[Film] Profile in Anger, de Leung Kar-Yan (1984)


Leung Cheng-Yee est un architecte prospère qui est impliqué par erreur dans un complot de meurtre complexe et vicieux. Après que sa femme ait été assassinée et que sa vie ait été complètement bouleversée, Leung décide de se venger lui-même.


Avis de Cherycok :
Réalisé par Leung Kar-Yan, écrit par Leung Kar-Yan, chorégraphié par Leung Kar-Yan, et avec Leung Kar-Yan dans le rôle principal… On sent bien que « Beardy » voulait avoir le contrôle total de Profile in Anger, sa première réalisation, et être sur tous les fronts. Produit par la Golden Harvest, le film est un échec, ne rapportant que 2.3M$HK au box-office local. Quand on voit le résultat fini, on comprend pourquoi. Disons que le film a dû un tout petit peu décontenancer le spectateur qui s’attendait peut-être, à la vue de la jaquette, à un polar d’action comme il commençait à en fleurir à cette époque. Alors sur la première partie, oui, on est dans du grand classique. Mais à mi-film, toute l’équipe semble avoir sniffé son rail de coke, et à partir de là, tout part en cacahuète, pour le plus grand plaisir de l’amateur de bisserie qui devrait adorer la tournure que prend ce Profile in Anger. Alors, difficile de dire que c’est un bon film. Mais par contre, qu’est-ce que c’est fun !

Clairement, le film se compose de deux parties bien distinctes. Dans la première moitié, c’est la mise en place des personnages, des situations, avec le personnage de Leung Kar-Yan qui est fou amoureux de celui de Pat Ha (On The Run). On apprend qu’ils vont bientôt se marier, même si la rencontre avec un ancien camarade de classe interprété par Damian Lau (Duel to the Death) nous fait rapidement comprendre que cela va dégénérer. Comme le scénario, bien que parfois incompréhensible, soit malgré tout prévisible, on comprend vite que c’est Pat Ha qui va charger et que ça va être le début de la vengeance. Profile in Anger commence comme une histoire de vengeance typique ressemblant à Un Justicier dans la Ville (Leung Kar-Yan est architecte, au même titre que Bronson dans le film de 1974). Et à mi-film, un rail de coke plus tard donc, ça va devenir plus sombre, plus noir, et Profile in Anger va virer à la bisserie totale à mi-chemin entre les italiens Les Guerriers du Bronx (1982) et Les Nouveaux Barbares (1983) de Enzo G. Castellari qui, étrangement, sont sortis peu de temps avant. Là, tout prend une autre ampleur, le film devient complètement fou, Leung Kar-Yan qui combat des motos à l’intérieur d’un bar, un gang de rue sorti d’une version Wish de Mad Max, un méchant chauve qui se bat en calbut dans la boue, un autre méchant qui fout des bouffes aux enfants et qui renverse des femmes en voiture, … Oui, de la bonne coke qui retourne le cerveau. Profile in Anger est un film extrêmement généreux pour peu que vous adhériez au délire WTF dans lequel il s’engouffre. Quelque part, cette première réalisation de Leung Kar-Yan est ridicule, mais ridicule dans le bon sens du terme, un peu à la manière d’un Story of Ricky (1991) de Lam Nai-Choi, allant toujours plus vers l’over the top, vers l’exagération, au fur et à mesure qu’on s’approche du générique de fin. Difficile de savoir si tout cela a été fait au premier degré, où si c’est la production difficile (le tournage s’est étalé sur plusieurs mois, voire années, au point qu’on constate les changements de coiffure de certains acteurs) qui a donné ce résultat-là, avec tout ce que cela pourrait amener de changement de direction du scénario, mais le résultat est là. Un résultat qui risque d’en rebuter certains, mais qui va en régaler d’autres.

