[Film] Clownado, de Todd Sheets (2019)

Savanna décide de quitter son mari, propriétaire de cirque, pour s’enfuir avec un autre homme. Surprise dans son projet par son mari, la jeune femme se voit offerte en guise de représailles à un groupe de clowns sadiques qui lui font subir les pires outrages. Savanna décide d’utiliser alors la sorcellerie pour se venger de ceux qui l’ont torturée mais le sort jeté se retourne en réalité contre elle puisqu’il va s’avérer qu’elle va donner au contraire un pouvoir surnaturel au groupe de clowns au lieu de les anéantir. Les clowns sanguinaires ont désormais la faculté de se déplacer dans l’espace en voyageant à travers des tornades. Une paisible petite ville va alors voir son destin vaciller quand ses conditions climatiques vont se dégrader et qu’une tornade d’une violence inouïe s’approche plongeant les habitants dans une longue nuit de terreur.


Avis de John Roch :
Surnommé « le maitre du splatter » et « le prince du gore » par ses fans, Todd Sheets est une petite figure du cinéma fauché et underground. Grand passionné de cinéma, tournant des films allant de l’amateur au semi-pro dans sa ville natale de Kansas City depuis maintenant presque 40 ans, Todd Sheets s’est fait connaître des amateurs de peloches sans le sou avec sa trilogie aussi ultra gore qu’ultra fauchée Zombie Bloodbath, dont la vision du premier opus devient rapidement une épreuve. Mais avec Clownado, c’est à un véritable buzz auquel a eu droit le réalisateur, tout comme Sharknado avant lui, et une pelleté de film dont la première étape de conception est de trouver le titre le plus improbable et fou, pour ne pas dire con, possible afin d’attirer les amateurs de zederies, de nanars, et les spectateurs en quête de concepts débiles sur pellicule. Si l’on en croit Todd Sheets dans ses interviews, ce n’est pas le titre qui est venu en premier, mais une volonté de rendre hommage au film noir dont il est féru. Comment il est passé d’un hommage au genre susmentionné à cette idée de remplacer des requins par des clowns maléfiques dans une tornade, il ne l’explique pas en revanche, mais force est de constater qu’avec son introduction, Clownado reprend bel et bien des éléments du film noir avec cette femme malheureuse qui projette avec son amant d’assassiner son mari et de partir avec le contenu du coffre-fort de ce dernier. Le crime, l’infidélité, la trahison et la jalousie, tout y est, mais visuellement ça ressemble plus à un porno de luxe qu’a du Billy Wilder ou du Fritz Lang. Ce qui n’est pas si mal, c’est toujours mieux que de ressembler à une croûte filmée au caméscope, mais j’y reviendrai.

En attendant revenons à cette introduction où le mari, clown propriétaire d’un cirque chelou, était au courant du pot aux roses et assassine l’amant. Sa femme elle, qui serait facilement accusée du meurtre, est forcée à participer aux spectacles qui tiennent plus de la torture que du show habituel que l’on peut voir dans un cirque. Condamnée, tout comme le spectateur a subir ce premier quart d’heure trop long pour être vrai, Savanna, de son prénom, fait appel à la diseuse de bonne aventure de la troupe pour se débarrasser de son mari, Big Ronnie le clown de son nom de scène. Cette dernière fait appel aux forces obscures et déchaîne les enfers sous la forme d’une tornade qui va aspirer Big Ronnie et ses clowns de collègues. Le hic, c’est que les forces du mal digèrent mal cette troupe de clowns tellement maléfiques que même le prince des ténèbres n’en veut pas. Ils reviennent donc foutre le bordel en ville avec comme moyen de locomotion la tornade qui était censée mettre fin à leurs jours. Savanna va se faire très vite étriper, mais ressuscite pour une raison que j’ignore (rassurez-vous, le réalisateur également) et c’est à un redneck au grand cœur, une strip-teaseuse bad ass, un Elvis black, une ado en fugue qui se fait stalker par un supposé prédateur sexuel, et à un couple de chasseurs de tornades de stopper le massacre. Des personnages qui parviennent à devenir attachants, car il y a un véritable effort fait dans l’écriture. Chacun à sa petite personnalité et sa petite histoire, et bien que certaines scènes soient trop longues, notamment l’introduction en mode film noir que Sheets affectionne tant au point d’étirer ce qui aurait pu être raconté en cinq minutes alors que ça en prend le triple, et que les acteurs soient des amateurs complets mais plein de bonne volonté (le générique de fin en témoigne), Clownado évite un piège dans lequel beaucoup de métrages de ce calibre tombent : l’ennui entre deux scènes horrifiques. On notera tout de même au casting la présence de Eileen Dietz (les apparitions de Pazuzu dans l’Exorciste, c’était elle) et de Linnea Quigley dans une courte apparition qui va direct mettre un terme aux fantasmes que vous auriez pu avoir dans les années 80, n’est pas Barbara Crampton qui veut.

