[Film] M.F.A. de Natalia Leite (2017)

Timide étudiante en art, Noelle tente de se faire repérer par son travail. Lorsqu’elle est brutalement violée par un autre étudiant, elle se renferme encore plus sur elle-même, peut-être même pour toujours.


Avis de Rick :
M.F.A., je n’en avais jamais entendu parler avant de tomber par hasard sur l’ost sur le site Bandcamp. Et comme je suis très sensible à la musique dans les films, ça m’a immédiatement interpelé. Quelques recherches plus tard, tombant à la fois sur de très bons avis et des avis ultra mauvais (un film qui divise), me voilà devant la bête. Considéré par certains comme un film artistique parlant d’un sujet qui doit être développé et purge féministe où les hommes sont le mal pour les autres, je dirais au final qu’il s’agît ici d’un film féministe, parfois facile, mais artistique, beau, et plaisant. Ironiquement, qui ne raconte pas spécialement grand-chose non plus. Du coup oui, ceux qui voulaient un simple film de genre en lisant l’intrigue en se disant qu’il s’agît là d’un Rape & Revenge bien violent, ils n’y trouveront pas leur compte. Par contre, quand je lis que certains critiquent la gratuité du propos du film alors qu’ils conseillent de voir I Spit on Your Grave, certes très différent mais au propos moins développé (juste un viol, puis une vengeance), je ne comprend toujours pas. M.F.A. nous raconte donc l’histoire de Noelle, jouée par Francesca Eastwood, fille de Clint Eastwood. Une étudiante en art un peu timide qui va malheureusement être victime d’un viol. Oui, une histoire simple. Et alors qu’elle demande à son agresseur des explications ou excuses, un accident terrible a lieu, et le jeune homme perd la vie. Un événement qui va changer Noelle, dans son comportement, dans son but, et accessoirement, dans son art. Enfin accessoirement, ce serait plutôt un des sujets principal du film.

Car M.F.A. ne prend pas vraiment la voie du film de genre, du rape & Revenge classique, ou même du film violent, sexuel et graphique, mais la voie du drame. M.F.A est un drame. Qui s’en tient à ce qu’il veut faire, ce qu’il veut raconter, et ne nous offrira, narrativement parlant, rien de plus. Pas de rebondissements en pagaille, de changement brusque de direction ou de rythme, M.F.A. garde sa ligne directrice du début à la fin. Oui il y aura des meurtres mais rien de vraiment graphique ou choquant. Oui il y aura de la nudité, mais rien de complaisant réellement. On pourrait penser que le film passe alors à côté de son sujet, sauf que là n’est pas son sujet. Le métrage nous montre surtout le problème des viols dans les universités, entre adolescents, avec bien entendu l’organisme scolaire qui ne réagit pas, tente de minimiser les dommages et surtout les faits afin de passer à autre chose et de ne pas attirer trop l’attention. Noelle fatalement, après son premier meurtre involontaire, et en prenant conscience de comment tout cela fonctionne, va décider de faire sa petite guerre contre le mal, et donc, contre le mâle, allant jusqu’à venger d’autres personnes, notamment sa colocataire qui avait eu des soucis par le passé. Et au fur et à mesure de ses aventures, et donc des meurtres, Noelle va se découvrir un peu plus, et du coup évoluer dans son art, beaucoup plus à fleur de peau. Un propos simple, mais pas inintéressant. Heureusement, la forme du métrage suit, puisqu’il y a bien quelques petits défauts qui se glissent dans l’œuvre.

Oui, ses victimes sont parfois des proies faciles une fois leur libido lancée, et on a souvent l’impression que Noelle ne rencontre pas de réelle résistance ou challenge. Dans le même ordre d’idée, la vengeance est souvent un ascenseur émotionnel pour le personnage, alors qu’ici, à part dans quelques moments notamment vers la fin, la vengeance de Noelle apparaît beaucoup plus comme mécanique. En fait, M.F.A. nous présente son personnage, le développe, mais essaye de toujours rester à une certaine distance des événements, et là où le film se fait le plus ambigu possible, ce sera dans ces dialogues et non pas dans les actions du personnage. Car ce qui intéresse à la fois la réalisatrice Natalia Leite et la scénariste Leah McKendrick (qui tient également un rôle), c’est le développement de Noelle, de ce personnage qui en début de film doute et ne cherche que deux choses, l’acceptation de son art et l’acceptation amoureuse. Du coup on peut le dire aisément, M.F.A. est un film fragile par certains aspects, qui semble sans cesse jouer avec ce que le public pourrait attendre du genre pour livrer totalement autre chose. Pas étonnant que beaucoup de gens ne voient donc que ce qu’ils ont envie de voir avec un tel film, même si ce qu’ils y voient n’est absolument pas ce que le film est et voudrait être. Oui, clairement le métrage de par ses thèmes aurait pu être un métrage plus fort, qui frappe là où ça fait mal s’il avait accepté ne serait-ce que quelques éléments du genre qu’il aborde en surface, mais la proposition de l’équipe du film est malgré tout intéressante, artistique, et par moment même hypnotisante.

LES PLUS LES MOINS
♥ Francesca Eastwood
♥ Techniquement assez hypnotisant
♥ Un film de genre différent
⊗ Parfois un peu hésitant et trop distant
⊗ Pas assez marquant
note8
M.F.A. est parfois un peu maladroit, et parfois un peu trop distant envers ses situations pour pouvoir créer une vraie émotion, mais il a malgré tout ce petit quelque chose qui le rend intéressant, prenant, beau.



Titre : M.F.A.

Année : 2017
Durée :
1h35
Origine :
U.S.A.
Genre :
Thriller
Réalisation : 
Natalia Leite
Scénario : 
Leah McKendrick
Avec :
Francesca Eastwood, Clifton Collins Jr., Michael Welch, Leah McKendrick, Peter Vack et Andrew Caldwell

 M.F.A. (2017) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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