[Film] L’Exorciste du Vatican, de Julius Avery (2023)


Le Père Gabriele Amorth, exorciste en chef du Vatican, enquête suite à la découverte terrifiante d’un jeune garçon possédé. Ses investigations le mèneront à dévoiler une conspiration séculaire que le Vatican a désespérément tenté de maintenir dans l’oubli.


Avis de Cherycok :
Russel Crowe retourne en Italie non pas en tant que gladiateur pour péter des gueules au Colisée, mais en tant qu’exorciste pour botter le cul de démons dans le film L’Exorciste du Vatican. Comme souvent, je vois les nouveautés plusieurs mois après tout le monde et forcément, bien que j’essaie de faire en sorte que cela ne déforme pas mon jugement, je connais la réputation que se traine un film dans le ciné game des réseaux sociaux. Pour le film du jour, il est souvent ressorti les termes « navet », « mauvais film », voire « nanar ». Pourtant, cela ne l’a pas empêché d’être rentable puisqu’avec son budget estimé à 18M$, il en a tout de même rapporté presque 80. Et en ces temps troublés où les grosses machines hollywoodiennes se viandent une à une, faisant perdre des centaines de millions à certaines compagnies (coucou Disney et Warner), quoi qu’on en pense, ça fait du bien de voir des petites productions plus modestes faire leur petit bonhomme de chemin dans les salles obscures. D’autant plus que pour moi, bien que ça flirte effectivement souvent avec le nanar, L’Exorciste du Vatican est surtout une série B bourrine bien fun et pas prise de tête.

Adaptation des livres An Exorcist Tells His Story et An Exorcist : More Stories, du père Gabriele Amorth, L’Exorciste du Vatican met donc en scène Russel Crowe dans le rôle de Gabriele Amorth, qui a été exorciste du diocèse de Rome de 1986 à 2016. Le scène d’introduction du film, avec son exorcisme et son gros cochon noir qui se prend un headshot, va donner le ton : on ne va pas être dans quelque chose qui fait dans la poésie. Russel Crowe joue un exorciste badass qui, tel un policier dans un blockbuster américain, va employer des méthodes musclées bien à lui. Le Vatican a moyennement apprécié le film, et on peut les comprendre aisément parce que le film de Julius Avery (Overlord, Le Samaritain) ne va pas jouer la carte de la finesse. Outre le fait de mettre un coup de râpe au Vatican avec un sous-texte pas très finaud, L’Exorciste du Vatican prône malgré tout le divertissement avec son statut de série B bourrine sans aucune subtilité dans son propos, dans la manière d’amener les choses, avec du cliché à foison, et son héros au final assez improbable. Ce héros, c’est Russel Crowe, et il bouffe littéralement l’écran. Il a pris du poids, c’est devenu une barrique, mais il n’en est que plus charismatique et imposant, d’autant plus qu’on le sent très impliqué dans son rôle. Crowe a rencontré des amis personnels du père Amorth, dont un qui l’avait accompagné dans plus de 150 exorcismes, afin de mieux connaitre le personnage qu’il allait incarner. Il est à fond dans son rôle à mi-chemin entre le premier et le second degré et Crowe est à fond dans la punchline et/ou le petit mot décalé. Couplé à un accent italien pas piqué des vers (du moins en VO) et vous aurez un résultat absolument fendard qui donne le sourire tout du long. Crowe défonce des portes à grand coup de pied ou d’épaule, des murs à coups de masse, et déstabilise les démons avec des répliques parfois absurdes au point qu’il est impossible de prendre le film au sérieux. Lorsqu’un confrère se fait arracher un bout d’oreille par un enfant possédé, Crowe lui rétorque « On ne reste pas longtemps beau-gosse dans ce métier ». Lorsqu’un démon lui dit qu’il est son pire cauchemar, il lui répond « Mon pire cauchemar, c’est que la France gagne la coupe du monde de foot ». Je vous assure, difficile de ne pas se marrer devant ce Russel Crowe absolument génial et si vous voulez une raison de voir ce film, il en est la principale.

