[Film] Goddess of Mercy, de Ann Hui et Dao Ming (2003)


Lassé des femmes artificielles, Yang Rui se met en tête de faire la cour à la belle et naturelle He Yanhong. Mais sa fragilité apparente masque un fort caractère et une sombre histoire dont il ne soupçonne aucunement l’existence. Après un séjour en prison dont il en sort grâce à l’aide d’un avocat engagé par Pan, le chef d’une division policière spécialisée dans la lutte contre le trafic de drogue et formateur de He, il ne retrouve d’elle qu’une lettre. Elle se confesse, y parle de la mort de son mari journaliste, de l’histoire de son fils Xiong et de son idylle avec le narcotrafiquant Mao Ji.


Avis de Kamï :
Deux ans après le très bon July Rhapsody, Ann Hui On-Wah retrouve le scénariste Ivy Ho pour une adaptation d’un roman chinois populaire. Cette œuvre est un petit événement pour d’abondantes raisons. Nicolas Tse revient au cinéma après une brève retraite anticipée et du fait du duo, Tse et Zhao, Ann Hui peut confirmer qu’elle a bel et bien retrouvé son inspiration depuis July Rhapsody tout en profitant d’un engouement médiatique.

Le film débute sous l’impulsion d’un Rang Rui en quête d’une femme pure, lassé par toutes ces beautés artificielles de demoiselles cherchant à ressembler déraisonnablement aux actrices populaires coréennes. Cette femme naturelle tant désirée se nomme He Yanhong mais elle est loin d’être l’innocente égérie qu’il croit cerner. Elle sait se défendre et dissimule une double vie qu’elle n’arrive pas à oublier ; un passé au sein d’une division policière de province, un fils qu’elle élève seule, un mari décédé après avoir tenté de sauver la vie de son garçon et de son épouse, une idylle avec un narcotrafiquant… S’en suit un long flash-back, He devient l’héroïne et la scène se déroule à Nande dans la province de Yunnan. On y apprend que son véritable prénom est An Xin (signifiant « paix ») et qu’elle est fiancée au journaliste Tiejun (« soldat d’acier »). Dans cette province, l’ethnie Dai y est importante et organise lors du sixième mois de leur calendrier une fête appelée le festival du « Bain de Bouddha ». Durant cette cérémonie, prennent place des courses de bateau-dragon, des danses du Paon effectuées par les demoiselles ainsi que des feux d’artifice. Tout du long, on s’arrose mutuellement comme pour se souhaiter fortune pour l’année à venir. C’est dans ce contexte qu’An Xin fait la rencontre du secret Mao Ji. Elle lui dissimule sa profession et ses relations avec Tiejun. Mais rapidement son idylle avec ce jeune amant prendra une tournure déconcertante. Peu de temps après leur séparation et lors d’une enquête sur un deal d’héroïne pure dans la région, elle se retrouve face à Mao. Elle, inspectrice, lui, trafiquant.

Le titre de ce nouveau métrage d’Ann Hui trouve sa source dans une scène durant laquelle Tiejun offre un pendentif en jade symbolisant Kwanyin, la déesse de la miséricorde, à sa promise. « She can protect you. […] I think Kwanyin’s face looks a bit like you. » Maîtrisant l’équilibre entre film d’auteur et film policier comme -le plus dynamique- Full Alert de Ringo Lam, la réalisatrice parvient à bien souligner l’impuissance d’An Xin qui va perdre son emprise sur son destin, conséquence de sa brève mais intense relation avec Mao Ji. S’interdisant les artifices, Goddess Of Mercy laisse place à des prestations éloquentes d’acteurs comme celles de Jianbin Chen (Leaving Me, Loving You) et de Vicky Zhao (Chinese Odyssey 2002). A regret, Ann Hui n’a pas approfondi l’aspect spirituel que le contexte (l’année nouvelle de l’ethnie Dai) et le titre promettaient. Mais cela n’enlève en rien la qualité concrète de cette œuvre qui sans pouvoir supporter la comparaison avec Le Chant De L’Exil ou Boat People apparaît comme inspirée au même titre que son précédent métrage. Outre leur qualité respective, July Rhapsodie et Goddess Of Mercy ont comme point en commun, le traitement des relations amoureuses. Dans le premier, Ann Hui et Ivy Ho évoquent les troubles au sein du couple formé par Lam Yiu-Kowk (Jacky Cheung) et Man-Ching (Anita Mui) quand le professeur s’éprend d’une de ses élèves tandis que son épouse est perturbée par le retour de Sheng, son ancien maître. Dans le second, ils centrent leur récit autour des différentes relations sentimentales entretenues par An Xin avec son époux Tiejun, son amant Mao et son soupirant Yang.

LES PLUS LES MOINS
♥ Bien maitrisé
♥ Très bon jeu d’acteur
♥ Les relations amoureuses bien traitées
⊗ Pas assez approfondi
Sans être l’œuvre de référence de la réalisatrice sino-japonaise, Goddess Of Mercy est agréable et subtile à souhait comme le cinéma hongkongais nous offre que trop peu ces derniers temps.



Titre : Goddess of Mercy / Jade Goddess of Mercy / 玉觀音
Année : 2003
Durée : 1h50
Origine : Hong Kong
Genre : Drame / Policier
Réalisateur : Ann Hui, Dao Ming
Scénario : Ivy Ho

Acteurs : Nicholas Tse, Vicki Zhao, Liu Yun-Long, Sun Hai-Ying, Chen Jian-Bin, Niu Li, Hong Jian-Tao, So Ka-Tung, Tung Yeung-Yeung, Lau Kwong-Hau

 Yu guanyin (2003) on IMDb


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Auteur : Kami

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