[Film] Spirit of the Raped, de Kuei Chih-Hung (1976)


Chen Liang et sa future épouse Liu Mao-Li sont sur le point de payer les arrhes pour le mariage. Elle est enceinte, tout va pour le mieux, mais une bande de voleurs s’empare de l’argent. Le sort va s’acharner sur la veuve Liu Mao-Li jusqu’à ce qu’elle se donne la mort. Mais son esprit va rester pour se venger de tous ceux qui lui ont fait du mal.


Avis de Cherycok :
Kuei Chih-Hung n’est clairement pas le plus connu des réalisateurs de la Shaw Brothers (pourtant 37 films en 13 ans) mais les amateurs de cinéma de Hong Kong le connaissent parfois malgré tout pour ses films d’horreur des années 80 tels que la trilogie des Hex (1980-1982), Corpse Mania (1981), Bewitched (1981) ou encore The Boxer’s Omen (1983), des bobines versant souvent dans le gore et le craspec. Mais il n’a pas attendu les années 80 pour pondre des films du genre et, déjà dans les années 70, il nous avait pondu des Ghost Eyes (1974), The Killer Snakes (1974) ou encore Spirit of the Raped (1976) qui nous intéresse aujourd’hui. Bien qu’il s’agisse ici d’un Shaw Brothers mineur, il n’en demeure pas moins un film important pour son réalisateur puisque Spirit of the Raped va poser les bases de tout son cinéma horrifique des années 80. Le brouillon de certaines œuvres cultes à venir en somme.

Dès la première scène, on sent immédiatement qu’on va être dans quelque chose d’assez noir, avec ces passagers de bus qui se font violenter, puis racketter et même tuer pour l’un d’eux. Mais ce n’est que le début puisque la femme du mort va se faire voler tout son argent, violenter de nouveau, droguer, violer, torturer et même prostituer. Oui, le genre de personnage sur lequel le sort s’acharne en quelques sortes. Elle finira par se suicider mais son esprit ne sera en paix que lorsqu’il se sera vengé de ceux qui lui ont fait du mal car, comme la légende le dit, ceux qui se suicident en portant des vêtements rouges vont revenir sous forme de fantôme pour se venger. Bref, avec un titre annonçant un viol, on se doutait qu’on n’allait pas être dans une comédie romantique légère. A partir de là, on va assister à la vengeance du fantôme sur ses anciens agresseurs (que l’agression soit physique ou morale) qui vont un à un aller bouffer les pissenlits par la racine. Elle va par exemple hanter celui qui lui a volé beaucoup d’argent au point que ce dernier va s’enlever les yeux à la cuillère afin de ne plus voir ses apparitions. Elle va faire pousser des grosses pustules et gonfler le ventre à outrance d’une autre des victimes. Ou encore celui qui l’a violée finira par se mettre dans l’entrejambe de nombreux coups de coupe-papier. Car oui, le châtiment doit à chaque fois correspondre au crime commis. Le film préfigure déjà les délires goresques, cradingues et dégoulinants des bobines horrifiques de Kuei Chih-Hung les plus connues des années 80 et certains moments sont quand même assez dégueulasses. Il pose clairement ici les bases de son cinéma à venir et Spirit of the Raped pourrait clairement être assez éprouvant pour les personnes ayant un estomac un peu sensible car, bien que les effets spéciaux et maquillages aient clairement vieillis, ils font malgré tout leur petit effet et l’ensemble est assez méchant.

Le scénario du film est assez simple, déjà vu, partageant par exemple pas mal de thématiques avec Night of the Evil Bride sorti l’année précédente. Mais en jouant sur les superstitions chinoises, il va se montrer bien efficace et passée la première demi-heure qui va planter le décor, le film va prendre ensuite un rythme assez effréné au point qu’on se demande comment il est possible de mettre autant de folie dans une bobine d’à peine 1h16. Spirit of the Slaved met en scène certains des acteurs de la Shaw Brothers ayant interprété essentiellement des méchants comme par exemple Tien Ching (The Water Margin) ou Wang Hsieh (Ambush, The Web of Death), et on prend un malin plaisir à les voir se faire hanter puis tuer. Liu Wu-Chi (The 14 Amazons) fait un très beau travail dans ce rôle de femme qui enchaine couille sur couille et elle attire immédiatement la sympathie. La mise en scène, tantôt assez simple, tantôt expérimentale (le passage dans l’asile par exemple), apporte pas mal à l’ambiance glauque du film avec régulièrement des filtres de couleur pour augmenter l’aspect inquiétant de certains passages. Les expérimentations sont réellement intéressantes, avec ces grands angles poussés à l’extrême, quitte à déformer l’image, pour un rendu encore plus étrange. Le réalisateur aime que sa caméra soit toujours en mouvement, ce qui donne un côté parfois viscéral à certaines « attaques » du fantôme, et il sait parfaitement choisir ses plans pour que le rendu soit en adéquation avec la scène qui se déroule sous nos yeux. On ne peut que saluer la créativité de Kuei Chih-Hung dans ce qui est pourtant clairement un film d’exploitation à qui la Shaw Brothers n’a alloué que peu de budget.

LES PLUS LES MOINS
♥ La créativité de l’ensemble
♥ La mise en scène expérimentale
♥ Parfois bien craspec
♥ Les mises à mort funs
⊗ Assez kitch
⊗ Un montage parfois hasardeux

Bien qu’il soit impossible pour l’instant de le trouver en bonne qualité, tout amateur de Hex, Bewitched ou encore The Boxer’s Omen se doit de voir Spirit of the Raped qui pose les bases du cinéma horrifique à venir de Kuei Chih-Hung. Une chouette bizarrerie.

LE SAVIEZ VOUS ?
• C’est suite au très joli succès de Black Magic (1975) de Ho Meng-Hua que la vague de films horrifiques s’est accentuée à Hong Kong. C’est surtout au début des années 80 qu’on les a vus le plus fleurir, lorsque la Shaw, en perte de vitesse, a essayé de se diversifier au maximum.



Titre : Spirit of the Raped / 索命
Année : 1976
Durée : 1h17
Origine : Hong Kong
Genre : Dégoulinant
Réalisateur : Kuei Chih-Hung
Scénario : Ni Kuang, Sze-To On

Acteurs : Liu Wu-Chi, Lin Wei-Tu, Tung Lin, Wong Yu, Wang Chung, Wang Hsieh, Teresa Ha Ping, Tin Ching, Lau Wai-Ling, Chan Lap-Ban, Man Man, Wong Ching-Ho

Spirit of the Raped (1976) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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