[Film] Le Manoir De La Terreur, de Andrea Bianchi (1981)

Un groupe de jeunes gens se rend dans la villa d’un riche industriel, pensant y passer un week-end agréable. Mais un professeur passionné d’archéologie séjournant dans la demeure fait réapparaître des zombies qui ne vont pas tarder à semer la terreur parmi les convives.


Avis de John Roch :
Malgré une filmographie composée majoritairement de pornos, Andrea Bianchi s’est fait un petit nom chez les amateurs de bisseries Italiennes, tout d’abord avec le giallo Nue pour l’Assassin dans lequel il dirige Edwige Fenech, et pour ce Manoir de la Terreur, à ne pas confondre avec son homonyme et compatriote des années 60, ni avec le tome 57 de la collection chair de poule, ce qui est pour ce dernier fort peu probable mais pas impossible pour autant. Tiens à propos de confondre, ça me rappelle la fois où ,gamin, j’ai loué une série B d’action du nom de Coup de Force, le titre était le bon, mais le film non, et je me suis ainsi retrouvé avec un métrage dont les scènes d’actions étaient, comment dirais-je, pénétrantes, si vous voyez ou je veux en venir. Mon vidéo club de l’époque avait fait fort certes, mais rien n’est impossible donc, comme de se retrouver devant un film de zombie Rital à la réputation nanardesque, et plus personnellement j’avais le souvenir d’un film chiant, qui au final n’était pas si mauvais que ça, pour une production du genre, bien qu’on ne peut pas objectivement parler de bon film pour autant.

Comme le titre l’indique, le film se déroule dans un manoir, et la terreur survient lorsque qu’un scientifique à la barbe inrasable découvre le secret de la résurrection des morts, ce qui déclenche le réveil d’une poignée de morts-vivants qui quittent le tombeau dans lequel ils sommeillaient. Au même moment, trois couples arrivent sur les lieux pour fêter la découverte sans que l’absence du scientifique ne semble leur faire tilt. En attendant, ils profitent de l’air vivifiant de la campagne pour livrer le minimum syndicale de scènes érotiques, le soir avant de dormir, puis au petit matin. Car voyez vous, l’absence du scientifique ne semble toujours pas alerter les convives, chaque couple va donc vaquer à ses occupation dans le grand jardin de la propriété : écrire au pied d’un arbre et niquer, faire un shooting photo et niquer, et apprendre à manier une arme à feu et… pas niquer car l’un des couples est accompagné par un enfant d’une douzaine d’années assez flippant, un genre de modèle réduit de Dario Argento avec des yeux tout ronds qui est un peu trop proche de sa mère, au grand dam de son beau père, accessoirement propriétaire du manoir, qui espérait tirer son coup comme tout le monde. C’est à ce moment précis que les zombies trouvent le chemin de la sortie et attaquent ce beau monde, mais pas que puisqu’il en sort de partout, du sol jusqu’à derrière des décos en marbre. À partir de ce moment, le Manoir de la Terreur décolle et ne s’arrête plus, car si il y a bien une chose que l’on ne peut reprocher au film, c’est son rythme, du moins dans la forme. Il se passe toujours quelque chose dans le manoir de la terreur et il n’y a que peu de place pour les scènes d’exposition, d’ailleurs les personnages n’ont aucune personnalité, ce qui n’est pas un mal puisqu’on échappe aux clichés du genre (le héros au grand cœur, le salaud qui pensent qu’a sa pomme etc), parfois écrire un scénario à la va vite, ou ne pas savoir écrire a du bon mine de rien, et le métrage mise sur une scène gore toute les cinq minutes maximum, dans la forme en revanche, le métrage se révèle tout de même mollasson, la faute à une mise en scène plate au possible, quand la caméra ne fait pas n’importe quoi en collant aux baskets des protagonistes qui ne manquent pas de répliques par moments assez hallucinantes, ou en zoomant sur leurs visages en surjeu ou en inexpressivité, ou à un stade entre les deux. La lenteur des zombies y est également pour quelque chose.

