraft, avec une frontière entre le cauchemar et la réalité qui se fait de plus en plus fine, une ambiance très étrange, et même clairement de gros hommages à l’auteur. Et ça, c’est clairement là pour me faire plaisir.

Par moment, le jeu devient même plutôt troublant, et il faut avouer que les acteurs y sont pour quelque chose. On pourrait dire par moment qu’ils en font presque trop, mais au final, vu les personnages, cela passe très bien. En tout cas, dans son ensemble, The Infectious Madness of Doctor Dekker est plutôt difficile à aborder, à conseiller. Oui l’aventure m’aura plut, mais néanmoins, elle était très loin d’être parfaite, et était par moment un peu longue. La barrière de la langue va également freiner plus d’un joueur, tout comme son absence totale de gameplay. Au final, on pourrait presque dire que le jeu s’adresse avant tout aux personnes qui pourront reconnaître les différentes petits hommages et emprunts, et qui pourront donc trouver l’atmosphère par moment troublante, tandis que les autres seront sur le tapis, ou clairement s’ennuieront sur le jeu passé une petite heure. L’expérience est donc intéressante, mais ne s’adresse pas à tout le monde. Et bien que l’ayant apprécié, un second run n’est pas franchement prévu.


GRAPHISMES
Et bien, c’est du FMV, donc de vrais acteurs, dans de vrais décors. Dommage par contre que le jeu se déroule intégralement dans la même pièce au mêmes tons de couleurs.
JOUABILITÉ
Il va falloir s’y habituer, mais il ne faudra que écrire : poser des questions aux patients pour les connaître et trouver le coupable.
DURÉE DE VIE
Environ 8h, ce qui est assez long pour le genre, surtout si on le compare aux précédentes sorties de l’éditeur qui variaient entre 1h30 et 4h.
BANDE SON
Certes un brin répétitive, la bande son fonctionne en tout cas dans les moments troublants et au début. Elle lasse un peu par moment par contre.
CONCLUSION
Film interactif en FMV comme toujours avec l’éditeur, The Infectious Madness of Doctor Dekker pourra combler les amateurs du genre. L’aventure se fait néanmoins un peu trop longue, surtout qu’il suffira tout le long de poser des questions dans la même pièce. Mais son ambiance est prenante et on s’amuse à trouver le coupable.

note65



Titre : The Infectious Madness of Doctor Dekker
Année : 2017
Studio : D’Avekki Studios Ltd
Editeur : Walles Interactive
Genre : Mais qui est coupable ?

Joué et testé sur : Playstation 4
Existe sur : Playstation 4, Xbox One, Switch, PC
Support : dématérialisé


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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