[Film] King Kong, de John Guillermin (1976)

La compagnie pétrolière « Petrox » monte une expédition à la recherche de nouvelles nappes. L’île sur laquelle ils viennent de débarquer abrite un gorille gigantesque. Ils décident de le capturer pour l’exhiber. Arrivé aux Etats-Unis, le gorille s’échappe…


Avis de Rick :
Même si aujourd’hui pour les plus jeunes, King Kong c’est avant tout l’œuvre de Peter Jackson en 2005, pour les cinéphiles, c’est avant tout l’œuvre culte de 1933. Et entre les deux, il y a souvent l’opus mal aimé, le King Kong de John Guillermin en 1976. À tort ou à raison, mais ce King Kong demeure une œuvre culte de ma jeunesse, et qui, malgré des défauts bien voyants, reste quoi qu’il arrive un métrage qui a une place dans mon cœur de cinéphile. On ne parlera par contre pas de King Kong II, réalisé dans les années 80 par ce même John Guillermin, sauf si on en parle au sein du gag sur King Kong 2 dans le très fun The Big Hit de Kirk Wong. King Kong version 1976, c’est avant tout une production plus que chaotique, un film devant être au départ un remake très fidèle signé Universal. Qui fut annulé puisque de son côté, Dino De Laurentiis planifiait déjà son remake actualisé et se déroulant de nos jours (en 1976 donc). Plus intéressant en fouillant un peu, on apprend que la Hammer voulu elle aussi se frotter à l’exercice de remaker King Kong, mais après quelques tests, le projet fut annulé. King Kong est un projet monstre, qui a fait peur à de très nombreux producteurs et cinéastes. Mais Dino De Laurentiis n’a peur de rien (la preuve, il produira également Dune en 1984, un autre métrage peu aimé). King Kong, c’est en plus d’être une production difficile un gros bordel, avec un tournage de sept mois dés Janvier 1976, une scène finale tournée à New York et avec 30 000 figurants (et pas de CGI pour les dédoubler). Et c’est surtout un Kong géant créé par Carlo Rambaldi qui coûta plus d’un million et qui ne fonctionna pas vraiment, amenant la production à appeler Rick Baker au secours. Au final, le métrage coûta environ 24 millions, et s’il fut rentable avec plus de 50 millions récoltés sur le sol Américian, il n’est pas le succès espéré. Et aujourd’hui encore, King Kong version 1976 est soit oublié du public, soit moqué par ce même public. Pourquoi tant de haine ?

Le métrage nous propose 2h14 de pure aventures (ou de pure catastrophes, dans la veine des précédents films du réalisateur – La Tour Infernale), Jeff Bridges dans le rôle principal, le premier rôle de la mignonne Jessica Lange, un Kong mécanique taille réelle impressionnant… Et puis, ce King Kong n’est pas une version copiée collée de l’original, loin de là (comme c’était souvent le cas pour les remakes durant les années 70 et 80), et s’il est bien plus long, il se sert de cette durée pour nous donner un peu de tension, et un vrai sens de l’aventure. Pas comme la version de 2005, qui allonge encore la durée jusqu’aux 3h uniquement pour livrer un spectacle visuel qui m’aura lassé. King Kong 1976 suit donc les aventures d’un bateau qui se rend sur une île étrange entourée de brume afin d’y récupérer du pétrole. Outre l’équipe habituel, on y trouve Jack Prescott (Jeff Bridges), journaliste, qui s’infiltre à bord. Et en cours de route, Fred Wilson, le chef de l’expédition, récupère Dwan (Jessica Lange), seule rescapée d’un accident, actrice en herbe. Sur la fameuse île, ils découvrent des indigènes, qui vouent un culte à Kong, et vont vouloir lui donner en offrande nulle autre que Dwan. Voilà pour les prémices, et basiquement, pour la première heure du film, dans laquelle Kong n’est même pas présent à l’écran. King Kong 1976 sait prendre son temps, sans pour autant ennuyer, et ça, j’apprécie. Maintenant, on ne va pas se mentir non plus, nostalgie ou non, des défauts, il y en a un bon paquet. Même avant l’apparition de l’imposant gorille. Dwan par exemple, jouée par Jessica Lange, apparaît parfois comme une cruche (disons les choses telles qu’elles sont), et elle est souvent mise en avant par le film comme un objet de fantasme. Alors quand on lui donne la parole et qu’elle admet qu’elle a passée un casting pour jouer dans Gorge Profonde, forcément, le spectateur il tousse face à un film qui assume totalement son choix. Heureusement à ses côtés, il y a le reste du casting. Mais la liste de défauts continue une fois l’apparition de Kong.

Autant la bête sait être impressionnante, ses expressions lors des gros plans montrent tout le talent de Rick Baker, autant tous les plans ne sont pas convaincant. Certains plans larges trahissent les fonds verts pas si bien incrustés que ça, et la « romance » entre la belle et la bête ne cherche encore une fois même pas à cacher son côté un peu coquin. Sauf que bon, on parle tout de même d’un gorille géant, qui a l’air de baver devant Jessica Lange en lui soufflant dessus pour la sécher après un bain. L’affrontement entre Kong et un serpent géant ne sera pas bien convaincant non plus, faisant plus penser à un Kaiju Eiga qu’à l’épique film d’aventure typiquement Américain que le film veut être. Mais malgré ses défauts, et bien, il se dégage quelque chose du film. Peut-être le métrage est moins naïf dans son propos comparé à l’original mais un peu plus dans sa mise en image et que cet aspect me touche plus, mais King Kong reste pour moi un excellent film d’aventures. La première heure fonctionne très bien, certains plans mettant Kong en avant sont impressionnants, le final se lâche en action, certaines scènes sont très jolies, et j’adore le plan final, même si je sais qu’il en fait rire certains. Cette version prend certes plus son temps durant la première heure tout en rendant l’île moins dangereuse que dans l’original (pas de dinosaures), mais dans un sens plus réaliste, mais rend la seconde heure parfois plus violente et triste, et si la relation entre Kong et Dwan n’est pas toujours convaincante, elle essaye d’ajouter de nouvelles choses, et j’apprécie ça. Un film injustement mal aimé à mes yeux, bien que je puisse comprendre que certains défauts soient trop gênants pour certains.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un remake qui tente de nouvelles choses
♥ Un bon film d’aventure
♥ Kong parfois impressionnant
♥ Bon casting principal
♥ Quelques belles images
⊗ Quelques incrustations foireuses
⊗ Le personnage de Dwan peu subtil
⊗ L’île moins dangereuse que dans l’original
note8
Opus mal aimé de la saga Kong, cette version 1976 est pourtant tout à fait sympathique. Elle a pas mal de petits défauts, mais le métrage est une aventure rythmée et pleine de bonnes intentions, et avec quelques images impressionnantes (et d’autres beaucoup moins).



Titre : King Kong

Année : 1976
Durée :
2h14
Origine :
U.S.A.
Genre :
Aventures
Réalisation : 
John Guillermin
Scénario : 
Lorenzo Semple Jr.
Avec :
Jeff Bridges, Charles Grodin, Jessica Lange, John Randolph, Rene Auberjonois, Julius Harris et Jack O’Halloran

 King Kong (1976) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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