[Film] Mad Heidi, de Johannes Hartmann et Sandro Klopfstein (2022)

Heidi est de retour pour se venger. La petite fille des Alpes devenue adulte part en croisade dans une Suisse totalitaire contre un magnat du fromage mégalo


Avis de John Roch :
Tout a commencé par une affiche en 2017, puis un trailer spécialement tourné pour une campagne de crowdfunding lancée en 2020, qui a permis de récolter 2 millions de Francs Suisses pour mettre en image ce Mad Heidi, qui est non seulement une (lointaine) adaptation trash et déjantée des romans de la petite Suissesse des Alpes la plus célèbre au monde, mais aussi le premier film de Swissploitation. Il est vrai que la Suisse, on la connaît pour beaucoup de choses mais pas pour être un pays qui officie dans le cinéma de genre, malgré la présence du NIFF qui fait partie des festivals les plus importants d’Europe, qui montre l’attrait de la population locale pour ce type de bobines. Fruit de cinq ans de travail de trois fans de cinéma d’exploitation : le producteur Valentin Greutert et les réalisateurs Johannes Hartmann et Sandro Klopfstein, Mad Heidi se veut un hommage à ce genre de bobines déviantes, ce qui n’a rien d’inédit pour ce qui était devenu un genre de mode suite au diptyque Grinhouse de Robert Rodriguez et Quentin Tarantino mais à la différence que là, c’est version 100% Suisse. Mais les meilleures intentions ne font pas les meilleurs films, si l’on ne remettra pas en cause la sincérité des créateurs de la chose et malgré quelques bons points, Mad Heidi est à l’arrivée une belle déception, un sacré pétard mouillé qui n’a de mad que son nom.

De Heidi, l’œuvre originale, Mad heidi en reprend des personnages. Le rôle titre donc mais aussi son grand-père qui élève sa petite fille au fin fond des Alpes, ancien leader de la résistance ; Peter le chevrier, meilleur ami ici petit ami qui deale du fromage de qualité ; son amie Clara, ici nommée Klara pas encore paralysée et même l’autoritaire Fräulein Rottenmeier ici renommée Fräulein Rottweiler, sorte d’Ilsa Suissesse qui dirige d’une main de fer une prison. Des changements pertinents en raccord avec l’univers dans lequel se déroule Mad Heidi : une Suisse Dystopique dans laquelle un régime totalitaire, dirigée par le dictateur Meili, qui a mis la main sur la totalité de l’industrie du fromage, ce qui lui permet de garder la population sous son contrôle. Dans Mad Heidi, on nage en plein nazisploitation, où le drapeau Suisse se substitue à la croix gammée, où les Juifs sont remplacés par les intolérants au lactose et où on torture des résistants avec de la fondue suisse (qui se distingue de la Savoyarde de par les fromages utilisés, j’aurai au moins appris un truc). Et de ce coté fonctionne, l’univers de Mad Heidi rend plutôt bien à l’écran, et s’avère être assez bien pensé pour intégrer ce qui fait les caractéristiques de la Suisse dans le genre. Chocolat, ponctualité, couteaux Suisse et bien sur fromage sont présents dans des dialogues et scènes qui auraient pu donner le délire attendu, si toutefois le métrage ne se prenait pas autant au sérieux.

