[Film] Organ Trail, de Michael Patrick Jann (2023)

Montana, 1870. Abigale Archer est avec sa famille dans les montagnes, tentant de survivre à l’hiver qui se prépare. Mais après être tombée sur des bandits, toute sa famille est assassinée. Parvenant à s’échapper, la jeune femme va tout faire pour récupérer son seul bien, son cheval.


Avis de Rick :
Quand on aime le western, c’est un peu triste de se dire que l’âge d’or est loin derrière lui, puisque le western, ce fut une mode persistante à Hollywood, qui disparut quasi intégralement (comme bientôt les super héros ?). Du coup, on guête depuis des dizaines d’années chaque nouvelle tentative du genre, nous offrant parfois de bien belles pépites. Open Range, Wyatt Earp, Tombstone. Et ce qui est amusant, c’est de voir, vu la période souvent violente où se déroule ces métrages, que le western se marie très bien avec l’horreur. On pensera par exemple à l’excellent Vorace de Antonia Bird, ou plus récemment à Bone Tomahawk de S. Craig Zahler. Le film du jour, fraichement débarqué en Mai 2023, est souvent rattaché au genre du western horrifique par de nombreux spectateurs. Pourquoi ? Juste car il est violent. Est-ce un western horrifique ? Absolument pas ! Organ Trail nous présente durant une longue demi-heure la famille Archer, avec Abigaile, son père, sa mère, et son frère Lukas. Une famille vivant comme elle le peut, mais qui face à l’hiver rude qui se prépare, doit quitter la maison familiale. Une traversée des magnifiques décors du Montana qui ne sera pas de tout repos, puisqu’il ne faut que quelques minutes au métrage pour que le père et le fils, alors partis chasser pour nourrir cette bien belle famille, ne tombe sur un camp dévasté, où l’unique survivante est crucifiée contre un arbre. Un acte de bienveillance (sauver la jeune femme et s’en occuper) qui va leur coûter cher, puisque durant la nuit, des bandits débarquent, égorgent les parents, flinguent le fils, et capturent Abigaile pour la ramener à leur camp. Cassidy, la jeune femme rencontrée plus tôt et sauvée était de mèche, le tout était un plan bien huilé de la part des voleurs, et bim, après quasiment une demi-heure et après une scène de violence froide et intense, apparition du titre.

Organ Trail met d’office en confiance le spectateur, pour de bonnes raisons, certaines déjà évoquées. Les magnifiques décors naturels du Montana déjà, avec ses montagnes, sa verdure. Les quelques camps et petites villes reconstituées sont une belle réussite également, on se croirait vraiment en 1870. De manière plus globale, on pourrait même dire que c’est la direction artistique qui brille et fait authentique, malgré un budget en soit minuscule, et qui se ressent finalement dans la modestie du projet. Peu de personnages, peu de véritables décors, beaucoup de lieux naturels, et également, un scénario très simple, ce qui sera autant une qualité qu’un défaut, on y reviendra. Mais voilà, visuellement, on sent les limitations, mais le réalisateur sait s’en servir et en faire des atouts, donnant un côté simple, brut et direct à son film. La violence en sera un bel exemple, les scènes violentes étant très rares, très courtes, et donc très réalistes et bien plus percutantes. Le casting fait du bon boulot en soit, rien de mémorable puisque leur écriture n’est pas mémorable non plus, mais pour une simple histoire de bandits et de la jeune Abigaile qui va s’échapper, puis revenir pour récupérer son cheval, on est là face à une simple histoire de vengeance, avec des méchants un peu clichés (le mec qui n’inspire pas la confiance et fait office de boss final, le chef qui profite de la belle vie, celui qui doute de leurs actions), et même chose de l’autre côté de la barrière, avec Abigaile qui en soit, est très bien interprétée par Zoé De Grand Maison, mais qui n’a aucun réel développement, et les rares personnages qu’elle croisera sur sa route et susceptible de l’aider (le couple Erik et Nora) vont accepter de l’aider sans trop se poser de questions parfois. Clichés ou simplicité d’écriture, voire les deux, faite votre choix.

Non, là où finalement, au fur et à mesure des minutes qui défilent, Organ Trail déçoit, c’est que le film dure beaucoup trop longtemps pour une histoire si simple et avec des enjeux si rapidement identifiables et qui n’évoluent pas vraiment. 1h52, ça paraît normal, mais ici, beaucoup de scènes semblent tout simplement s’étirer en longueur, et on a parfois l’impression que l’intrigue vient faire du sur-place. A coup de capture, je m’échappe, on envoie quelqu’un après l’héroïne, elles se retrouvent, un méchant arrive, capture encore, tentative d’évasion ou bien de sauvetage. Ça stagne le plus souvent. Et parfois, peu importe la finalité d’ailleurs, ça allonge son récit de manière légèrement étrange, comme pour son dernier acte, qui intervient après un élément peu crédible, ou du moins qui, dans un film se voulant froid et réaliste, fait un peu tiquer. Et dans ce cas-là, c’est clairement dommage, car son final en lui-même, sec et brutal, fonctionne très bien. Organ Trail n’est donc pas un western désagréable, mais il est bien trop long pour une si petite intrigue, et donc l’intérêt descend au fur et à mesure, malgré un bon final violent et une très sympathique ouverture.

LES PLUS LES MOINS
♥ De très beaux décors naturels
♥ La violence sèche et réaliste
♥ Au début, très vite prenant
♥ Le final bien violent
⊗ Un récit qui tourne assez vite en rond
⊗ Beaucoup trop long
⊗ Quelques facilités et clichés
note6
Organ Trail n’est pas un mauvais western, il aurait même fait un excellent court, ou un excellent long ne dépassant pas 1h20. Sa violence est sèche, rapide et efficace, son récit simple, mais justement, on a vite l’impression que pas mal de scènes allongent le récit de manière peu intéressante ou naturelle.


Titre : Organ Trail
Année : 2023
Durée :
1h52
Origine :
Etats Unis
Genre :
Western
Réalisation :
Michael Patrick Jann
Scénario :
Meg Turner
Avec :
Zoé De Grand Maison, Mather Zickel, Lisa LoCicero, Lukas Jann, Olivia Grace Applegate, Sam Trammell, Nicholas Logan et Clé Bennet
Organ Trail (2023) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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