Car les zombies du Manoir de la Terreur sont lents, très lents. Le réalisateur en a visiblement eu conscience et fait appel à la magie de la facilité scénaristique pour que les morts vivants puissent représenter une menace et que les personnages puissent se faire croquer (bien que ce soit leurs réflexes inexistants qui causent bien souvent leur perte). On a donc un piège à ours qui apparaît comme par magie dans le jardin pour ralentir les futures victimes, les zombies pressent le pas pour s’armer histoire de détruire les barricades, quand ils n’utilisent pas un tronc d’arbre pour s’en servir comme d’un bélier, un mort vivant tend une embuscade derrière une fenêtre, après avoir escaladé une colonne pour atteindre l’étage supérieur du manoir, un autre balance un gros clou comme un ninja balance un shuriken pour immobiliser son futur repas. Quant aux vivants, ils attendent sagement de se faire encercler pour se faire bouffer, quittent une pièce remplie d’armes blanches sans penser à en prendre n’en serait-ce qu’une, et se font berner par des zombies déguisés en moines dans un dernier quart d’heure qui défie toute logique. Il se passe donc toujours quelque chose dans le Manoir de la Terreur, et une fois le prix de l’incohérence payé, c’est le gore qui défile à l’écran qui prime. Si l’on passe sur les zombies mal foutus avec des prothèses mal collées sur des figurants sous xanax (l’un d’eux porte un masque de Boris Karloff en créature de Frankenstein légèrement customisé) qui reviennent même après leur mort, la plupart des effets gores font illusion en copie basse définition : morsures, étripages, têtes écrasées et explosées au shotgun, et quelques idées pompées sur l’Enfer des Zombies (le zombie qui sort de terre avec des vers dans un orifice oculaire, la scène de l’œil transpercé reprise à l’identique mais sans le talent). Mais ce qui démarque le Manoir de la Terreur des autres productions transalpines de l’époque, c’est ce que fait Andrea Bianchi de la relation entre la mère et son fils. Ce que l’ on pense être de la jalousie de ce dernier envers son beau père se transforme en relation incestueuse pas forcement utile à l’ intrigue, mais qui a le mérite de poser une ambiance un brin malsaine, en plus d’ amener l’ une des scènes les plus cultes du film de zombie italien, et rien que pour ce moment aussi improbable que glauque, qui renvoie à la Nuit des Morts-Vivants pour le coté enfant qui tue sa mère, mais à la sauce Œdipienne, le Manoir de la terreur mérite un petit coup d’ œil.

LES PLUS LES MOINS
♥ Gore
♥ Rythmé
♥ Court
♥ Le petit coté malsain qui s’installe
♥ C’ est amusant par moments
⊗ une mise en scène mollassonne
⊗ Les zombies aux maquillages foirés
⊗ Le dernier quart d’ heure qui défie toute logique
⊗ Des facilités et des incohérences de partout
Dans son genre, le Manoir de la Terreur n’est pas ce qui s’est fait de pire. Bien que le scénario ne tienne pas debout une minute, le métrage est suffisamment amusant, gore et parfois malsain pour passer un bon moment. À réserver aux amateur de Bisseries Italiennes.

LE SAVIEZ VOUS ?
• L’enfant, Michael, est joué par Pietro barzocchini, un acteur de petite taille âgé de 25 ans au moment du tournage.
• Tourné en quatre semaines.
• Bien que le film ait été tourné dans un vrai manoir, le final a, quant à lui, été tourné sur un plateau de tournage qui a également servi à Inferno, Contamination, et Pulsions cannibales.



Titre : Le manoir de la terreur / Burial ground / The nights of terror / La notti del terrore
Année : 1981
Durée : 1h25
Origine : Italie
Genre : Zombies
Réalisateur : Andrea Bianchi
Scénario : Piero Regnoli

Acteurs : Karin Well, Gianluigi Chirizzi, Simone Mattioli, Antonella Antinori, Roberto Caporali, Pietro Barzocchini, Claudio Zucchet, Anna Valante, Raimondo Barbieri

 Le manoir de la terreur (1981) on IMDb


«je suis le professeur… Arrrghh»

 

«Tu as l’air d’une vraie putain, mais c’est pour ça que tu m’excites»

 

«Ça ressemble à un humain… Quelle horreur mon Dieu, il est comme rongé par le temps»

 

«Maman, ce chiffon, il a une odeur de mort»

 

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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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