Présentation des personnages et de l’univers faite, rembobinons pour savoir de quoi ça parle Mad Heidi. De Heidi forcement, qui vit une idylle avec Peter le chevrier, dealer de fromage de chèvre. Ce qui ne plaît pas aux fachos qui vont exécuter sur la place publique le chevrier sous les yeux de sa belle, qui va finir en prison après que le commandant Knorr se rende compte que Heidi est la petite fille de l’ancien leader de la résistance, et comme le monde est petit c’est également lui qui a assassiné ses parents. Ça démarre pourtant bien, encore une fois grâce à l’univers décalé décrit plus haut, mais plus Mad Heidi avance, plus il s’enlise dans un premier degré qui va à contresens dudit univers. Dès lors, Mad Heidi prend la forme d’une autre facette du cinéma d’exploitation et devient un WIP trop sage, trop sérieux, ennuyeux et bien trop long qui bouffe bien un tiers du métrage. Une fois sorti de la première partie du film, on peut espérer que Mad Heidi devienne enfin la bande trash et déjantée attendue, ce qui ne sera jamais la cas. Le problème, c’est qu’à trop vouloir s’attarder sur sa partie carcérale, le reste du métrage est comme rushée. Le film va enchaîner des scènes qui donnent le sentiment que ça y est, Mad Heidi va enfin décoller, mais ça n’arrive jamais et c’est plus de l’ennui que l’on ressent plutôt qu’une quelconque jubilation. Heidi va bien sur découper du facho avec sa hallebarde, mais dans des moments qui n’excèdent pas la minute. Et ce n’est pas un entraînement avec des nonnes ninjas, un combat en mode gladiateur, l’introduction de nouveaux personnages alors que d’autre disparaissent complètement (mais où est passé le bras droit de Fräulein Rottweiler, interprétée par la superbe Rebecca Dyson-Smith ?), une demi douzaine de scènes gores, ou encore trois zombies qui vont sortir le spectateur de la torpeur.

C’est là le principal défaut de Mad Heidi : le métrage n’est jamais fun et à chaque fois qu’on se dit que ça y est, cette fois c’est la bonne et que le métrage va enfin décoller, ce n’est que pour décevoir d’avantage. Il y a pourtant du potentiel qui ressort de Mad Heidi. Visuel d’abord car bien que la réalisation manque de punch, le métrage a vraiment de la gueule avec une photographie superbe et les décors naturels des Alpes qui le sont tout autant. D’écriture ensuite, car si Mad Heidi a un sacré problème de rythme et un manque de fun, on remarquera quelques répliques piqués ici et là (de Coppola à Marvel en passant par Russ Meyer, ça brasse large) adaptés à la sauce Suisse, mais surtout le soin qui a été apporté au personnage du dictateur Meili. Campé par un Casper Van Dien très à l’aise dans son rôle du président de la Suisse, plutôt drôle à chacune de ses apparitions qui pour le coup sont trop ponctuelles (et à raison, vous enlevez Van Dien, il n’y a vraiment plus grand-chose qui justifie la vision du métrage), ce personnage incarne tout ce qu’aurait du être Mad Heidi dans sa globalité, une œuvre fun et folle. Dommage que ce ne soit jamais le cas.

LES PLUS LES MOINS
♥ Casper Van Dien
♥ Visuellement, ça a de la gueule
♥ Un potentiel gâché, mais présent
⊗ La première partie qui s’éternise
⊗ La seconde partie rushée
⊗ Un gros problème de rythme
⊗ Un film qui se prend trop au sérieux
⊗ Une mise en scène qui manque de punch
⊗ Ça ne décolle jamais
⊗ Jamais vraiment fun, souvent ennuyeux

Mais Quelle déception ! Mad Heidi se veut être un hommage au cinéma d’exploitation cuisiné à la sauce suisse, mais ça ne fonctionne pas. Jamais fun et se prenant bien trop au sérieux, le métrage ne décolle jamais et s’avère être plus ennuyeux qu’autre chose. Reste que ce n’est pas vilain visuellement parlant, et que Casper Van Dien sauve à lui seul le film du naufrage complet. Dommage, car il y avait du potentiel, gâché certes mais bel et bien présent.



Titre : Mad Heidi
Année : 2022
Durée : 1h32
Origine : Suisse
Genre : Flat Heidi
Réalisateur : Johannes Hartmann et Sandro Klopfstein
Scénario : Sandro Klopfstein, Johannes Hartmann et Gregory D. Widmer

Acteurs : Alice Lucy, Casper Van Dien, Max Rüdlinger, David Schofield, Kel Matsena, Almar G. Sato, Pascal Ulli, Katja Kolm, Rebecca Dyson-Smith
Mad Heidi (2022) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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