[Film] Rumpelstiltskin, de Mark Jones (1995)

Quand Shelly, jeune veuve, entre par hasard dans une boutique d’antiquités, elle ne peut résister à l’achat d’une curieuse pierre; intriguée, elle formule un vœu et libère un vieux démon : Rumpelstiltskin.


Avis de John Roch :
Avec son premier long métrage Leprechaun, les étoiles étaient alignées pour Mark Jones. Après avoir tripé sur des publicités pour des Lucky Charms, il part avec son scénario sous le bras et trouve rapidement un producteur : Trimark, société de distribution et de production toute fraîche, qui cherchait à mettre un peu d’argent dans un film d’horreur. En plus d’avoir créé un nouveau boogeyman en la personne du farfadet démoniaque, le film ramasse dix fois sa mise au box office Ricain, pour un investissement de départ de 980,000 Dollars. Du coté de Mark Jones, s’en est fini du Leprechaun, le réalisateur ne veut pas rempiler pour une séquelle et préfère se concentrer sur d’autres projets. Trimark de son coté balance La Fiancée De Leprechaun en salles et, vu les chiffres, il a du bien se marrer son géniteur. Un peu moins en revanche lorsque ce qui n’était pas encore une saga très discutable mais jamais vraiment désagréable (exception faite des traumatisants tas de merde que sont l’ épisode 5 et le reboot) regagne en popularité suite à la starification de Jennifer Aniston, et il a bien du faire la gueule face au succès du troisième opus qui a fini par devenir le direct-to-video le plus vendu de l’année 1995 aux States. Mais Mark Jones visiblement, il n’est pas du genre à se laisser abattre. Sa création ne lui appartient plus ? Tant pis, il n’y a qu’à refaire la même chose. Parce que Rumpelstiltskin dans le fond, c’est la même chose que Leprechaun, c’est un genre de cousin un peu plus friqué (le budget et le temps de tournage ont triplé) dont l’idée ne vient pas directement du conte des frères Grimm, mais d’une émission de jeunesse mettant en scène le nain tracassin (ou Rumpelstiltskin, ou Rumpelstilzchen, appelez le comme vous voulez) qui l’avait fait flipper comme jamais dans son enfance. Le métrage reste néanmoins un genre d’adaptation moderne du conte, à la sauce Leprechaun donc, mais pas seulement.

Le Nain Tracassin raconte l’histoire d’une fille d’un paysan qui prétend que cette dernière peut transformer la paille en or. Enfermée dans une pièce remplie de paille sans être capable de faire ce que son père a affirmé au roi, un nain apparaît et lui propose de faire le travail à sa place en échange d’un dû : son futur bébé, à moins qu’elle ne réussisse à deviner son nom en moins de trois jours. Rumpelstiltskin, c’est une sorte de variation car ici, le nain voleur d’âme de bébé est prisonnier d’une pierre magique qu’achète une femme, chez une antiquaire un peu sorcière sur les bords, qui vient de perdre son mari dans un braquage qui a mal tourné, en plus d’avoir accouché de leur enfant dans la foulée. Ce Rumpelstiltskin, appelons-le Rumpi, diffère de l’original dans le sens où il accorde un seul et unique vœu en échange d’un bébé, ce que la jeune maman ignorait au moment où elle a souhaité que son défunt mari revienne d’entre les morts pour voir son enfant juste une fois, libérant ainsi Rumpi de son sommeil. Dans sa structure, Rumpelstiltskin ressemble à Leprechaun : mis hors d’état de nuire dans la scène qui ouvre le métrage qui expose d’emblée les enjeux puis libéré bien plus tard par accident, même taille (un peu plus grand ceci-dit), même sens de l’humour parfois marrant mais aussi parfois vaseux, même obsession pour ce qu’il vient réclamer, même manie à s’en prendre plein la gueule, super pouvoirs qu’il n’utilise aléatoirement, ou jamais quand il le faut parce que sinon, il n’y aurait pas de film… le moule est clairement le même, avec quelques différences tout de même tel un look plus rock et la manière de se débarrasser de la menace un peu plus compliquée puisque non seulement Rumpi, il faut le cramer dans de la paille mais il faut aussi prononcer son nom trois fois. Et question nom d’enfoiré à prononcer, Rumpelstiltskin se pose là, personnellement j’ai tendance à oublier le t entre le l et le s, et vous, vous y arrivez ? Mais, Mark Jones ne fait cependant pas dans la photocopie, on parlera plus ici de copie de fond, et y injecte une autre inspiration évidente car pourquoi pas mettre un peu de Terminator dans son Leprechaun tant qu’on y est.

Tel le T-800, Rumpi braque la moto d’un biker (mais lui laisse ses vêtements et ses bottes), puis part à la poursuite du bébé à bord d’un camion, fait un massacre dans un commissariat, finit par ramper au sol sans la partie inférieure de son corps pour traquer un bambin dont le prénom est John. L’originalité, ce n’est pas ce qui qualifie de mieux Rumpelstiltskin qui sent il faut le reconnaître le réchauffé. Le résultat n’est pas déplaisant pour autant, car bien que le métrage tient du déjà vu, il demeure agréable à suivre grâce à un rythme qui ne faiblit quasiment jamais. Mark Jones a sur ce coup misé sur l’action et de ce coté on est servi entre les nombreuses apparitions de Rumpi, les poursuites automobiles (dont une entre un camion et un mini buggy) certes réalisées sans réel panache ni idées de mise en scène, tout comme l’entièreté du film d’ailleurs (excepté cette scène qui débute par un gros plan sur un lampadaire. Étrange choix mais pourquoi pas), mais généreuses dans leurs durées et il y a même des explosions. Dans la forme, Mark Jones ne se fout pas de la gueule de son public et livre un film généreux mais pas sans défauts. Car il faut bien avouer que les lignes de dialogues de Rumpi sont un peu répétitives, que l’humour fonctionne parfois mais pas tout le temps, que le scénario n’est pas trop cohérent par moments, et rien n’y fait mais dans le fond, le film aurait du s’appeler Terminachaun tant Terminator et Leprechaun sont repris dans les grandes lignes. Ça permet mine de rien de faire office de jauge : vous n’avez pas aimé Leprechaun ? Bien que Rumpelstiltskin soit supérieur, il n’y a pas de raison que vous adhériez à ce cousin qui est pourtant sympathique.

LES PLUS LES MOINS
♥ Rumpi…
♥ C’est rythmé
♥ L’humour qui fonctionne…
♥ C’est généreux
♥ De l’action
⊗ … un peu répétitif dans ses dialogues
⊗ Une mise en scène sans originalité ni idées
⊗ … mais pas tout le temps
⊗ Avec son mélange de Leprechaun et de Terminator à peine caché, dans les grandes lignes le scénario tient du réchauffé
Avec Rumpelstiltskin, Mark Jones tente de réitérer le succès de Leprechaun en lorgnant du coté de Terminator. En résulte un métrage dont les influences trop visibles donnent un coté réchauffé à l’ensemble, mais qui s’avère être plutôt sympa, rythmé et généreux en action.


Titre : Rumpelstiltskin
Année : 1995
Durée : 1h27
Origine : U.S.A
Genre : Terminachaun
Réalisateur : Mark Jones
Scénario : Mark Jones

Acteurs : Kim Johnston Ulrich, Max Grodénchik,Tommy Blaze, John Ducey, Allyce Beasley, Vera Lockwood, Jay Pickett

Rumpelstiltskin (1995) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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