[Film] Kaiji: Final Game, de Satô Tôya (2020)

Après les jeux Olympiques de 2020, le Japon entre dans une période noire. C’est la crise, l’écart entre les riches et les pauvres se creusent, une bière coûte 10 000 yens ! Kaiji tente de survivre comme il peut dans ce monde, et va se retrouver un peu malgré lui à devoir participer à quatre nouveaux jeux mortels, avec comme enjeu final, l’annulation d’une loi visant à bloquer les fonds de l’ensemble de la population afin de rétablir l’économie Japonaise, quitte à sacrifier une bonne partie de sa population.


Avis de Rick :
Neuf longues années ! On aura du attendre neuf ans pour qu’une nouvelle suite de Kaiji débarque, formant ainsi une trilogie. Un écart assez étonnant quand on sait comment les adaptations live de manga au Japon, ça débarque rapidement, même quand il n’y a plus rien à raconter. Regardez Death Note, après deux films racontant grosso modo la même chose que le manga, malgré une fin différente, et bien les producteurs n’ont pas attendu neuf ans pour lancer une suite racontant une histoire originale avec L Change the World de Nakata, puis encore un peu plus tard avec Death Note Light Up the New World. Le cas Kaiji est donc un peu à part, et ne pourrait dans un sens n’être rejoint que par Kenshin, qui après une trilogie de 2012 à 2014, aura attendu 2021 pour voir deux nouveaux épisodes sortir. Ah ben ça tombe bien, puisque Kaiji et Kenshin sont mes deux adaptations préférées. Sans doute car deux mangas qu’il est plus ou moins facile d’adapter en images réelles, avec de vrais acteurs, bien loin de certains mangas demandant des effets spéciaux à outrances, ou ne pouvant tout simplement pas fonctionner en live. Satô Yôya revient d’ailleurs à la mise en scène de ce troisième film, Fukumoto Nobuyuki, le créateur de Kaiji, rejoint carrément l’équipe pour écrire le scénario de ce troisième film, une histoire originale. Fujiwara Tatsuya rempile également, et encore heureux, car personne, et je dis bien personne ne bois une bière comme lui dans les Kaiji. Même Kanno Yugo rempile à la musique, et c’est important à mes yeux, la présence du CD de l’OST du premier film Kaiji dans ma collection en est la preuve. Et en plus, attention les yeux, on nous annonce carrément un futur très proche (mais maintenant déjà passé, tristesse) qui fait froid dans le dos, et quatre nouveaux jeux tous plus dangereux les uns que les autres. Et c’est avec déception que je vous annonce que si je n’ai pas détesté ce troisième opus, qui a encore quelques beaux restes pour l’amateur (sans doute moins pour le cinéphile allergique au style manga live), il s’agît néanmoins du moins bon de la trilogie, et qu’il est tout juste passable, à la limite de se prendre un carton jaune. Ou rouge !

Pourtant, dans sa première partie, on est confiant, tant le film, sans forcément changer de manière dramatique sa formule, parvient à plaire, captiver. Fujiwara boit toujours sa bière avec autant d’entrain, l’univers dépeint est excellent, avec ce Japon qui va très mal suite aux jeux Olympiques de 2020… Ah ben ça, l’équipe n’avait pas prévu que les jeux de 2020 seraient repoussés à 2021… En espérant qu’ils se sont trompés pour le reste aussi, sinon on est vraiment dans la merde ! Le Japon va mal, les riches sont toujours plus riches, les pauvres sont encore plus pauvres, l’écart se creuse, le gouvernement est endetté, et sa seule solution pour que tout aille mieux : sacrifier ceux qu’il juge peu utile à la société afin de rembourser la dette du pays et voir un avenir meilleur, pour les générations futures, et pour ceux au pouvoir, ainsi que pour les riches, car il faut pas déconner. C’est donc forcément la classe d’en dessous, la classe moyenne, qui va devoir prendre cher et être jetée comme un mouchoir sale. Mais en participant pour se faire un peu d’argent à un jeu plus ou moins mortel (la tour de Babel), que Kaiji gagne bien évidemment, sinon, pas de film, notre héros un peu looser se retrouve à rejoindre une fine équipe qui va devoir, en 10 jours, gagner au moins 50 milliards de yens afin d’empêcher une loi de passer, loi qui va mettre une bonne partie de la population dans la merde. Oui, cette introduction, cette mise en bouche, elle est excellente, on retrouve tout ce qui fait le sel de Kaiji. Mise en scène, musique, épreuve, acteurs. Malheureusement, ce qui va suivre ne sera pas du même niveau, puisque dés lors, Kaiji se retrouve avec d’autres personnages. Et là, ce n’est pas le souci qu’ils soient peu intéressants (même si en soit, certains sont juste vides), mais le soucis que pour la plupart, ils ne servent à rien. On met Kaiji en équipe avec une jeune femme car elle est jugée chanceuse. Oui oui, ok, je vois le genre, mais en soit, à quoi sert-elle dans les grandes lignes ? Car oui, Kaiji, lorsqu’il fera un jeu extrêmement dangereux (Le Grand Saut) se servira d’elle pour augmenter ses chances de survie, mais il aurait pu finalement très bien demander à quelqu’un d’autres. Elle ne sert strictement à rien dans les grandes lignes de l’intrigue.

