[Film] Little Necro Red, de Giulio De Santi et Tiziana Machella (2019)

La fille d’Angela, Annie, a mystérieusement disparu, mais la police n’a jamais retrouvé son corps. Alors que sa mère commence à faire la lumière sur le mystère, un culte religieux dirigé par une matriarche connue sous le nom de grand-mère laisse dans son sillage une traînée de sang et de carnage. Plus la mère s’enfonce dans la folie, plus le doute s’enfonce dans son esprit: Annie est-elle vivante?


Avis de John Roch :
Pour les fondus de gore, Necrostorm s’est imposé la décennie dernière comme une valeur sure. Mais si début 2010, la boite du nouveau cinéma gore Italien balançait coup sur coup des Adam Chaplin, Taeter City et autres Hotel Inferno, elle se fait de plus en plus rare. La faute à un manque de financement évident, qui se repose essentiellement sur les deniers récoltés auprès des fans qui participent aux crowdfundings et précommandes des éditions physiques et digitales des prochaines productions de Giulio De Santi qui pour certaines tardent sacrément à se pointer, Adam Chaplin 2 et Taeter Burger en tête. Ajoutons à cela trois autres opus de Hotel Inferno prévus sans compter d’autres projets annoncés, on n’a pas fini d’en bouffer du gore made in Necrostorm, si toutefois ce qui peut être qualifié d’extension de leur univers voit le jour. Car oui, chez Necrostorm, tout est lié ou presque. Il n’y a qu’à aller faire un tour sur leur site web pour voir un genre de roadmap ou leurs métrages sont disséminés ici et là avec des infos plus ou moins claires sur la connexion entre lesdits métrages. Et si finalement c’était du flan, et que cette connexion servait surtout à camoufler un recyclage des précédents films par pure économie de moyen ? Après avoir vu Little Necro Red, la question se pose. Oui Necrostorm a son petit univers. Mais il a aussi son petit côté recyclage assez voyant. Mais finalement on s’en fout, Necrostorm délivre à chaque film le quota de gore attendu. Little Necro Red ne déroge pas à la règle, mais alors que leurs précédents scénarios n’étaient pas fous (et on s’en fout dans une production de ce genre, tant que ça tient un minimum la route) mais compréhensible, il faut ici s’accrocher pour comprendre de quoi ça parle.

Déjà évacuons toute confusion. Non, malgré son titre, et une suite prévue nommée Three Necro Pigs, Little Necro Red n’est pas une réinterprétation du petit chaperon rouge à la barbaque et tripailles sauce barbecue. Il y a bien une grand-mère et un loup, mais ça s’arrête là. Si on pouvait le rapprocher du conte au centaines de variantes, le chaperon rouge part en expédition punitive pour se venger de ceux qui se sont payé sa tête, la grand-mère serait le gourou d’un culte satanique et le loup serait quant à lui… et bien c’est une très bonne question. Dans les faits, c’est un bordel sans nom. Alors oui, au départ on y croirait, à cette histoire de chaperon rouge qui part en expédition punitive et crade, mais non. Little Necro Red est un délire qui n’a aucun sens. La faute à une accumulation de personnages et de sous intrigues qui se mélangent mal. Entre la mère à moitié folle qui doute du décès de sa fille, son amie qui vient lui prêter main forte tout en enquêtant sur l’affaire pour le compte d’un ancien journaliste, le culte satanique qui fait des choses sataniques, le loup qui est antagoniste ou protagoniste c’est pas très clair, et rajoutez à cela un peu de UFC parce que pourquoi pas. Tout ça en même temps, ce qui donne l’impression que l’intrigue qui se met en place devient superflue dès que la seconde se pointe, et ainsi de suite jusqu’à une tirade qui tente maladroitement de lier le tout… tout en oubliant quelques points au passage. Quant aux personnages, la majeure partie n’interagit jamais avec d’autres, et quand c’est le cas, ça va parfois en contre sens total avec ce qui a précédé, là où certains ont une utilité à l’intrigue justement inutile. En bref, regarder Little Necro Red, c’est se sentir largué dès le premier quart d’heure de la première vision mais rassurez-vous, à la troisième aussi.

Mais dans ce genre de film l’intrigue est secondaire et de toute façon, Necrostorm a tenté un récit visiblement trop ample pour tenir sur 1h15 parfois un peu chiante puisqu’on comprend pas grand-chose à ce que ça raconte. Non, une production Necrostorm, c’est avant tout pour voir une succession de scènes ultra gores défiler. Et de ce côté ce n’est pas une déception, malgré quelques limites qui se font sentir. Niveau gore donc, on a le quota. Ça charcle, et les multiples coups de feu, poing, pied, de couteau, de hache et bien d’autres font des dommages corporels over the top bien jouissifs. Là où ça commence à légèrement coincer avec Necrostorm, point que j’avais déjà vaguement abordé lors de ma chronique de Hotel Inferno 3, c’est que d’un film à l’autre tout commence à se ressembler. Pas de quoi bouder son plaisir certes, d’autant plus que le métrage est plutôt soignée pour une production d’environ 150.000€. Mais ça commence à tourner un peu en rond. On retrouve dans Little Necro Red ce que l’on a vu dans les précédents films de la boite : un univers situé dans un futur proche à la technologie semi évoluée et à l’état semi totalitaire (du moins ce que le budget permet de montrer), des effets de styles plus ou moins réussis hérités du clip et de la Japanimation, des effets gore qui mêlent pratique et CGI plus ou moins heureux au niveau du rendu ou des raccords… Rien ne ressemble plus à du Necrostorm que du Necrostorm, mais ici l’impression que les prothèses, masques, costumes et rendus pré calculés sur leurs ordinateurs se fait trop sentir ici. Ajoutez à cela un recyclage des costumes de Taeter City, un final qui pourrait être une grosse scène coupée de Adam Chaplin, et une scène en mode FPS à la Hotel Inferno, vous obtenez un genre de best of de ce qu’a fait Giulio De Santi par le passé. Alors oui, tout Necrostorm est sensé se dérouler dans le même univers, et au final c’est presque anodin puisque Little Necro Red remplit son contrat niveau gore, mais il faudrait tenter d’innover ne serait-ce que légèrement dans la mise en scène, le gore, le style, enfin à peu près tout histoire de ne pas avoir le sentiment de toujours regarder le même film.

LES PLUS LES MOINS
♥ Niveau gore on est servi
♥ Vu le budget, c’est plutôt soigné
♥ C’est court
♥ Quelques effets stylisés assez cool…
⊗ Le mélange effets pratiques/ CGI parfois foiré
⊗ Une histoire incompréhensible
⊗ Un film qui montre les limites de Necrostorm
⊗ … mais d’autres pas forcement utiles

Malgré un scénario incompréhensible, Little Necro Red reste un film à voir pour les amateurs d’ultra gore qui trouveront ici une nouvelle production Necrostorm qui remplit amplement son contrat… si l’on n’est pas regardant sur certaines limites qui se font de plus en plus sentir d’un film du studio à l’autre.



Titre : Little necro red
Année : 2019
Durée : 1h15
Origine : Italie
Genre : Necrostorm
Réalisateur : Giulio De Santi et Tiziana Machella
Scénario : Giulio De Santi et Tiziana Machella

Acteurs : Victoria Hopkins, Lucy Drive, Sarah T. Cohen, Desiree Mei, Giulio De Santi, Peter Cosgrove, Wilmar Zimosa, Barnaba Bonafaccia

 Little Necro Red (2019) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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