A ses côtés, Daniel Zovatto s’en sort très bien dans le rôle du side-kick. Si j’emploie ce terme, ce n’est pas un hasard car on est ici parfois dans le buddy movie de prêtres, avec un side-kick qui sert à quelque chose et qui n’est pas juste là pour faire rire. L’alchimie entre les deux acteurs fonctionne très bien, à l’inverse du trio Alex Essoe / Laurel Marsden / Peter DeSouza-Feighoney (qui incarnent la petite famille dont l’enfant est possédé) qui ne sont au final qu’anecdotiques. On est content de retrouver Franco Nero (Django) en clone de Jean-Paul II, bien que son temps de présence à l’écran soit plus que limité. L’Exorciste du Vatican n’essaie pas de faire quelque chose de particulièrement nouveau ou de révolutionnaire dans le genre, mais tout ce qu’il fait est traité avec soin. Le film est propre visuellement, avec une photographie très soignée offrant de très beaux plans et des éclairages réfléchis afin que même les scènes sombres (de nuit, dans des cavernes) restent lisibles. Certains pourront y voir un côté artificiel, mais on sent un metteur en scène appliqué, qui sait ce qu’il fait, et qui cherche à mettre en valeur chacune de ses scènes. Certains décors sont réellement très réussis et les quelques effets visuels sont plutôt correctement emballés. Ils aident le practical et ne sont pas là que pour être là. Bien que la première moitié du film ait un rythme un peu lent, ça s’excite à mi-film avec des forces maléfiques qui commencent à réellement s’exprimer. Les envolées démoniaques sont réussies, avec leurs lots de projections, de corps qui se désarticulent, de voix gutturales, et autres maquillages noirâtres, et le final est bourrin à souhait avec même quelques giclées de gore qui raviront les amateurs. Ce final sous-entend d’ailleurs qu’il pourrait y avoir des suites, avec un père Gabriele qui continuerait à casser des culs démoniaques avec son acolyte Esquivel, à voir si le succès du film est suffisant pour que les producteurs s’engouffrent dans cette voie-là. Lorsqu’on sort du film, on peut aisément comprendre que certains considèrent L’Exorciste du Vatican comme un navet, surtout s’ils s’attendaient à quelque chose de réellement sérieux et effrayant façon L’Exorciste de William Friedkin. Moi j’y ai vu une grosse série B bourrine, fun et pas prise de tête, souvent à la frontière du nanar sans jamais réellement y tomber grâce à son second degré et à ses scènes qui jouent à la fois la carte de l’horreur et de l’humour. Et puis Russel Crowe en Vespa, ça n’a pas de prix.

LES PLUS LES MOINS
♥ Russel Crowe
♥ Les punchlines funs
♥ Bien mis en scène
♥ Le duo de personnages principaux
⊗ Certains CGI un peu limites
⊗ Le casting secondaire un peu transparent

Russel Crowe bouffe littéralement l’écran dans cette pantalonnade bourrine difficile à prendre au sérieux. Le résultat est ce qu’il est, mais on passe un moment très fun devant ces exorcismes badass aux punchlines parfois nawak.

LE SAVIEZ VOUS ?
• En faisant des recherches sur la vie et l’œuvre du père Gabriel Amorth, Russell Crowe a découvert que le film préféré d’Amorth était L’Exorciste (1973), à tel point qu’Amorth est devenu un bon ami du réalisateur William Friedkin, qui a ensuite réalisé un documentaire sur le travail d’Amorth en tant qu’exorciste, The Devil and Father Amorth (2017).



Titre : L’Exorciste du Vatican / The Pope’s Exorcist
Année : 2023
Durée : 1h43
Origine : U.S.A
Genre : In the name of fucking God !
Réalisateur : Julius Avery
Scénario : Michael Petroni, Evan Spiliotopoulos, R. Dean McCreary

Acteurs : Russell Crowe, Daniel Zovatto, Alex Essoe, Franco Nero, Peter DeSouza-Feighoney, Laurel Marsden, Cornell John, Ryan O’Grady, Bianca Bardoe

The Pope's Exorcist (2023) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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