Ça, c’est un défaut, quand on voit à quel point dans les deux précédents les personnages entourant Kaiji avaient un minimum de consistance, et surtout une incidence, une importance dans le récit. Il suffit de comparer ça avec le personnage féminin du second film. L’autre gros point noir du métrage, c’est qu’il mise une grosse partie de sa durée sur un seul et unique jeu. Bien 1h30 dessus. Et que ce jeu, sans être totalement mauvais dans les faits, puisqu’ayant une part de hasard, de manipulation, de coups bas et autres, et bien il s’agît malgré tout d’un des jeux les plus faibles de toute la trilogie, si ce n’est le plus faible. Et c’est bien dommage pour un jeu qui va monopoliser quasiment l’intégralité du métrage. Alors encore une fois, pour l’amateur, pour ceux qui avaient aimé les deux précédents films, ce n’est pas non plus catastrophique, mais ça manque parfois d’ampleur, de moments épiques. Regardez l’épreuve du Pachinko dans Kaiji 2, qui prenait quasiment tout le métrage aussi, mais qui savait faire monter la tension, nous mettre des rebondissements, pas toujours crédibles évidemment, mais qui fonctionnaient dans l’univers du film. Là, les rebondissements sont bien peu nombreux, et la finalité du jeu même un brin facile. Le petit « rebondissement » final du jeu, je l’avais d’ailleurs vu venir, tellement il était un peu gros. Quel dommage ! Mais pourtant, encore une fois, je n’ai à titre personnel pas passé un mauvais moment devant ce Kaiji Final Game. C’est la déception qui prime, car j’aime beaucoup les deux premiers, pour ce qu’ils sont bien entendu, et voir un nouvel opus, formant ainsi une trilogie, et terminant l’univers ainsi, ça m’attriste un peu. Trop d’attentes peut-être également, ce qui ne joue pas en la faveur du film, ce Kaiji Final Game étant en plus sorti de nul part alors que personne ne s’y attendait. Peut-être qu’un jour, dans quelques années, en revoyant la trilogie, ce troisième épisode paraitra meilleur, ou encore moins bon. Il reste regardable, sympathique, mais très décevant. Et ce malgré la présence rapide de nombreux acteurs des deux premiers, qui donnent un côté bien nostalgique au métrage (et j’avoue, ce fan service a fonctionné sur moi).

LES PLUS LES MOINS
♥ Quatre épreuves dans un seul film
♥ La première demi-heure, vraiment bonne
♥ Fujiwara Tatsuya, son surjeu, ses bières
♥ Revoir une partie du casting des précédents
⊗ L’équipe autour de Kaiji, souvent inutile
⊗ Beaucoup de personnages vides
⊗ L’épreuve clé, une des moins bonne de la trilogie
note75
Kaiji Final Game est une déception, surtout qu’il clôt la trilogie, et arrive 9 ans après le second film. Alors, ça reste plaisant, ça se regarde bien, certaines épreuves sont bien, Fujiwara Tatsuya toujours inégalable en Kaiji, mais l’épreuve principale déçoit, tout comme pas mal de nouveaux personnages.



Titre : Kaiji: Final Game – Kaiji Fainaru Gēmu – カイジ ファイナルゲーム

Année : 2020
Durée :
2h07
Origine :
Japon
Genre :
Aventures
Réalisation : 
Satô Tôya
Scénario : 
Fukumoto Nobuyuki
Avec :
Fujiwara Tatsuya, Sekimizu Nagisa, Mackenyu, Fukushi Sota, Yoshida Kôtarô, Matsuo Suzuki, Amami Yûki, Namase Katsuhisa et Yamazaki Ikusaburo

 Kaiji: Fainaru gêmu (2020) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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