On comprend rapidement que Profite in Anger va être prévisible dans son déroulement et il n’est pas difficile de deviner qui va mourir. C’est par contre dans sa forme qu’il surprend beaucoup plus. Au fur et à mesure que cela va vriller, le film va se faire de plus en plus sombre, de plus en plus violent, sadique même parfois. Et quand il se fait violent, il n’y va pas avec le dos de la cuillère avec certains personnages qui s’en prennent littéralement plein la tronche, femmes et enfants compris. C’est souvent sans pitié, parfois même un peu gore (main percée avec un foret, fracture du crâne à coups de barre de fer ou de gros cailloux, …) et sincèrement, Profile in Anger aurait pu facilement être classé Cat III d’autant plus qu’il y a même un peu d’érotisme que je qualifierais « d’élégant ». Lorsque l’action se lance réellement à mi-film, cela ne s’arrête presque plus et les scènes vont s’enchainer : homme vs motos, courses poursuites, des cascades dangereuses, et bien entendu des bastons plus classiques, mais constamment avec une violence assez exacerbée où les décors en prennent également pour leur grade. Oui, Profile in Anger est un film de vengeance bien méchant et qui en plus est servi par un casting trois étoiles qui s’en donne à cœur joie. Damian Lau est très bon dans son rôle, tout comme Phillip Ko Fei qui une fois de plus joue un méchant (avec sa tête, normal quelque part) complètement barré. Leung Kar-Yan se donne à fond et on ressent bien la colère dans son personnage même s’il est à l’image de la deuxième partie, dans l’exagération. Michael Chan est celui qui sort du lot, dans ce personnage de tueur à gage froid qui ne recule devant rien. Dommage que Pat Ha soit au final si peu présente car elle fait partie de ces actrices sous-estimées de Hong Kong dans les années 80. Alors oui, nous sommes ici en présence d’un film un peu étrange, un peu confus parfois, avec des éléments qui ne s’assemblent pas toujours très bien ensemble. Il y a également des scènes un peu trop longues (le jeu du chat et de la souris dans la maison), des questions laissées sans réponse (qu’est-il arrivé au personnage de Phillip Ko Fei ? pourquoi il vrille complet lors du final ?), mais qu’importe, Profile in Anger est tellement divertissant, tellement out of this world parfois, avec des scènes d’action qui déménagent à défaut d’être précises dans leur exécution, que l’amateur de films un peu obscurs de Hong Kong devrait au moins tenter l’expérience pour voir de quoi il retourne.

LES PLUS LES MOINS
♥ La deuxième partie WTF…
♥ Le casting
♥ Les scènes d’action
♥ Le côté méchant
⊗ …qui ne plaira pas à tout le monde
⊗ Des trous dans le scénario
⊗ Parfois kitch

Pour sa première réalisation, Leung Kar-Yan signe avec Profile in Anger un film de vengeance bien méchant, vrillant complètement dans sa 2ème partie et devenant une bisserie jouissive digne des certaines prods italiennes du début des 80’s. Très fun !

LE SAVIEZ VOUS ?
• Lors de la dernière scène d’action, un gros bras d’acier fixé à un camion-benne perce l’arrière d’une voiture qui roule à vive allure et semble couper la tête du cascadeur ! Il est difficile de s’en rendre compte car la caméra coupe trop vite, mais il ne serait pas étonnant que quelqu’un ait laissé sa vie sur cette scène.



Titre : Profile in Anger / Fight Spirit of a Hero / 無名火
Année : 1984
Durée : 1h23
Origine : Hong Kong
Genre : Bon gros nawak
Réalisateur : Leung Kar-Yan
Scénario : Leung Kar-Yan, Hoh Hong-Kiu

Acteurs : Leung Kar-Yan, Michael Chan, Phillip Ko Fei, Damian Lau, Pat Ha, Chang Yi, Mabel Kwok, Tong Kam-Tong, Tai San, Law Keung, Leung Hak-Shun, Homer Cheung

Profile in Anger (1984) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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