L’autre chose soignée dans Clownado est d’aspect technique. Pour un ultra Z tourné avec peau de zob, le film se révèle plaisant à l’œil, les scènes nocturnes sont toujours lisibles, c’est éclairé correctement, et la tornade des clowns est bien plus crédible (dans une moindre mesure, c’est pas du weta digital non plus) que dans un Sharknado par exemple. On n’évite cependant pas un rendu amateur à l’image inhérent à ce genre de production, et il faut reconnaître que Todd Sheets fait la plupart du temps n’importe quoi avec sa caméra, en particulier dans des plans cadrés n’importe comment, et dans ses scènes gores où le réalisateur abuse du zoom pour ne pas perdre une miette des méfaits des clowns. Seulement, il zoome de près, de très près, de trop près. Ce n’est plus du zoom, c’est de la macrophotographie et le gore en perd en impact. Car oui, dans Clownado ça charcle, et pas qu’un peu. Ça met un petit temps à démarrer, mais dès que la tornade se pointe et lâche les clowns en ville, ça ne s’arrête plus avec un bodycount super généreux. Big Ronnie et sa troupe arrachent, écrasent, déchirent, extirpent tout ce qui leur passe sous la main dans des gerbes de sang et de boyaux aux SFX plutôt corrects. Il y a quelques idées également, comme de faire sortir du ventre d’une clown (qui bouffe les gens avec ses boobs, oui oui) morte un nain clownesque, mais certains éléments assez foireux comme de pouvoir se débarrasser d’un clown démoniaque d’une simple bastos dans le bide. Beaucoup de choses au programme donc, et malgré mon premier contact douloureux avec Todd Sheets (Zombie Bloodbath donc), une affiche trompeuse, et ce titre à la con qui pousse à la découverte, au final ce n’est pas si mauvais que ça. Ni nanar, ni navet, Clownado est une petite série Z de chez Z qui remplit son contrat, on n’en demandait pas plus. Attention toutefois, on reste dans une série ultra Z et malgré ses qualités pour une production de ce calibre, il ne faut pas être allergique aux films semi-pro tendance amateur, vous êtes prévenus.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un film bien gore comme il faut
♥ Des boobs
♥ Techniquement ça fait illusion
♥ Des acteurs mauvais mais impliqués
♥ le générique de fin qui montre toute la bonne volonté de l’équipe à faire de leur mieux
♥ Une comédie horrifique aux personnages et dialogues tordants
♥ Des clowns dans une tornade, what else ?
⊗ C’est filmé n’importe comment
⊗ La prochaine fois Todd, pense à dézoomer un peu…beaucoup même
⊗ Ça met un peu de temps à vraiment démarrer
⊗ Comme d’habitude : non amateur de films ultra Z, passez votre chemin.

Au final, Clownado est un petite surprise. Ni nanar, ni navet, ce film est avant tout une série super Z tournée par un réalisateur qui n’a peut être pas de pognon, mais assez de passion et une équipe pleine de bonne volonté pour livrer une œuvre tout ce qu’il y a de recommandable … si toutefois vous êtes attiré par ce genre de métrages super gores mais super fauchés.



Titre : Clownado
Année : 2019
Durée : 1h40
Origine : Kansas City, U.S.A
Genre : We’re not in Kansas anymore
Réalisateur : Todd Sheets
Scénario : Todd Sheets

Acteurs : John O’Hara, Rachel Lagen, Eileen Dietz, Dilynn Fawn Harvey, Linnea Quigley, Bobby Westrick, joel D. Wynkoop, Douglas Epps, Antwoine Steele

 Clownado (2019) on IMDb


 

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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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